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Publié par BALCHOY

Quelques semaines ont passé. Au boulot, Ghislain a bien progressé dans son étude  concernant cette plante sud-américaine et, à son grand étonnement son chef divisionnaire l’a convoqué pour le féliciter et lui annoncer une promotion ainsi qu’une augmentation substantielle.

Sitôt sorti de son bureau, Ghislain se rua vers la cabine téléphonique pour avertir Marthe de la bonne nouvelle.

Comme il détaillait tout ce qu’ils allaient pouvoir réaliser à deux avec son nouveau salaire, très adroitement son amie artiste dévia la conversation en lui rappelant à demi-mots qu’il avait une famille et des enfants qui seraient heureux de profiter eux-aussi  de cette manne providentielle.

Ghislain n’apprécia guère cette sorte de rappel à l’ordre, y voyant, sans doute à tort, un attiédissement de son attachement.

Il était en effet persuadé depuis longtemps que très amoureuses, beaucoup de femmes  et sans doute pas mal d’hommes aussi  mettent facilement de côté au moins provisoirement certains principes moraux, que ne font plus grand poids face à leur passion naissante pour les retrouver parfois plus tard lorsque la passion cède tout doucement le pas à l’habitude pou tout simplement quand l'attrait de l'autre a fortement baissé.

Mais il comprit vite que tel n’était pas le cas cette fois car, après lui avoir reproché de ne pas avoir averti sa femme de la bonne nouvelle, Marthe lui demanda s’il pouvait la rejoindre le lendemain à Liège car elle avait fort envie d’un « gros câlin ».

Tout ému, après lui avoir promis de mettre au courant Ria, dès la fin de leur appel, Ghislain lui promis de la rejoindre le jour suivant en quittant son travail dès que possible en lui suggérant, sans s’engager cependant de façon absolue qu'il pourrait peut-être loger à Liège tout près d’elle. Manifestement la Marthe qu’il quitta quelques instants plus tard apprécia cet perspective en l’embrassant d’une façon très sonore.

Il tint parole et rappela sitôt après sa femme, content certes de lui communiquer cette bonne nouvelle mais mal à l’aise de penser davantage à ce que cette augmentation lui apporterait à lui et à Marthe plutôt qu’à sa famille qui pourtant devait aussi en profiter.

 

A sa grande surprise, Marthe accueillit cette promotion davantage en  s’associant à la joie de Ghislain comme si cette nouvelle ne la concernait pas vraiment.

     « Magnifique Ghislain, bien plus que l’argent, cette augmentation prouva que l’Institut apprécie la qualité de ton travail. J’en suis ravi pour toi. »

Pas un mot pour évoquer l’avantage que cette promotion allait apporter à leur vie de famille, comme si, pour elle,  elle concernait davantage le chercheur de l’Institut agronomique de Gembloux que son mari et les siens.

Un peu rassuré par cet encouragement, Ghislain crut le moment propice pour lui annoncer qu’une réunion professionnelle  importante aurait lieu le lendemain soir à Liège  et qu’il profiterait peut-être de cette occasion pour travailler le surlendemain matin à la bibliothèque universitaire.

Si cette dernière éventualité était réaliste, Ghislain, en inventant cette réunion imaginaire, ne se sentit pas spécialement coupable, comme si sa relation avec Marthe était devenue déjà prioritaire en lui.

La réponse de Marthe, qui lui démontra qu’elle n’était pas dupe de son mensonge, le sidéra :

     « Tu feras comme tu voudras, Ghislain, je ne veux pas me mettre en travers de tes projets ni de ton avenir professionnel. Ne crois-tu pas que nous avons à nous parler franchement. Faisons-le, ce soir !"

 

     « D’ac..., d’accord, Ria, bredouilla Ghislain, pris au piège de son propre mensonge, je rentrerai ce soir bien à l’heure, et tu me préciseras ce que tu as à me dire.. A tantôt, bisous ».

 

 

Yvan Balchoy

yvanbalchoy13@gmail.com

 

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