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Publié par YVAN BALCHOY

TARIK RAMADAN

TARIK RAMADAN

 

 

LA GRANDE INQUISITRICE

 

Présentation des ouvrages de Sadri Khiari, « Sainte Caroline contre Tariq Ramadan », éditions LaRevanche, et Sébastien Fontenelle, « Philippe Val, De Charlie Hebdo à France Inter, l’ascension d’un inquisiteur », Favre eds.

Sadri Khiari propose dans son dernier essai, une critique féroce et rigoureuse des thèses défendues par la journaliste Caroline Fourest depuis sa percée médiatique il y a quelques années. Il démonte notamment les subterfuges rhétoriques qu’elle emploie dans les polémiques qu’elle a engagé contre Tariq Ramadan pour montrer comment à travers sa défense de la laïcité elle déploie un argumentaire islamophobe, profondément enraciné dans une idéologie européocentriste, destiné à rendre audible par un public de gauche et républicain les thèses du « choc des civilisations » prônées par les néo-conservateurs américains, dont elle prétend cependant se démarquer. A travers Caroline Fourest, l’auteur révèle plus largement l’arrière-plan idéologique du racisme décomplexé qui s’exprime dans les propos d’une frange de plus en plus large de la sphère intellectuelle et médiatique en France.

Pour sa part, Sébastien Fontenelle revient dans son livre sur le parcours qui pourrait sembler paradoxale de l’ancien humoriste libertaire Philippe Val. Longtemps directeur de l’hebdomadaire de gauche Charlie Hebdo, sa dérive prononcée vers la droite l’a conduit à être nommé patron de France Inter par Nicolas Sarkozy. En apprenant la nouvelle, au printemps 2009, beaucoup ont cru à une plaisanterie – d’autant que l’intéressé, maîtrisant parfaitement la langue de bois, soutenait n’avoir jamais entendu parler de cette éventualité. Mais en réalité, cette promotion (Philippe Val a pris ses nouvelles fonctions directoriales en juin 2009) est l’aboutissement logique, prévisible, d’une longue décennie de reniements.
https://lelieudit.com/Islamophobie-et-derives-mediatiques-aujourd-hui-Caroline-Fourest-et-Philippe

Leurs noms étaient apparus très tôt dans le dossier de l’instruction puisque Caroline Fourest et Jean-Claude Elfassi étaient en contact avec les deux premières plaignantes, avant même leur plainte. Les investigations de la brigade criminelle et les aveux publics de deux des plaignantes ont confirmé qu’ils jouaient un rôle important dans cette affaire. Les très récentes découvertes de messages postés sur d’anciens blogs et de correspondances par emails confirment définitivement leur implication depuis 2009.

La période du confinement va très vraisemblablement apporter son lot de surprises dans l’affaire Tariq Ramadan. Notamment sur le rôle joué par Caroline Fourest et Jean-Claude Elfassi. Rappelons que dès les premiers mois d’investigation, la police et la brigade criminelle avaient révélé que Fourest avait eu 156 appels téléphoniques ou SMS avec Henda Ayari et 116 avec « Christelle » (entre le 6 mai et le 6 novembre 2017, donc six mois avant le dépôt des deux plaintes). 

Les juges d’instruction n’ont curieusement pas cherché à obtenir l’historique détaillé de ces échanges, malgré la demande de l’avocat du professeur d’Oxford. 

Au cours de l’investigation concernant « Elvira » (qui a prouvé que cette dernière n’avait jamais rencontré Tariq Ramadan et que sa plainte était mensongère), la brigade criminelle a relevé non seulement le rôle central mais aussi l’engagement actif de Jean-Claude Elfassi qui avait lui-même transmis la plainte à un ami policier de la brigade de Toulon. 

 

 

 

CAROLINE FOURETS A MENTI ?

 

 

Dans son rapport, la brigade criminelle mentionne que Jean-Claude Elfassi est, ou a été, directement en contact avec les quatre premières plaignantes. Les juges d’instruction n’ont étrangement, une fois encore, pas tenu compte des conclusions de la brigade criminelle et n’ont, à ce jour, interrogé ni Caroline Fourest, ni Jean-Claude Elfassi.

Caroline Fourest a menti

L’implication de ces derniers a été confirmée et dénoncée par les plaignantes elles-mêmes. Mounia Rabbouj, la troisième plaignante, a publiquement affirmé avoir été manipulée par Jean-Claude Elfassi et son avocat Me Francis Szpiner. Selon ses dires, postés sur Twitter, ils auraient changé sa déposition et l’auraient poussée à parler d’un viol. Elle a avoué à son frère avoir reçu de l’argent. 

« Elvira », la quatrième plaignante, parle également de mensonges et de manipulations de la part de Jean-Claude Elfassi et de son ami, l’avocat Me Szpiner, qui seraient responsables de la rédaction de sa plainte qu’elle n’aurait même pas signée. « Elvira » a affirmé également sur Twitter que Caroline Fourest était impliquée dans une opération qui consistait à payer une femme pour que cette dernière porte plainte. 

Celle-ci aurait disparu après avoir empoché un premier versement. « Elvira » mentionne également l’implication indirecte de Caroline Fourest, et celle de Me Morain, dans la prise en charge de la cinquième plaignante. On sait que cette dernière avait demandé aux juges qu’on la laisse tranquille, avant de curieusement se raviser la veille de l’audition de Ramadan. 

Selon des sources proches du dossier, des découvertes cruciales ont été récemment faites sur les relations existantes entre Caroline Fourest et Me Eric Morain, avocat de « Christelle » et de Mounia Rabbouj. 

Les accusatrices ont voulu piéger Tariq Ramadan 

La récente découverte de messages et de commentaires postés dès 2008 sur des blogs suisse, belge et français, ainsi que sur Facebook, est accablante pour les plaignantes. Ces blogs ont été supprimés ou ont disparu et leurs responsables, à l’instar de Khalil Zeguendi en Belgique, ont refusé de remettre les archives aux juges. Ceux-ci, très curieusement encore, n’ont pas insisté. 

Les messages et les échanges qu’on y trouve ne laissent pas de place au doute et ont d’ores et déjà été constatés par huissier.

Dès décembre 2008, puis dans les mois et les années qui suivent, « Vanessa » une journaliste de BeurFM, « Denise » une témoin, Majda Bernoussi, « Brigitte » la plaignante suisse, « Christelle » la seconde plaignante, puis Henda Ayari interviennent sous de multiples pseudonymes (pour la plupart formellement identifiés) et discutent de monter un piège « pour faire tomber TR», d’écrire un livre et de créer un site internet pour « le détruire ». 

Elles se font même parfois passer pour Ramadan lui-même en inventant des messages en son nom. Elles y parlent de leurs contacts déjà établis avec Caroline Fourest, Jean-Claude Elfassi, Khalil Zeguendi (dont certains messages sont préservés), Salim Laibi et Ian Hamel qui affirment, selon elles, qu’ils pourront les aider à réaliser leur plan. 

Des correspondances directes entre « Brigitte » et « Denise » ont également été découvertes. « Brigitte » parle, le 4 décembre 2009, de la pression exercée sur elle par Jean-Claude Elfassi pour qu’elle témoigne. « Denise » lui conseille alors de s’assurer de « combien il paie » et du nom du journal qui va publier son histoire. 

D’autres échanges prouvent que Caroline Fourest a vu ou directement correspondu avec « Denise », Majda, « Christelle », « Brigitte » et « Vanessa » de BeurFM dès 2009. Dans les échanges retrouvés, il n’est pas question de violence ni de viol, mais de dénoncer et de dévoiler la vie privée de Tariq Ramadan pour « casser sa réputation ». 

Lire la suite:  

https://www.reveilcitoyenmedia.com/post/affaire-ramadan-l-%C3%A9tau-se-r...
https://www.reveilcitoyenmedia.com/post/dossier-tariq-ramadan-mounia-rabbouj-l-histoire-d-une-escroquerie

Et de citer le philosophe Edgar Morin: «Tariq Ramadan a-t-il violé trois femmes ou bien trois femmes ont-elles violé la vérité?» Mais «la vraie question est désormais: comment ces trois femmes (et leurs sponsors) ont-elles pu si facilement rouler dans la farine trois magistrats de haut rang et 90% de la presse française?» Le célèbre avocat pénaliste Eric Dupond-Moretti ajoute quant à lui: «Une machine trop bien huilée, qui tourne sans que rien ne puisse ralentir son rendement, est une machine folle. On ne doit pas juger des hommes sans prendre toutes les précautions susceptibles d’éviter l’erreur judiciaire. On ne peut pas se contenter de certitudes ou de raisonnements à charge.»

https://www.letemps.ch/opinions/reactions-outrees-outrancieres-apres-liberation-tariq-ramadan

 

 

JE NE SUIS PAS PARFAIT, MAIS JE SUIS INNOCENT

 

Tariq Ramadan : « Je ne suis pas parfait, mais je suis innocent » (1/2)
Ses démêlés avec la justice, sa nouvelle vie, l’anticolonialisme, le slam… Passé de figure incontournable – et polémique – à persona non grata dans les médias, l’intellectuel revient sur le devant de la scène avec un album de musique. Entretien exclusif.
Réservé aux abonnés
13 mai 2021 à 15:44
Par Fadwa Islah
Mis à jour le 14 mai 2021 à 15:47

Tariq Ramadan est professeur d’études islamiques à l’Université d’Oxford. © Vincent Fournier pour JA

Longtemps, Tariq Ramadan a été une star, une étoile dans le ciel brumeux des musulmans. Pas seulement en France, mais aussi au Maghreb, en Afrique subsaharienne, en Amérique du Nord. Aux quatre coins du monde.

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Au-delà des spéculations sur l’existence, chez lui, d’un double discours – question qui préoccupe avant tout les non-musulmans, et tout particulièrement en France –, l’auteur de L’islam et le réveil arabe incarnait l’idée qu’un intellectuel de confession musulmane soit capable de performances médiatiques du même calibre que celles d’un Éric Zemmour ou d’un Michel Onfray, et de débattre, à armes égales, avec des intellectuels occidentaux de renom.

Mais ça, c’était avant la chute. Avant qu’en 2017, dans le sillage de la vague #MeToo, plusieurs femmes, en France et en Suisse, ne l’accusent de viols. Des accusations qui l’ont mené en prison, où il a passé dix mois. En liberté provisoire depuis novembre 2018, Tariq Ramadan est, dans l’attente du verdict, soumis à un contrôle judiciaire renforcé et a interdiction de quitter le territoire français.

À LIRE
[Édito] George Floyd, Adama Traoré et le fardeau de l’homme blanc
Bien sûr, le chercheur n’a cessé de clamer son innocence et d’affirmer qu’il est victime d’un traquenard de la part de ses accusatrices. Il a néanmoins reconnu avoir eu des relations sexuelles avec certaines d’entre elles. Un aveu qui a fait l’effet d’une bombe auprès des musulmans qui le soutenaient.

Car, outre la gravité des faits qui lui sont reprochés et qui, s’ils étaient avérés, le feraient passer du statut d’« honorable » penseur, professeur d’études islamiques à l’université d’Oxford, à celui de criminel et de violeur, le fait qu’il ne soit pas moralement irréprochable, à l’inverse des idéaux qu’il défend, a profondément déçu, et même heurté, les musulmans qui le suivaient. En 2019, il a tenté de s’en expliquer dans un livre, Devoir de vérité (Presses du Châtelet). En vain. Le mal est fait, et son image brouillée pour longtemps.

Aujourd’hui, Tariq Ramadan semble avoir tourné la page. Très suivi sur les réseaux sociaux (ses pages totalisent plus de 3 millions d’abonnés), il partage régulièrement avec ses followers ses réflexions. Et revient dans la sphère publique avec un nouveau moyen d’expression : la musique. Exit les essais, les conférences, les cours magistraux, les débats télévisés. Il passe au slam, ou plutôt à la poésie mise en musique. Un choix auquel personne ne s’attendait, mais qui pourrait faire mouche.

À LIRE
Tariq Ramadan : « Les Frères musulmans, le Hirak algérien, le PJD et moi » (2/2)
Son album n’est pas encore sorti, mais un premier titre (« Qu’est-ce que vous croyez ? »), diffusé sur YouTube en avril, donne un avant-goût de son contenu. Un titre à la fibre très anticolonialiste, dans lequel le petit-fils de l’Égyptien Hassan el-Banna, fondateur de la confrérie des Frères musulmans, se fait le porte-voix des migrants venus du Sud face aux pouvoirs des pays du Nord.

Un come-back accueilli très froidement en France, où la chanson est perçue comme une déclaration de guerre contre l’Occident. Qu’en est-il réellement ? Pour comprendre sa démarche, Jeune Afrique a reçu Tariq Ramadan. Entretien avec un « prophète » déchu devenu slameur.

 

Jeune Afrique : Vous êtes accusé de viol, en France et en Suisse. Où en êtes-vous avec la justice ?
Tariq Ramadan : L’instruction est en cours dans les deux dossiers : le français, qui comprend cinq affaires, et le suisse. Elle évolue clairement dans mon sens, puisque beaucoup de mensonges et de concertations frauduleuses ont été découverts. L’on sait aujourd’hui que les femmes qui m’accusent ont toutes menti et ont même présenté des faux documents aux juges. Elles ont affirmé qu’elles ne se connaissaient pas, alors que certaines se connaissaient depuis dix ans.

AUCUNE DES PERSONNALITÉS ACCUSÉES DE VIOL N’A ÉTÉ TRAITÉE COMME JE L’AI ÉTÉ : NI DEPARDIEU, NI DARMANIN, NI POIVRE D’ARVOR… »

Elles ont affirmé qu’elles n’étaient pas en contact avec un certain nombre de mes ennemis, bien identifiés en France : Caroline Fourest, Jean-Claude Elfassi, Alain Soral, Ian Hamel… Or l’on a aujourd’hui des preuves de leur implication. Elfassi, un paparazzi de l’extrême-droite israélienne qui invitait ses « frères juifs » à quitter la France désormais « infestée par les musulmans », était en contact avec toutes les plaignantes.

Insinuez-vous qu’un complot franco-suisse aurait été fomenté pour vous faire tomber ?

J’ai parlé de traquenard, et quatre des plaignantes ont elles-mêmes utilisé le terme de « complot ». On a pensé, en France, que l’affaire suisse apparaîtrait dans mon dossier comme une circonstance aggravante. Elle apporte au contraire un éclairage nouveau, car on a trouvé, dans le dossier suisse, des éléments qui confirment la concertation frauduleuse et l’implication de personnes extérieures.

Il est aujourd’hui confirmé que la plaignante suisse était en contact avec deux des plaignantes françaises ainsi qu’avec tous mes opposants idéologiques précités. Il y a même eu des tractations financières, comme le montrent des échanges de messages : « Brigitte », la plaignante suisse, demande à Elfassi « combien il paie » pour son témoignage. Cinq plaignantes sur six parlent d’argent.

Où en sont ces différentes affaires ?

Pour ce qui est du volet français, il nous a été annoncé que la fin de l’instruction était une question de mois. Cela fait près de quatre ans que j’attends. Et ce, après dix mois de prison et deux ans et demi d’un contrôle judiciaire contraignant, qui m’empêche de quitter la France. Espérons que nous serons fixés d’ici à la fin de l’année. Aucune des personnalités connues accusées de viol n’a été traitée comme je l’ai été : ni Luc Besson, ni Gérard Depardieu, ni Gérald Darmanin, ni Patrick Poivre d’Arvor.

À LIRE
Islam de France : bras de fer entre Chems-Eddine Hafiz et Mohammed Moussaoui
Quant à l’affaire suisse, mes avocats viennent de faire une demande de classement. En effet, pas une seule preuve n’établit la véracité des faits que la plaignante [Brigitte] a avancés. Tout au contraire, nous avons recueilli des dizaines de preuves factuelles de ses mensonges et contre-vérités. Ces preuves ne viennent pas que de nous. Elles reposent sur des faits objectifs et émanent même de ses propres témoins, jusqu’au concierge de l’hôtel. Plus rien ne tient, dans ce dossier-là.

Quelles conséquences ces accusations de viol ont-elles eu sur votre vie ? Enseignez-vous encore à Oxford ?

Ces affaires ont eu des conséquences énormes, sur plusieurs plans. D’abord, sur ma personne et ma santé. Je souffrais d’une sclérose en plaques, qui s’est aggravée durant mon incarcération.

Le médecin de la prison a souligné l’incompatibilité de mon état de santé avec la détention, ce qui a poussé l’avocat de la partie civile, Me Morain, à relever que ce praticien était arabe comme moi, sous-entendant que cela suffisait à délégitimer son avis médical. Des experts, qui sont venus me voir, ont curieusement suggéré que mon rapport à la maladie était « subjectif ». Je suis donc resté en prison.

 

Sur le plan professionnel, je suis encore professeur à Oxford. Mais la prison puis la longueur de l’instruction et la pression psychologique que tout cela fait peser sur moi ont eu un impact majeur sur mon état de santé. Je suis très diminué. Compte tenu de mon état général, j’ai entrepris des démarches afin de bénéficier d’une retraite anticipée.

Vous avez reconnu avoir eu des relations sexuelles consenties avec certaines de vos accusatrices. Quel impact cela a-t-il eu sur votre famille, vos amitiés, vos disciples et vos fans, qui voyaient en vous « un musulman parfait » et vous prenaient pour modèle ?  

Ma famille a eu à faire face à des moments difficiles. Heureusement, contrairement à ce que l’on pourrait croire, cette épreuve nous a unis davantage, ma femme, mes enfants et moi. Elle nous a renforcés. De ce point de vue, dans le malheur, il y a eu du bien.

Comprenez-vous néanmoins que le fait que vous ne soyez pas irréprochable sur le plan moral ait pu décevoir vos lecteurs et, globalement, les musulmans qui vous suivaient ?

Certains, qui m’aimaient et m’écoutaient depuis des années, ont pu être choqués et déçus. Je comprends évidemment leur déception. Elle est légitime. Il faut faire face, et c’est aussi leur épreuve à eux.

À CEUX QUI M’ONT IDÉALISÉ, QUE CETTE ÉPREUVE SERVE AUSSI DE LEÇON. ON N’IDÉALISE PERSONNE. LE SEUL ÊTRE PARFAIT EST DIEU »

J’aimerais toutefois rappeler qu’à aucun moment, au cours de mon engagement, je n’ai été un moraliste. Je ne me suis jamais présenté comme un modèle. En trente ans de prise de parole, j’ai toujours répété que mon discours était un idéal auquel j’aspirais comme les autres. J’évoquais souvent mes faiblesses et mes vulnérabilités. Certains trouvent dans cette affaire les raisons d’une condamnation définitive. C’est leur choix et leur affaire. Pour ma part, j’ai toujours réprouvé les condamnations définitives.

À ceux qui m’ont idéalisé, que cette épreuve serve aussi de leçon. On n’idéalise personne. Le seul être parfait est Dieu. Nous ne sommes que des êtres humains, et il serait bon que certains ne se prennent pas pour Dieu, ni dans leurs actes ni dans leurs jugements.

La prison vous a-t-elle changé ?

Cette expérience n’a pas été facile. Quand vous êtes innocent, il y a d’abord une sorte de révolte, de colère en vous. Ce sentiment était d’autant plus fort que j’étais persuadé que les juges savaient autant que moi que j’étais innocent. Les mensonges et les faits étaient évidents dès le début de l’instruction. C’était une machine qui s’était mise en branle et qui, en instrumentalisant le mouvement #MeToo, voulait détruire un homme et une pensée qui dérangeaient.

À LIRE
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Durant mon expérience carcérale, au-delà de la colère, un autre aspect, intime et spirituel, s’est fait jour : je savais que si tout cela m’arrivait maintenant, cela avait un sens. J’ai donc fait mon introspection.

Cela m’a conforté et réformé. Conforté dans l’idée que je passerais ma vie à servir le même message, avec la même force et la même détermination. Réformé, car j’ai appris que je devais mieux faire et mieux vivre, et qu’il fallait m’éloigner de ceux qui, sur la route, m’avaient fait croire qu’ils étaient des sœurs, des frères et des amis, mais qui aimaient l’image publique et non le cœur, avec ses blessures et ses fragilités. Je suis mon juge le plus sévère, et je m’éloigne de la sévérité des juges qui oublient la compassion et l’amour. Ils se font du mal à eux-mêmes. Le seul vrai juge est miséricordieux et plein d’amour.

PEU AVANT LE DÉCLENCHEMENT DE CES AFFAIRES, UN AGENT DE LA DGSI M’AVAIT MIS EN GARDE »

Qu’est-ce qui vous fait croire qu’on a voulu vous éliminer ? Après tout, votre personnalité et votre pensée ont souvent été l’objet de polémiques. Ce n’était pas nouveau…

C’est vrai. Mais il y a eu des circonstances propices à cette mise à mort. Un « alignement de planètes », comme l’a dit mon avocat. Quelque temps avant le déclenchement de ces affaires, on m’avait prévenu. Six mois plus tôt, en effet, un agent de la DGSI était venu me dire que les autorités s’inquiétaient de ce qu’elles percevaient comme « ma nouvelle installation en France ».

J’avais demandé la nationalité française, j’avais créé un centre de formation, je réunissais régulièrement des leaders et des imams, etc. Le pouvoir se demandait ce que je préparais. Certains journalistes et responsables politiques pensaient que je voulais acquérir la nationalité française dans le but de me présenter à l’élection présidentielle. Un délire ! Ceci étant, j’ai toujours dit que je savais que je dérangeais, et qui je dérangeais.

Plus de deux ans après votre libération, à quoi ressemble votre vie ?

D’abord, je fais l’objet d’un suivi médical continu, car je suis ressorti de prison, en novembre 2018, dans un état déplorable. Ensuite, je suis toujours sous contrôle judiciaire et ne suis pas autorisé à quitter la France. Pendant près de deux ans, j’ai dû aller pointer au commissariat chaque semaine. Maintenant, c’est toutes les deux semaines. Cela m’empêche d’aller régulièrement rendre visite à ma mère, qui est malade, à mes frères et à ma famille – dont aucun membre ne vit sur le sol français.

On veut m’empêcher de vivre normalement et d’agir librement. Avant ces affaires, ma vie était faite de voyages et d’engagements à l’étranger. Je ne le peux plus. Entretemps, le Covid est passé par là. Je lis, j’écris. Nous avons créé un Centre de formation, Chifa, avec une ligne humaniste. J’y enseigne, et j’interviens également sur les réseaux sociaux.

Je suis par ailleurs revenu à d’anciennes amours : la poésie et la littérature. Cet étrange mariage entre le Covid et le contrôle judiciaire m’a ramené à ce besoin d’expression artistique et littéraire.

Êtes-vous menacé ? Vivez-vous sous protection ?

J’ai effectivement reçu des menaces, dans la rue ou sous forme de courriers envoyés à mon éditeur. J’en ai fait part à la police et aux juges. Ces derniers ont estimé que j’étais responsable : si on me menace, c’est parce que je m’expose. Sans commentaire…

À LIRE
Black Lives Matter : une colère noire
Aujourd’hui, je n’ai pas de protection policière. Je vous rép

NOTE D'YVAN BALCHOY

J'ai rencontré et écouté Tarik Ramadan , si je me rappelle bien a Manifiesta, et , contrairement aux discours souvent  binaires et à l'emporte pièce de David Pujadas et de son équipe  de propagandistes de l' OTAN et de l'Impérialisme capitaliste le plus injuste, ses propos étaient tolérants et mesurés ce qui devient de plus en plus rare dans notre époque d'hystérie politique. (YB)

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