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Publié par BALCHOY



CHAPITRE II  LA LIBERTE


Un examen attentif du terme "SVOBODA" (liberté) chez Dostoïevski révèle deux orientations distinctes. Voyons-les d'abord à part avant de tenter  si possible de les unifier.

1)  La liberté-choix ou la libre volonté

Assez fréquemment le mot "SVOBODA" équivaut à cette "svobodnaïa volia" dont nous avons déjà parlé (2)  L'accent est mis ici sur le choix ou plus précisément sur la possibilité réelle qu'a un sujet d'agir ou de ne pas agir, de dire "oui" ou "non" à une réalité à laquelle il est confronté.

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(2) libre-volonté : c'est le correspondant russe le plus proche de notre "libre arbitre" dans son usage courant.
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Ainsi dans "La Légende du Grand Inquisiteur", lorsque le Christ se voit critiqué par le vieux cardinal de Séville pour avoir axé sa religion sur la "SVOBODA" (3). L'Inquisiteur entend par là cette "svoboda sovesti"  qui recouvre à peu près le contenu de notre "liberté de conscience."

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(3) Pour l'interprétation de la Légende, cf. cette étude page, ... ; cf. également le commentaire de la tentation du Christ, page ...
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Le vieillard s'efforce de prouver à Jésus tout le mal qu'a fait à l'humanité la possibilité d'agir contre ses intérêts. Une expression très caractéristique, mise par Dosoïevski sur les lèvres de l'Inquisiteur, illustre bien l'importance du libre choix dans ce contexte.

Il oppose en effet la "VERA CHOUDESNAÏA" (foi inspirée par le miracle ou le merveilleux) à la foi libre "SVOBODNAÏA".

Satan et les juifs incrédules, groupés autour de la Croix, se sont fait les défenseurs de la première, tandis que Jésus,  affamé au désert, restait inflexiblement attaché à la seconde.
En cédant aux conseils de l'Esprit du mal et de ses disciples, le Christ aurait en effet acculé l'homme à le reconnaître pour Messie et Fils de Dieu en lui mettant sous les yeux une certitude contraignante au plan terrestre. Mais il aurait du même coup fait de ses fidèles de pauvres esclaves en les privant de cette liberté qu'il avait pour mission de leur faire connaître. (4)

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(4) Cf. "Les Frères Karamazov", éd. russe, tome I, page 334. On peut adjoindre à la "SVOBODNAÏA VOLIA" des expressions telles que 'GRAJDANSKAÏA" (liberté citoyenne) et "POLITICHESKAÏA" (liberté politique) svoboda, chères toutes deux au bourgeois occidental. 'Notes d'hiver sur des impressions d'été, page 141, ainsi que cette "POLNAÏA VOLIA" (liberté plénière) que revendique l'Adolescent, page 211
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Dostoïevski attache énormément d'importance à cette forme de liberté, conçue moins en son exercice que comme une potentialité. Il condamne surtout son absence, parce qu'elle est un préalable nécessaire à une autre forme de liberté, positive et réelle.
La liberté est, pourrait-on dire, la forme ou l'enveloppe, le "QUE" de cette liberté positive qui est le "QUID" que nous avons à préciser.

 

(à suivre)

Yvan Balchoy
balchoyyvan13@hotmail.com
http://poete-action.ultim-blog.com



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