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Publié par YVAN BALCHOY

03-05-18 - LA DERNIERE VISION (LE CONTE DE LISLE) - REEDITION

Ce matin, dans l'excellente émission d'Anne Sinclair sur EUROPE 1,interview d'Alain Corbin sur le thème du SILENCE, ouvrage que je voudrais lire tant le silence , si différent, à travers la diversité du temps et des cultures m'interpelle.

A la fin de l'émission, l'écrivain a rappelé le poème "LA DERNIERE VISION" de Leconte de Lisle décrivant le terre à la fin de son histoire, désormais privée de vie, tourbillonnant qui soit dans une galaxie désormais tellement silencieuse.

Un long silence pend de l'immobile nue.

La neige, bossuant ses plis amoncelés,

Linceul rigide, étreint les océans gelés.

La face de la terre est absolument nue

-

Point de villes, dont l'âge a rompu les étais,

Qui s'effondrent par blocs confus que mord le lierre.

Des lieux où tournoyait l'active fourmilière

Pas un débris qui parle et qui dise : J'étais !

-

Ni sonnantes forêts, ni mers des vents battues.

Vraiment, la race humaine et tous les animaux

Du sinistre anathème ont épuisé les maux.

Les temps sont accomplis : les choses se sont tues.

-

Comme, du faîte plat d'un grand sépulcre ancien,

La lampe dont blêmit la lueur vagabonde,

Plein d'ennui, palpitant sur le désert du monde,

Le soleil qui se meurt regarde et ne voit rien.

-

Un monstre insatiable a dévoré la vie.

Astres resplendissants des cieux, soyez témoins !

C'est à vous de frémir, car ici-bas, du moins,

L'affreux spectre, la goule horrible est assouvie.

-

Vertu, douleur, pensée, espérance, remords,

Amour qui traversais l'univers d'un coup d'aile,

Qu'êtes-vous devenus ? L'âme, qu'a-t-on fait d'elle ?

Qu'a-t-on fait de l'esprit silencieux des morts ?

-

Tout ! tout a disparu, sans échos et sans traces,

Avec le souvenir du monde jeune et beau.

Les siècles ont scellé dans le même tombeau

L'illusion divine et la rumeur des races.

-

Ô soleil ! vieil ami des antiques chanteurs,

Père des bois, des blés, des fleurs et des rosées,

Éteins donc brusquement tes flammes épuisées,

Comme un feu de berger perdu sur les hauteurs.

-

Que tardes-tu ? La terre est desséchée et morte :

Fais comme elle, va, meurs ! Pourquoi survivre encor ?

Les globes détachés de ta ceinture d'or

Volent, poussière éparse, au vent qui les emporte.

-

Et, d'heure en heure aussi, vous vous engloutirez,

Ô tourbillonnements d'étoiles éperdues,

Dans l'incommensurable effroi des étendues,

Dans les gouffres muets et noirs des cieux sacrés !

-

Et ce sera la Nuit aveugle, la grande Ombre

Informe, dans son vide et sa stérilité,

L'abîme pacifique où gît la vanité

De ce qui fut le temps et l'espace et le nombre

. http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/charles_marie_leconte_de_lisle/la_derniere_vision.html

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