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Publié par BALCHOY

Il y a quelque temps, je me suis rendu à la maison du peuple de Cheratte près de Liège pour assister à un spectacle sur la catastrophe du Bois de Casier à Marcinelles. A mon arrivée dans une petite salle qui m'a rappelé les cinémas d'antan à moitié pleine, j'étais à peine assis qu'un monsieur est venu gentiment me saluer et j'ai tout de suite reconnu notre célèbre ministre Daerden accompagné d'Anne Marie Lizin et aussi je l'ai remarqué plus tard Mr Dehousse. Tout ce beau monde pour accompagner une très jeune troupe de théâtre, pas mal ! Bien entendu, à la veille des élections et de surcroît en une maison du peuple nous avons eu droit à un speech électoral pas trop long heureusement. Place ensuite aux jeunes garçons et filles habillés pour la plupart de noir et qui nous font revivre la tragédie minière de 1956. Emouvantes ce jeunes filles qui au début de la pièce revêtent une tenue symbolique de mineur, casque allumé parfois inclus pour constituer avec une allure parfois de chœur antique mixte qui "a de la gueule" ! La pièce s'articule selon moi en quatre parties inégales qui nous font revivre dans ses prémices et ses conclusions le drame du Bois du Casier. On assiste d'abord à une réunion du comité d'hygiène et de sécurité sans autorité face aux patrons et où manquent beaucoup de représentants des mineurs; peu à peu les mineurs prennent conscience de son importance et s'y engagent. La scène suivante nous met en présence de l'infirmerie où manifestement le seul souci des médecins et des infirmières est de minimiser bobos, blessures et maladies pour renvoyer à tout prix les éclopés considérés comme des carottiers au travail. L'accident est ensuite très bien simulé depuis la descente en cabines jusqu'aux circonstances du drame au fond de la mine et en surface. La fameuse phrase des sauveteurs de retour des profondeurs reste terrible : "Tutti cadaveri". Les morts sont ensuite énumérés par nationalités nombreuses dont environ 90 belges et près de 130 italiens. La dernière partie de la pièce, la plus longue est consacrée au procès en 59 où malgré des preuves évidentes de fautes, omissions, atermoiements funestes (citons la présence dans la même gaine de l'électricité et l'huile, la présence non signalée d'un seul relais électrique au lieu des deux exigés qui favorisa l'arc électrique à la source de l'incendie, la non mention d'incidents de chariots similaires à celui qui provoqua la catastrophes, le retard des secours alors que les chances de retrouver des mineurs vivants se comptaient en petites minutes etc. etc.) Malgré cela, le tribunal que je n'hésite pas à qualifier de "classe", à part l'erreur supposée d'un ouvrier ne condamne qu'un ingénieur à trois mois de prison avec sursis et les indemnités accordées aux familles des victimes sont minimalistes. Un jugement qui est un acte de forfaiture ! J'ai aimé que soit relatée dans la pièce la solidarité entre mineurs chrétiens et socialistes dans ce combat de justice et de dignité. Bref, une belle pièce, un rappel très utile de la conditions ouvrière il y a 50 en un temps où de nouveaux "négriers" hélas pas toujours de droite cherchent à se débarrasser des protections sociales conquises souvent avec leur sang par la classe des travailleurs. Merci jeunes acteurs de nous avoir transmis si bien votre indignation et votre enthousiasme.

 

 

Yvan Balchoy

yvanbalchoy13@gmail.com

http://poete-action.ultim-blog.com

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