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Publié par BALCHOY

A l'indépendant - Canalblog

ARTICLE INTERESANT QUI GARDE TOUTE SA PETINENCE A L'EPOQUE DU PAPE FRANCOIS. (YB)

 

Pour une nouvelle église
1/- Impact politique de l'affirmation de la foi

La reconnaissance de Jésus comme prophète du sens de notre vie et de notre histoire, l'accueil de sa bonne nouvelle qui est l'annonce d'un monde nouveau, animé par un esprit d'amour, tous ces fondements donnent à l'affirmation de foi un impact politique. C'est ma vie d'homme dans toute sa densité et toute son épaisseur, et par conséquent aussi dans sa dimension sociale et politique, que la foi atteint.
Une foi désincarnée, me parlant d'une vie spirituelle vécue dans un au-delà, un au-dessus, un ailleurs, ne m'intéresse pas. Jésus par sa vie et sa parole me concerne précisément parce qu'il m'éclaire, qu'il est "révélateur" du sens de toute mon existence.
La vie nouvelle, à laquelle la foi m'invite et me provoque, est politique (en ce sens qu'elle transforme mes rapports avec les autres hommes, et ma vision même des rapports entre tous les hommes) ou elle n'est pas. Une foi qui ne changerait en rien la face de la terre ne serait pas la véritable foi en Jésus de Nazareth. Elle ne serait que du vent.
2/- Le royaume n'est pas l'église

Mais, ce premier point étant clairement énoncé, il faut aussitôt rappeler que le royaume de Dieu, situé au coeur de la vie et de l'enseignement de Jésus, ne s'épuise pas dans l'église. Celle-ci doit l'annoncer, le prophétiser; mais l'accomplir dépasse ses compétences et ses possibilités. Le royaume n'est pas l'oeuvre de l'église, mais celle, conjuguée, de tous les hommes et de l'esprit. Ou, plus précisément, l'oeuvre des hommes qui se laissent animer par l'esprit.
Pour réaliser le royaume, il ne suffit donc pas de vivre "en église". Il faut s'atteler à la transformation du monde. Cela requiert des compétences techniques, une formation spécifique qui ne relèvent pas de l'église mais des multiples sciences qui analysent la vie des hommes en société et peuvent déboucher sur des programmes politiques concrets.
L'avènement du royaume est un projet qui peut inspirer une action politique, nullement un programme pour la diriger. Les chrétiens qui en restent uniquement à l'affirmation du projet sans jamais parvenir à l'élaboration scientifique et technique d'un programme, apparaîtront toujours comme de doux et inoffensifs rêveurs. Ou plutôt leur rêverie elle-même risquera de devenir offensive dans la mesure où elle se révèlera constituer une force politique d'inertie.
Tous les hommes, toutes les institutions, sont susceptibles de collaborer à l'avènement du royaume, dans la mesure où l'esprit qui les anime participe de l'esprit même de Jésus. Au contraire, tout homme et toute institution, fussent-ils chrétiens, qui vont à l'encontre de cet esprit, freinent son émergence dans le monde. Le royaume, n'est le monopole de personne: il est le fruit de la compétence humaine fécondée par l'esprit. La compétence sans l'esprit est horriblement dangereuse. L'histoire nous en donne tous les jours des exemples. Mais l'esprit sans la compétence reste sans effet.
3/- La tentation politique de l'église

Au cours des siècles, la tentation de l'église a été de se considérer comme l'instance compétente de la décision politique. Oubliant bien souvent d'annoncer et de prophétiser le royaume, elle consacrait ses forces à l'accomplissement de projets politiques immédiats, imposant au nom de Dieu et de l'évangile une politique qui ne pouvait être que celle des hommes qui la conceaient et en tiraient profit.
Pas plus aujourd'hui qu'hier, le rassemblement d'église n'est l'instance compétente pour l'élaboration d'un programme et d'une action politiques. Aux blocages de droite dont l'église a tant souffert (il serait plus exact de dire "par lesquels elle a tant fait souffrir") dans le passé, ne substituons pas les blocages de gauche qui se révèleraient, à plus ou moins brève échéance, tout aussi nociffs.
Le rassemblement d'église ne peut que renvoyer les hommes à leurs responsabilités. Il ne peut être ni l'alibi qui les dispenserait d'agir, ni le remède miracle qui les dispenserait d'acquérir une compétence politique et de s'engager activement dans les multiples rouages de la société, dont c'est la finalité, de la faire avancer.
Un rassemblement d'église ne doit jamais céder à la tentation d'identifier l'évangile avec l'idéologie politique de l'un ou de la totalité de ses membres. Quelle que soit l'adéquation qu'ils peuvent percevoir entre l'un et l'autre, ils doivent respecter l'autonomie de l'un par rapport à l'autre et ne pas abdiquer leur responsabilité d'hommes en la faisant assumer par l'évangile.
L'échec des démocraties chrétiennes, après celui des fascismes chrétiens et des monarchies chrétiennes, doit nous mettre en garde contre la tentation d'un socialisme chétien. C'est l'adjectif qui est ambigu dans la mesure où il insinue une identification du substantif avec le projet évangélique, car cette identification n'est tout simplement pas possible.
Cela condamne l'église, en tant que telle, à une certaine inefficacité politique. C'est vrai. Il me semble neanmoins nécessaire de maintenir que ce n'est pas à elle mais à ses membres (sans aucune exception) qu'il revient de s'engager à plein dans le combat politique pour un monde meilleur.
4/- Fonction critique de la foi

Cette affirmation ne condamne cependant pas l'église à un "apolitisme" passif qui favoriserait en fait l'ordre établi. Si l'annonce du royaume ne constitue pas en elle-même un programme politique, elle n'en fournit pas moins un critère de jugement. Les exigences de la foi sont et seront toujours un ferment critique à l'égard des réalisations politiques. La plénitude du royaume qu'elle annonce sera toujours au-delà des réalisations, même les plus séduisantes et encourageantes.
A certaine époque les chrétiens en ont conclu qu'ils ne devaient ni prendre ni exercer le pouvoir; que le pouvoir, en soi, comportait des pesanteurs telles qu'il les entraînerait à trahir leur foi. Ils n'avaient pas complètement tort, mais ils n'avaient pas non plus raison. L'évangile ne leur demande pas de renoncer à l'exercice du pouvoir, mais il demande à tous les pouvoirs de se soumettre à la critique de sosn esprit. Rien n'est pire qu'un chrétien au pouvoir qui croit incarner l'esprit !

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pour une nouvelle église, Seghers, 1971, pp 207 à 214.

 

 

yvanbachy13@gail.com

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