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Publié par YVAN BALCHOY

 

 www.presumecoupable-lefilm.com

 

 

 

 

 

OUTREAU

 

J’ai trouvé ce film en DVD à l’excellente bibliothèque municipale de Roubaix que je pratique avec bonheur depuis plus de trente ans. A côté du titre sur la boîte, un premier commentaire : « Pour la justice, il n’y avait pas d’innocents ».

 

Ce film interprété magistralement raconte le calvaire d’Alain Marescaux « l’huissier » de l’affaire qui a tout perdu, santé, foyer, travail alors qu’il ne connaissait pas son accusatrice, elle non plus d’ailleurs.

 

Le film insinue que cette dernière qui s’est révélée finalement mensongère l’a choisi à partir d’une liste des huissiers de l’endroit proposé par le petit juge chargé de cette affaire.

 

Je ne reprendrai pas ici l’histoire de cette erreur judiciaire où un jeune magistrat imbu de sa personne et agissant seulement à charge vis à vis des accusés a détruit littéralement la vie de plusieurs d’entre eux en abusant de la prison préventive souvent sans raison véritable.

 

Incarné par le prodigieux Torreton, le film se concentre plutôt sur la descente aux enfers de ce  huissier lambda qui au début ne comprend pas - et à raison - ce qui lui arrive

 

Le film n’est pas seulement le procès d’une justice dévoyée jusque parfois la mauvaise foi. Il condamne pareillement cet enfer moral et physique qu’est la prison qui, bien plus que privation de liberté, sombre souvent dans l’humiliation inutile des condamnés à une promiscuité dégradante d’autant plus grave qu’elle concerne des personne non condamnées c’est-à-dire présumées innocentes.

 

J'ai envie de dire que tout est révoltant dans la destruction progressive d'un individu à partir de bases plus que fragiles par  un juge confondant  un apprentissage mal digéré de sa fonction et la vérité sans aucun égard pour ceux qu'il broie.

 

J'ajouterai que sa vraie mission, la défense d'enfants abusés ne m'a pas semblé dans ce film, que bien entendu je ne veux pas confondre avec la réalité, la préoccupation majeure, j'aurais aimé dire la passion du magistrat.

Si, comme je le crois, lors du procès, la reconnaissance par la mère de famille à l'origine de ces viols, de ses mensonges n'a pas entrainé immédiatement la reconnaissance de l'erreur judiciaire qui concernait l'ensemble des accusés sauf quatre, ce fait condamne  la justice imbécile d'un jeunet manifestement dépassé mais aussi de ses supérieurs,dont  un procureur tout particulièrement, qui l'ont suivi dans ses pires errements en confirmant ses décisions.

En effet, montrant par-là, que leurs à priori, avaient plus de poids pour eux que l'aveu de cette femme, ils n'ont pas hésité le lendemain à condamner Alain Marescaux à une peine légère avec sursis sans doute pour ne pas reconnaître l'énormité de l'injustice dont ils étaient coupables. Or dans un cas de viol, le choix était simple, lourd emprisonnement ou acquittement.

Dans les commentaires que j'ai trouvés sur Internet à propos de ce film, il a été dit, pour défendre les magistrats, que Marescaux avait avoué sa faute. Hélas, l'histoire nous montre qu'il n'est pas si rare que des innocents avouent lors de leur arrestation sous la pression de certains  policiers dont le comportement menaçant et l'usure, par le refus par exemple du sommeil expliquent hélas l'aveu. Je ne dis pas que c'est la règle ni  que les policiers lors de la garde à vue doivent être de doux moutons mais si peu que cela arrive, chaque aveu extorqué par erreur révèle un comportement inadéquat de la part des policiers instructeurs.

 

Personnellement je trouve que la manière dont ont été inculpés le petit juge et son procureur n'est pas honorable.

 

Si j'avais eu à trancher leur cas, je n'aurais pas hésité à les envoyer pour un temps déterminé travailler dans une prison en leur confiant par exemple le nettoyage des cellules et de de leurs toilettes immondes pour leur apprendre la gravité d'imposer à des innocents ce qui est déjà honteux pour des coupables.

 

J'espère que la vie m'évitera de me trouver comme prévenu face à ce petit juge aussi têtu qu'imbécile; Si c'était le cas, je crois que je le récuserais sur le champ refusant de me faire juger par quelqu'un qui a fait tant de mal à tant d'innocents.

 

Je rappelle à ce propos que la justice a reconnu solennellement cette innocence en indemnisant sérieusement ces victimes. Exceptionnellement elle n'a pas rendu publique l'indemnité accordée à chacun d'eux. N'est-ce pas la preuve du malaise qu'elle ressent devant ce qui restera une des plus grandes erreurs judiciaires de notre temps.

 

Quant à la défense des enfants, c'est vrai qu’elle était le premier devoir des magistrats puisque des enfants avaient été violés et qu'il fallait punir les salauds auteurs de ces faits. Un bon magistrat aurait dû plus rapidement douter de la culpabilité d'un certain nombre de prévenus.

 

De cette pénible histoire, qui a donné naissance à un film qui, sauf erreur de ma part, n'a pas été contesté, en justice en tout cas, je retire beaucoup de malaise pour ne pas parler de rage.

 

Justice n'a pas été rendue dans ce procès raté ni en faveur de la majorité des enfants concernés qui ont payé pour des fautes imaginaires, ni en faveur des prévenus innocents accusés qui ont vu leur famille et parfois leur vie détruites, même si finalement les vrais coupables ont été punis.

 

Bref "Présumé coupable" est un film dur qui a le mérite de mettre en évidence les erreuces d'un procès raté mais surtout le calvaire d'un homme injustement poursuivi. J'espère qu'il aidera ceux qui ont pour mission de rendre justice parmi nous à peser le pour et le contre de chacune de leurs décisions.

 

 

Yvan Balchoy

yvanbalchoy13@gmail.com

 

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