LA LIBERTE DANS L'OEUVRE DE DOSTOÏEVSKI : ÊTRE LIBRE, CE N'EST PAS CHOISIR A TOUT VENT, C'EST ÊTRE SOI-MÊME. (341)
Impossible de vivre l’amour du Christ sans ressentir au fond de son cœur le désir de pardonner tout e offense à l’image du Père céleste.
La peine du criminel ne peut être une compensation haineuse du mal commis ; le but demeure toujours le redressement du criminel dans sa dignité humaine sa réintégration aussi dans la communauté sociale. L’auto-conversion personnelle est le meilleur moyen de diminuer la criminalité.
« Non, le peuple ne nie pas le crime ni n’ignore point que le criminel est coupable. Le peuple sait seulement qu’il partage lui-même la culpabilité de chaque criminel Mais en s’accusant, il prouve qu’il ne croit pas au « MILIEU » ; il croit au contraire que le « MILIEU » dépend de lui, de son incessant repentir et de son propre perfectionnement.
Energie, travail, lutte, voilà par quoi sera transformé le « MILIEU ». C’est seulement par le travail et la lutte que seront conquis l’indépendance et le sentiment de la dignité personnelle.
Conquérons cela, nous deviendrons meilleurs, et le « MILIEU » en sera lui-même amélioré. Voilà ce que ressent profondément le peuple russe. (1)
Journal d’un écrivain », 12873, page 115.
La peine de mort n’a aucun e place dans une telle perspective.
Dostoïevski qui l’avait en quelque sorte expérimenté subjectivement puisqu’il s’était trouvé un jour devant un peloton d’exécution, en était un farouche adversaire :
« Que se passe-t-il à ce moment-là dans l’âme humaine et dans quelle affres ne las plonge –t-elle pas ? Il y a là un outrage à l’êtreni plus ni moins. Il a été dit : « Tu ne tueras point ». Et voici que l’on tue un homme parce qu’il a tué. Non, ce n’est pas admissible. Ce n’est pas une fantaisie de mon esprit ; savez-vous que beaucoup de gens s’expriment de même ? Ma conviction est si forte que je n’hésite pas à vous la livrer. Quand on met à mort un membre, la peine est incomparablement plus grave que l’assassinat. Pourquoi infliger à la nature humaine un affront aussi grave qu’inutile. » (2)
(2) « L’Idiot », page 26-27.