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Publié par BALCHOY

 







 


Daniel Mignolet fut un  merveilleux chanteur-poète-interprète dans les années 70. J'ai eu la chance, le privilège de bien le connaître et plus d'une fois il est venu m'aider dans mon métier d'alors : éducateur.
Daniel Mignolet, né en 1945 dans un camp de concentration portait en peu en lui le tragique de sa naissance.
Il a chanté merveilleusement notre pays. Comme Brel il m'a paru plus sensible aux splendeurs de la Flandre sans pour autant passer à côté par exemple des beautés Mosanes. 
Si sa poesie chante souvent l'amour, il conscient de ses limites comme cette mer du nord "qui vous remballe ses vagues comme une fille". 
Ses chansons ne sont pas  "romantiques"; on y trouve bien plus des mots vertige, mélancolie...  qu'amour et volupté. 
Mais chez lui, la tendresse est reine mais si elle n'est pas facile à vivre.
 Je crois enfin qu'entre l'homme et sa poésie, entre le chanteur et le sol où il vit, une grande complicité  souvent mélancolique se noue sans cesse.
Dans sa chanson " à 15 ans", Daniel nous avoue son désir de ne pas ressembler aux adultes "ternes" qu'il côtoyait.

Aujourd'hui, est-ce lui qui a quitté la chanson ou la chanson qui l'a quitté. Ce qui est sûr, c'est que Daniel, dans sa sincérité ontologique, était mal armé pour composer avec le Show-business. Dommage pour lui ? dommage sûrement  pour la poésie, dommage pour la chanson française en Belgique.



La mer du nord hante Daniel mais elle n'est pas qu'une mer. Bien au contraire !



 

La mer du Nord
Ce n’est pas une mer
C’est comme un grand livre
Qui se tourne les pages
de bateaux de soleil
qui viennent s’y amarrer ...

La mer du nord,

ça ressemble à l’amour
ça s’en va, ça s’en vient
Et un jour
ça vous remballe ses vagues
Comme une fille
Pour vivre sa vie...

La mer du nord,
c’est ton cœur, mon amie



Cette chanson, je l'ai très souvent entendue à la radio. Elle parle de Nieuport, donc à nouveau de notre littéral à moins qu'il s'agisse plutôt d'une amie que le poète identifie  de la mer du nord.


Je n’avais pas choisi l’escale,

J’étais un marin de haut vent
Un matelot de chante voile
Avec aux lèvres un océan...
Toi, tu n’étais qu’une fille blonde
Et vers le quai du petit jour
Tu n’entrainas en eau profonde...
Nieuport nous avait jeté l’ancre
Il y pleuvait depuis toujours

 

Daniel Mignolet, s'il est francophone bilingue éprouve une tendresse toute particulière pour la Flandre. Il n'en n'est que plus déçu par certaines prétentions flamingantes d'évincer le plus complètement possible l'usage du français en Flandre. D'où cette chanson qui reste étonnement actuelle.



T’en souviens tu, François de Flandre
Où le temps noie-il ta mémoire
Bruges a repris sa couleur d’encre
quand les rues chuchotent le soir...
C’est qu’il est révolu le temps
Où ce n’était pas un crime
De parler français chez les flamands


 

Mais à la fin de la chanson, Daniel se dévoile vraiment en modifiant son texte


A Bruxelles,
quand le vent du Nord
s'éparpille par dessus les toits,
j'entends chanter la Mer du Nord
qu'on voyait du haut du Beffroi
T'en souviens-tu, françois de Flandre,
C'est qu'il est révolu ce temps
où ce n'était pas un crime
  d'entendre parler français

un cœur flamand





Une  autre chanson sur la laideur comme exclusion d'abord  et surtout méconnaissance des richesses que peut porter en elle celle dont la nature, dit-on, est ingrate.
 




La châtelaine sans visage
Ainsi la nommait-on souvent
Parce que les colère d’un orage
L’avaient brûlée étant enfant.
Dans le château des solitudes
Les journées se cousaient aux soirs
Elle prit simplement l’habitude
De ne plus regarder les miroirs


personne ne sut que de ses mains,
elle pouvait faire deux ruisseaux
et de ses lèvres
un grand jardin

y cueillir tant de jolis mots
y cueillir tant de jolis mots

 

Cette solitude est à ce point centrale en son oeuvre et surtout en sa personne qu'il y consacre un de ses plus émouvants poèmes où il lui donne  finalement la parole :


Je la revois encore,
était là...
sur un de ces vieux bancs
où trenaillent les rêves.
En garçon mal élevé
je m'étais approché, elle avait, elle avait,
je ne sais plus ce qu'elle chantait
c'était trop doux
trop violent, parfois trop fort,
parfois trop lent
alors j'ai voulu qu'elle se taise,
j'ai mis mes doigts contre ses dents
et sans même que bougent ses lèvres
les mots chantaient plus fort qu'avant ...

Alors ne pouvant plus l'entendre,
je lui ai tout donné,
mes quinze ans bêtes devant les filles,
deux ou trois rêves inemployés,
un vieux canif, ma dernière bille
et puis mon coeur pour l'aimer......



Tu vois,
je suis fille du vent, du bruit et du silence,
je suis la solitude
et tu m'aimes déjà.


 

J'aime  aussi tout particulièrement cette chanson "à quinze ans" où Daniel a exprimé pourquoi il se sentait tellement différent de beaucoup de ses compagnons de route.





A 15 ans

Ils rêvaient déjà de n’être plus là
A s’aiguiser les dents
A 15 ans ils avaient sous leur pas
Des idées, un drapeau
qu’ils planteraient très haut
A 15 ans ils voulait vivre libres
Et refusaient de suivre
 le chemin des parents
Et moi ils me trouvaient bizarre

 D’avoir une guitare

 et mon amour dedans

Un peu plus loin il parle des adultes



"Cherchant le bonheur dans des bouts de papier"

et quand vient la vieillesse,  la différence qu'il ressent vis à vis de ses semblables change de sens :

60 ans, c’est vite arrivé

ils habillent leurs jours de souvenirs tremblants,
Hier ils ont oublié que c’était le printemps
 Et moi je les trouvais bizarre
 d’envier ma guitare
 car moi j’ai gardé ma guitare
Et mes 15 ans dedans







balchoyyvan13@hotmail.com
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