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Publié par BALCHOY

22-05-22- CHANT D'AMOUR A STALINGRAD (PABLO NERUDA)

11/05

www.oulala.info

 

 

Poème de Pablo Neruda composé après la victoire soviétique à Stalingrad, le 2 février 1943 

En 1942, le poète communiste Pablo Neruda écrit le poème «Canto de amor a Stalingrado» (Chant d’amour à Stalingrad). Le 30 septembre 1942, à Cuba, il réalise une 1ère lecture du poème « Chant d’amour à Stalingrad » et ce poème sera alors reproduit sous la forme d’affiches puis collé sur les murs de México. En 1943, il écrit le second poème «Nuevo canto de amor a Stalingrado» (Nouveau chant d’amour à Stalingrad), toujours en mémoire de la glorieuse Victoire des peuples soviétiques sur la barbarie nazie. Celui-ci sera publié à México en 1943 par la Societé des Ami(e)s d’URSS… En reconnaissance à la contribution des défenseur(euse)s de Stalingrad, au triomphe sur le Nazisme allemand, des places et des rues portent le nom de Stalingrad à París, Londres et d’autres pays en Europe et en Amérique.

Traduction AC1 pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/ 

 

Chant d’amour à Stalingrad 

J'ai écrit sur le temps et l'eau,

j'ai décrit le deuil et ses reflets violets,

j'ai écrit sur le ciel et sur la pomme,

désormais, j'écris sur Stalingrad

 

Ma fiancée a déjà emporté ainsi que son foulard

la lueur de mon amour énamouré,

maintenant mon cœur est sur le sol,

dans la fumée et la lumière de Stalingrad.

 

J'ai touché de mes mains la chemise

du crépuscule azur et défait:

aujourd'hui, je touche l'aube de la vie

naissant sur le sol de Stalingrad.

 

Je sais que le vieillard à la plume,

provisoirement jeune, comme un cygne délié

laisse éclater sa douleur notoire

devant mon cri d'amour à Stalingrad.

 

Je place mon âme où il me plaît.

Je ne me nourris pas de papier fatigué

agrémenté d'encre et d'un encrier.

Je suis né pour chanter Stalingrad.

 

Ma voix était avec tes morts héroïques,

sur tes propres murs broyés,

ma voix sonnait comme sonne le glas,

et le vent en te voyant mourir, Stalingrad.

 

Or, américains combattants,

blancs et noirs tels des grenadiers

tombent sur le serpent dans le désert,

Tu n'es plus seule, Stalingrad.

 

La France revient à ses éternelles barricades,

dans une bannière de rage drapant

ses larmes fraîchement séchées.

Tu n'es plus seule, Stalingrad

 

Et les grands lions d'Angleterre,

volant sur la mer déchaînée,

enfoncent leurs griffes sur la terre brune.

Tu n'es plus seule, Stalingrad.

 

Aujourd'hui, sous des montagnes de châtiment,

les tiens enterrés ne sont plus seuls:

avec la chair tremblant des morts

qui touchèrent ton front, Stalingrad.

 

Ton acier bleu d'orgueil forgé,

ta tête de planètes couronnée,

ton bastion de pains partagés,

ta sombre frontière, Stalingrad.

 

Ta Patrie de marteaux et de lauriers,

le sang sur ta splendeur enneigée,

le regard fixe de Staline sur la neige

tissée par ton sang, Stalingrad.

 

Les décorations que tes morts

ont placé sur leur poitrine transpercée

viennent de la terre, du frisson

de la mort et de la vie, Stalingrad

 

La saveur profonde que tu portes encore

au cœur de l'homme blessé,

avec la branche des capitaines rouges

sortis de ton sang, Stalingrad.

 

L'espoir qui éclot dans les jardins,

comme la fleur de l'arbre attendue,

la page gravée de fusils,

de lettres de lumière, Stalingrad

 

La tour que tu perçois sur les hauteurs,

les autels de pierre ensanglantés,

les défenseurs de ton âge canonique,

les enfants de ta chair, Stalingrad.

 

Les aigles ardents de tes pierres,

le métal par ton âme allaité,

les adieux de larmes emplis,

et les vagues de l'amour, Stalingrad.

 

Les os des assassins meurtris,

les envahisseurs paupières closes,

et les conquérants fuyant,

dans le sillage de ta foudre, Stalingrad.

 

Ceux qui humilièrent les courbes de l'Arc

et trouèrent les eaux de la Seine,

avec l'assentiment de l'esclave,

se sont arrêtés à Stalingrad.

 

Ceux qui dans Prague la Belle en larmes,

du silence et de la trahison,

piétinèrent ses mutilés,

sont morts à Stalingrad.

 

Ceux qui dans l'antre grecque ont craché,

la stalactite de cristal brisée

et son bleu classique estompé,

où sont-ils aujourd'hui, Stalingrad ?

 

Ceux qui ont brûlé et brisé l'Espagne

gardé dans leurs chaînes le cœur

de cette mère de chênes et de guerriers,

se décomposent à tes pieds, Stalingrad.

 

Ceux qui en Hollande, eaux et tulipes,

ont éclaboussé de boue sanglante,

et ont répandu le fouet et l'épée,

reposent désormais à Stalingrad.

 

Ceux qui dans la blanche nuit de Norvège

avec un hurlement de chacal enragé

calcinèrent ce printemps glacé,

se sont tus à Stalingrad.

 

Honneur à toi par ce que l'air porte,

ce qu'il reste à chanter et ce qui l'a été,

honneur à tes mères et tes fils,

et à tes petit-fils, Stalingrad.

 

Honneur au combattant de la brume,

honneur au Commissaire et au soldat,

honneur au ciel derrière ta lune,

honneur au sol de Stalingrad.

 

Garde-moi un bout d'écume violente,

garde-moi un fusil, garde-moi une charrue,

et qu'on les mette sur ma tombe,

avec une fleur rouge de ta terre,

pour qu'on sache, si doute il y a,

que je suis mort en t'aimant et que tu m'as aimé,

et que si je ne me suis pas battu à tes flancs,

j'ai laissé en ton honneur cette obscure grenade,

ce chant d'amour à Stalingrad.

 

 

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