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Publié par BALCHOY

LE CAPITALISME MONDIALISE EST UN MONSTRE DESTRUCTEUR (ANDRE TOSEL)-REEDITION

 

 
De : Michel Peyret [mailto:michel.peyret@gmail.com]
 

Pour André Tosel, «  la soumission réelle des activités au capital est l'autre face de l'impératif de l'accumulation financière et de son "plus de jouir en toc". L'Argent est objet d'accumulation infinie pour autant qu'il conditionne la jouissance narcissique, non plus aux seuls biens, mais à sa possession illimitée comme fétiche. Pour ceux qui n'en ont pas assez et en désirent "encore", il faut consentir à l'auto-exploitation pour accéder à la spéculation, cette modalité perverse du franchissement de la jouissance. Celle-ci est jouissance à mort: les gains hors norme ne peuvent remplir le vide du fétiche et naît alors le désir de détruire en hyper-spéculant (sur le dos des autres aussi), en risquant des pertes hors norme que la collectivité est sommée de réparer. Ou bien le non performant n'a plus qu'à se suicider sur place... »
André Tosel réussit à faire un tableau-bilan actualisé des manifestations consécutives à la gestion du capital, du Monstre.
Mais il est des évolutions qu'il ne peut prédire !
Michel Peyret

 

Je vous engage à vous référer à  l'article intégral d'André Tosel à l'adresse suivante.

 

https://mail.google.com/mail/u/0/?pli=1#inbox/1451b2a8ae847785 

 

 

 

André Tosel : "Il se manifeste une multitude ?de résistances au capitalisme"
 

  le 24 Juillet 2013

 

André Tosel : "Il se manifeste une multitude ?de résistances au capitalisme"
À partir du constat que le capitalisme est devenu un monstre destructeur, André Tosel invite ?à ancrer dans l’idée d’un «?monde commun?» ?toute pensée de transformation révolutionnaire.
Né à Nice en 1941, André Tosel est professeur émérite ?de philosophie à l’université de Nice Sophia-Antipolis, ?où il a dirigé de 1998 à 2003 le Centre de recherches d’histoire ?des idées. Agrégé ?de philosophie en 1965 ?et docteur d’État ?en philosophie en 1982, ?il a enseigné à l’université de Besançon, ainsi ?qu’à Paris-I Panthéon-?La Sorbonne. Il est l’auteur de très nombreux ouvrages portant notamment ?sur la philosophie italienne et continue à collaborer ?aux revues la Pensée ?et Actuel Marx. Spécialiste de philosophie politique, ?il a travaillé sur Spinoza, Hegel, Marx, Gramsci ?et sur plusieurs penseurs marxistes. Ses travaux portent sur la rationalité moderne, ainsi que ?sur les philosophies ?de la mondialisation….
Au XIXe?siècle, Marx pensait que le capitalisme creusait sa propre tombe… Qu’en est-il en ce début de XXIe?siècle??
André Tosel. Depuis que le mouvement ouvrier existe on a souvent fait la constatation que le capitalisme a atteint ses dernières limites. A la fin du 19° siècle les théoriciens de la II° Internationale , les socialistes allemands ou encore Jaurès ont pensé que l’on sortirait bientôt de l’ère capitaliste par la démocratie. Mais le capitalisme a toujours déplacé sa crise de sorte qu’il se trouve en état permanent de crise rendant le possible tout à fait impossible. Il a jusqu’à présent toujours réussi à diviser ses adversaires sauf dans la période de la révolution léniniste qui reste de ce point de vue un cas exceptionnel et qui a échoué avec le stalinisme.
L’autre constatation que l’on peut faire est que nous vivons une crise d’une gravité égale à celle de 1929, mais ceux qui se nomment "progressistes", notamment les communistes se trouvent pris en quelque sorte à contre pied puisque les changements dans la société sont contrôlés si ce n’est  impulsés par les forces capitalistes qui exploitent à leur profit la plasticité humaine
La soumission réelle des activités au capital est l'autre face de l'impératif de l'accumulation financière et de son "plus de jouir en toc". L'Argent est objet d'accumulation infinie pour autant qu'il conditionne la jouissance narcissique, non plus aux seuls biens, mais à sa possession illimitée comme fétiche. Pour ceux qui n'en ont pas assez et en désirent "encore", il faut consentir à l'auto-exploitation pour accéder à la spéculation, cette modalité perverse du franchissement de la jouissance. Celle-ci est jouissance à mort: les gains hors norme ne peuvent remplir le vide du fétiche et naît alors le désir de détruire en hyper-spéculant (sur le dos des autres aussi), en risquant des pertes hors norme que la collectivité est sommée de réparer. Ou bien le non performant n'a plus qu'à se suicider sur place.
On a bien là des formes inédites du mode d'existence en capitalisme mondialisé qui exigent de croiser la critique du fétichisme selon Marx et la théorie psychanalytique du fétiche. "Pas d'argent sans travail. pas de travail sans exploitation, pas d'exploitation sans dette infinie". Voici une des formules du Monde Monstre qui dévore l'existence des masses humaine , consume la terre, détruit toute production de sens dans l'illimitation insensée de sa démesure obsessionnelle. Le capitalisme mondialisé est la véritable névrose obsessionnelle de l'humanité qui détruit l'être au monde comme monde commun. La plasticité humaine court le risque de son autodestruction.
Comment résister à ces nouvelles formes d’aliénation??...
Il ne faut pas participer à la désolation générale sous peine d'en être le complice. Aujourd'hui des hommes et des femmes luttent et résistent. Toute analyse critique devrait comporter obligatoirement en contre -champ des récits d'expériences, des exposés de pratiques alternatives en Europe et dans le monde entier , à tous les  niveaux. Un média comme l’Humanité peut jouer à ce sujet un grand rôle. …

Il y aurait donc une sorte d’individualisation ?de l’exploitation capitaliste. Est-ce à dire ?que les antagonismes de classes ont disparu??
André Tosel. Disons qu’ils se sont  émoussés, l’idée du "No future" selon laquelle   on ne peut pas faire autrement  s’étant ancrée dans les esprits. Il faut encore une fois tenir compte de  l’attrait qu’exerce sur l’homme l'idée de devenir auto-entrepreneur. Cette idée a pour noyau rationnel l'effort pour libérer sur le plan imaginaire la puissance que chacun met à faire quelque chose de sa vie. L’activité humaine se maintient toujours comme effort positif pour vivre, pour contrecarrer ce qui l'oppresse et la contraint. Il faut compter encore sur cet irréductible avant qu'il ne  soit lui aussi totalement "managé"….
Cela dit, la lutte des classes reste en un certain sens le moteur de l’histoire. Si les ouvriers ont subi une défaite historique sous les coups de la mondialisation, il ne faut pas oublier que les capitalistes ne cessent de mener cette lutte pour les raisons structurales, pour maintenir leurs taux de profit en s'immunisant apparemment dans la finance
Comment se constituent ces classes subalternes et dans quelles conditions pourraient-elles s’allier avec la classe ouvrière??
André Tosel. Il n’existe plus de classe ouvrière centrale car il n’y a plus d’usines fordistes comme en 1920 à Turin chez Fiat où les ouvriers étaient comme une armée concentrée en un même lieu. Il existe un salariat qui contient des réserves de puissance sociale, la lutte pour le salaire et le salaire élargi aux contribution sociales étant stratégique. …
Les classes subalternes partagent les mêmes difficultés mais aussi les mêmes espérances que la classe ouvrière segmentée. Elles sont constituées de tous ceux dont le travail est nécessaire mais qui sont en position seconde , dominée. On y trouve les petits employés et les fonctionnaires, ce qui reste de la petite paysannerie et de l’artisanat; les précaires, les immigrés… Ils subissent une forme d’exploitation collective. Par exemple les enseignants : ils sont mal payés, mal considérés , soumis aux diktats des pseudo pédagogies modernistes, leur formation initiale et continue est réduite. Mais les résistances moléculaires existent et elles finissent par  franchir des seuils et s'organiser en ensembles plus vastes….
Pour plagier Gramsci, peut on dire que nous vivons une époque où le vieux idéologique tarde à mourir tandis que le neuf peine à naître et à s’imposer ?
André Tosel. Je n’en suis pas sûr et faisons attention: le neuf, on le voit avec le nouveau management des travailleurs, n’est pas toujours quelque chose de  positif ! Le nouveau, c’est aussi la folie financière actuelle qui mène la planète au pire. Mais cela peut être positif pour l’homme si la créativité est collectivisée, socialisée de façon à ce que les citoyens et les sujets ne soient pas les victimes de leur propre situation. Je dirai que globalement le neuf fait partie de cette plasticité humaine indéterminée avec sa part d’équivoque, car toujours susceptible d’être manœuvrée par les forces capitalistes.
Si l’on regarde maintenant ce qui se passe à gauche, on voit poindre des idées et des concepts nouveaux, socialisme du 21° siècle en Amérique du Sud, éco-socialisme en Europe, éveil politique, social et écologique des masses chinoises. Ce qu’il faudrait maintenant ce sont une fois encore des conversions de pratiques qui permettraient de produire et de parler un langage commun. Selon moi ce langage commun peut continuer avoir trois mots pour base : liberté, égalité, commun.
Au fond il faut revenir à une version radicalisée des droits humains personnels, pas seulement la liberté, mais les droits effectifs c'est-à-dire l’égalité. Comment alors reformuler la fraternité  selon l'idée du commun, c'est-à-dire du vivre ensemble, pour coopérer, pour coexister. L'idée de monde commun est philosophiquement l'idée centrale pour toute analyse critique et pour tout projet de transformation révolutionnaire….
Mais avec ce qui s’est passé au 20° siècle, dans les pays dits «  communistes », le communisme n’est-il pas sur le plan idéologique, définitivement condamné ?
André Tosel. Je crois que l’on est loin d’en avoir fini avec l’analyse de ce qui s’est passé en Union Soviétique et dans les pays gouvernés par des sociaux-démocrates se réclamant du marxisme.

Un nouveau communisme est à inventer sur la base de la critique de ce qui a été fait ou manqué dans le passé. Cependant en même temps supprimer toute référence aux fondamentaux du communisme serait se démunir. Ces fondamentaux sont à redéfinir partir du devenir Monstre du Capital Monde. …


Ce n’est pas parce que le mot "communisme" a été imprononçable longtemps qu’il a perdu son sens. Cela implique notamment assumer toute la dimension utopique-réaliste du communisme, utopie voulant dire se transporter dans un lieu qui n’existe pas encore mais qui permet une  vie réelle, non pas un autre monde séparé, mais un monde simplement autre, purifié de ce qui fait de notre monde un non monde pour des masses immenses….
Sur le plan politique, on assiste à la constitution d’une nouvelle classe dirigeante auto-proclamée  et auto-sélectionnée, réunissant des hommes politiques néo-(socio-)libéraux formant avec leurs  nuances le parti unique du capital et de ses fractions, des dirigeants d'entreprises, des banquiers et traders, des  universitaires de régime, des experts avec ou sans compétence, des médiacrates. Cette classe transnationale mais localement active constitue une nouveauté en ce qu'elle constitue les réseaux transnationaux moléculairement inscrits dans le local, notamment dans les villes globales, ces nouveautés absolues. Ce sont ces réseaux qui prennent après analyse, dans les initiatives décisives qui soumettent les Etats en commandant le remboursement des dettes, en déconstruisant les services publics, en programmant la réduction de la valeur de la force de travail, en promouvant la concurrence entre travailleurs au prix de l'essor des conflits identitaires, en pilotant le surendettement des pauvres, ce moyen de domination nouveau, en encourageant le sur-enrichissement des riches, en développant un individualisme cynique et  sans pitié, en ouvrant les vannes de sa démesure.
On a un bon exemple de cette gouvernance surdéterminée par la domination de la finance avec les institutions et les mécanistes anti-démocratiques qui structurent la Communauté Européenne autour de l'euro et font d'elle la sainte Alliance du Monstre capital béni par les Eglises chrétiennes. Cette Sainte Alliance de l'Argent devient criminelle structurellement et le capitalisme en est délégitimé. Ce qui a été infligé à la Grèce devrait servir d'avertissement quant au futur qui menace
 

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Entretien réalisé par Philippe Jérôme

 

 

 

 

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