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Publié par BALCHOY

LETTRE A JEAN FERRAT A LIRE ABSOLUMENT (PHILIPPE TORRETON)- REEDITION

De : <Xarlo@aol.com>
Date : 25 avril 2012 10:02
Objet : Trans: Lettre à Jean Ferrat... il faut absolument la lire
À : xarlo@aol.com


Une lettre à Jean Ferrat pour la présidentielle
L'appel de Philippe  Torreton

Le comédien s'adresse à la mémoire de Jean Ferrat. Depuis dimanche, le
texte circule activement sur internet.
En réalité, l'acteur a publié cette  lettre sur son blog en février, mais
depuis l'annonce des résultats du 1er tour  de la présidentielle, elle semble
rencontrer un écho  particulier.

"Jean,

J'aimerais te laisser tranquille, au repos  dans cette terre choisie.
J'aurais aimé que ta voix chaude ne serve maintenant  qu'à faire éclore les
jeunes pousses plus tôt au printemps, la preuve, j'étais à  Entraigues il n'y a
pas si longtemps et je n'ai pas souhaité faire le  pèlerinage. Le repos c'est
sacré !

Pardon te t'emmerder, mais l'heure est  grave, Jean. Je ne sais pas si là
où tu es tu ne reçois que le Figaro comme dans  les hôtels qui ne connaissent
pas le débat d'idées , je ne sais pas si tu vois  tout, de là-haut, ou si
tu n'as que les titres d'une presse vendue aux  argentiers proches du pouvoir
pour te tenir au parfum, mais l'heure est  grave!

Jean, écoute-moi, écoute-nous, écoute cette France que tu as si  bien chantée, écoute-la craquer, écoute-la gémir, cette France qui travaille dur  et rentre crevée le soir, celle qui paye et répare sans cesse les erreurs des puissants par son sang et ses petites économies, celle qui meurt au travail, qui  s'abîme les poumons, celle qui se blesse, qui subit les méthodes de management,  celle qui s'immole devant ses collègues de bureau, celle qui se
shoote aux  psychotropes, celle à qui on demande sans cesse de faire des efforts alors que  ses nerfs sont déjà élimés comme une maigre ficelle, celle qui se fait virer à  coups de charters, celle que l'on traque comme d'autres en d'autres temps que tu  as chantés, celle qu'on fait circuler à coups de circulaires, celle de ces  étudiants affamés ou prostitués, celle de ceux-là qui savent déjà que le  meilleur n'est pas pour eux, celle à qui on demande
plusieurs fois par jour ses  papiers, celle de ces vieux pauvres alors que leurs corps témoignent encore du  labeur, celles de ces réfugiés dans leurs propre pays qui vivent dehors et à qui  l'on demande par grand froid de ne pas
sortir de chez eux, de cette France qui a  mal aux dents, qui se réinvente le scorbut et la rougeole, cette France de  bigleux trop pauvres pour changer de lunettes, cette France qui pleure quand le  ticket de métro augmente, celle qui par manque de superflu arrête  l'essentiel...

Jean, rechante quelque chose je t'en prie, toi, qui en  voulais à
D'Ormesson de déclarer, déjà dans le Figaro, qu'un air de liberté  flottait sur Saigon, entends-tu dans cette campagne mugir ce sinistre Guéant qui  ose déclarer que toutes les civilisations ne se valent pas? Qui pourrait le  chanter maintenant ? Pas le rock français qui s'est vendu à la Première dame de
France

Ecris nous quelque chose à la gloire de Serge Letchimy qui a osé dire devant le peuple français à quelle famille de pensée appartenait Guéant et tous ceux qui le soutiennent !

Jean, l'huma ne se vend plus aux bouches des  métro, c'est Bolloré qui a remporté le marché avec ses gratuits. Maintenant,  pour avoir l'info juste, on fait comme les poilus de 14/18 qui ne croyaient plus  la propagande, il faut remonter aux sources soi-même, il nous faut fouiller dans  les blogs... Tu l'aurais chanté même chez Drucker cette presse insipide, ces  journalistes fantoches qui se font mandater par l'Élysée pour avoir l'honneur de  poser
des questions préparées au Président, tu leurs aurais trouvé des rimes sévères et grivoises avec vendu...

Jean, l'argent est sale, toujours, tu  le sais, il est taché entre autres
du sang de ces ingénieurs français. La  justice avance péniblement grâce au courage de quelques-uns, et l'on ose donner  des leçons de civilisation au monde...

Jean, l'Allemagne n'est plus qu'à  un euro de l'heure du STO, et le chômeur est visé, insulté, soupçonné. La  Hongrie retourne en arrière ses voiles noires gonflées par l'haleine fétide des  renvois populistes de cette droite "décomplexée".

Jean, les montagnes  saignent, son or blanc dégouline en torrents de boue, l'homme meurt de sa fiente  carbonée et irradiée, le poulet n'est plus aux hormones, mais aux antibiotiques  et nourri au maïs transgénique. Et les écologistes n’en finissent tellement pas  de ne pas savoir faire de la politique. Le paysan est mort et ce n’est pas les  numéros de cirque du Salon de l’ Agriculture qui vont nous prouver le  contraire.

Les cowboys aussi faisaient tourner les derniers indiens dans  les cirques.
Le paysan est un employé de maison chargé de refaire les jardins de l'industrie agroalimentaire. On lui dit de couper il coupe, on lui dit de tuer
son cheptel il le tue, on lui dit de s'endetter il s'endette, on lui dit de pulvériser il pulvérise, on lui dit de voter à droite il vote à droite...
Finies  les jacqueries!

Jean, la Commune n'en finit pas de se faire massacrer  chaque jour qui passe. Quand chanterons-nous "le Temps des Cerises" ? Elle  voulait le peuple instruit, ici et maintenant on le veut soumis, corvéable,  vilipendé quand il perd son emploi, bafoué quand il veut prendre sa retraite,  carencé quand il tombe malade... Ici on massacre l'Ecole laïque, on lui préfère  le curé, on
cherche l'excellence comme on chercherait des pépites de hasards, on traque la délinquance dès la petite enfance, mais on se moque du savoir et de la culture partagés...

Jean, je te quitte, pardon de t'avoir dérangé, mais  mon pays se perd et comme toi j'aime cette France, je l'aime ruisselante de rage  et de fatigue, j'aime sa voix rauque de trop de luttes, je l'aime  intransigeante, exigeante, je l'aime quand elle prend la rue ou les armes, quand  elle se rend compte de son exploitation, quand elle sent la vérité comme on sent  la sueur, quand elle passe les Pyrénées pour soutenir son frère ibérique, quand  elle
donne d'elle même pour le plus pauvre qu'elle, quand elle s'appelle en 54  par temps d'hiver, ou en 40 à l'approche de l'été. Je l'aime quand elle devient universelle, quand elle bouge avant tout le monde sans savoir si les autres  suivront, quand elle ne se compare qu'à elle même et puise sa morale et ses  valeurs dans le sacrifice de ses morts...

Jean, je voudrais tellement  t'annoncer de bonnes nouvelles au mois de mai...

Je t'embrasse.
Philippe Torreton

 

 

 

Yvanbalchoy13@gmail.com

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