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Publié par YVAN BALCHOY

 Cathedrale de Chartres -  be.france.fr

Cathedrale de Chartres - be.france.fr

1955, ce n'est pas tout à fait hier, face à la France déchristianisée, l'enseignement catholique Belge décide d'y envoyer ses jeunes étudiants pour y re-précher l’évangile du Christ.

Ces sortes de croisades très pacifiques eurent lieu surtout, je crois, en Bourgogne et en Champagne.

Pour moi, ce fut la région de Reims

J'y partis avec, je pense, les "poètes" et les 'rhétos" du collège St François de Marche en Famenne. Mes souvenirs de plus de 60 ans s'estompent un peu mais ceux qui restent sont tenaces dans ma mémoire et dans mon coeur. Je vous les résume ici !

Nous nous sommes installés dans un village qui dans ma tête ressemble à ceux du regretté Jacques Martin, un village présidé par un maire communiste et une Église dont l'épouse s'occupait de préparer les offices religieux et le nettoyage, et des champs à perte de vue. Je ne me rappelle absolument pas du curé qui devait avoir 15 paroisse mais l'ambiance des films de "Don Camillo" était déjà là.

Le premier matin, avec deux ou trois de mes condisciples, nous nous sommes présentés à la ferme du maire rouge en lui disant : "nous venons vous aider par amour du Christ et de l’évangile" et l'homme costaud et charpenté dont je me rappelle un deux en profita pour nous faire faire le boulot le plus pénible en testant du même coup notre volonté d'aide suggérée par ces curés dont il n'était pas un admirateur, c'est clair.

Il nous fallu, une longue journée durant nettoyer sa fosse à purin.

Si au début, notre vie, nitre odorat furent plus que choqués par la saleté de l'action peu à peu nous avons appris à manipuler joyeuse la merde pour la déplacer, je ne me rappelle plus où devant l'air narquois du maître des lieux

De temps à autre, sa femme, bonne chrétienne, un peu, plutôt très gênée venait nous apporter de quoi boire et nous restaurer. Ce fut une très longue journée aussi harassante que pourtant joyeuse.

Ne me demandez pas ce que nous fîmes les autres jours, chez ce maire, amateur de ce communisme que j'abhorrais alors et que j'apprécie aujourd'hui comme le meilleur remède , de cheval sans doute, contre les injustices et les inégalités scandaleuses d'un capitalisme.

Je me souviens tout de même avoir appris à  réunis des gerbes de blés en les réunissant selon une méthode ancestrale. Quelques jours durant, je me suis presque pensé naïvement paysan

Bien entendu en dehors du travail bénévole à la ferme, nous avions , chaque matin, la sainte Messe et de nombreux "chapitres" où nous tentions de commenter l’évangile à la lumière de notre expérience rurale.

Le dernier jour, le fermier un peu attendri et surtout son épouse réconfortée par nos signes de foi nous offrirent un plantureux repas et chacun reçut une bouteille de champagne rosée que je rapporté plus tard à Bruges en ma famille ébahie de mon aventure.

A la fin de cette mini-semaine agricole, nous partîmes dans un camion pour rejoindre dans l'esprit de Peguy l'admirable cathédrale de Chartres dont nous fîmes les quinze derniers kilomètres du célèbre pèlerinage un peu avant l'aube. Incroyable ce sentiment d'enthousiasme évangélique qui nous réunit devant ce Clocher qui ne peut faillir, les merveilleux vitraux chantant entre autres la Vierge d'un bleu si peur qu'ils ont entraîné dans la classe de Marche-en-Famennee quatre vocations religieuses sur huit élèves. Tous ne parvinrent pas au terme de leur recherche, mais indiscutable les fraternités chrétiens de Champagne furent une page majeure dans ma vie et celle de beaucoup de mes condisciples.

Après la visite de l'admirable édifice,  grand Messe solennelle que nous prolongeâmes par un échange fraternel sur ce que chacun de nous avait retirée de ce qui fut vraiment une aventure de vie, nous primes dans un grand restaurant un repas final bien arrosé dont je veux vous rappeler un souvenir à la hauteur de ce que fut cette semaine évangélique.

A la sortir de la Cathédrale, nous avons pris avec nous un mendiant, presqu'un c:clochard, enchanté de se faire inviter à une si belle table.

A la fin d'un repas qui fut excellent et surtout bien arrosé, bien caché au milieu de nous, par peur du scandale, cet homme tout simplement nous fit au moment du dessert  une sorte  d'homélie picaresque qui continue à résonner en moi comme une de ces rencontres de VIE que jamais on ne peut oublier. Voici à peu près son massage qui nous bouleversa rouis :

"Mes amis, merci de ce bon repas et surtout de l’amitié que vous me témoignez. Je ne sais pas si vous com:prenez le vrai sens de votre bonne action ce matin. Vous pensez avoir accueilli  généreusement un pauvre hère mais rappelez vous que dans l'évangile il est dit qu'en donnant à manger à un mendiant, c'est le Christ lui-même que vous avez nourri et vous en serez récompensés.

Il y a plus de soixante ans que j'ai entendu ces mots, et ils brûlent encore mon, coeur.

Aujourd'hui encore, déçu par une église qui s'est laissée, comme moi, trop souvent englué par l'horrible esprit bourgeois (merci Jacques Brel), je retrouve au sein d'une nouvelle fraternité un écho rempli d’espoir d'un nouveau communisme qui redira à sa manière l'essentiel du message de l'Homme de Nazareth sans pour autant nécessairement croire à un paradis autre que celui que avons à forger dans la justice sur la terre.


 

Yvan Balchoy

 

 

 

 

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