LA LIBERTE DANS L'OEUVRE DE DOSTOÏEVSKI : ÊTRE LIBRE, CE N'EST PAS CHOISIR A TOUT VENT, C'EST ÊTRE SOI-MÊME. (340)
Dostoïevski fut toujours un farouche adversaire de la doctrine du « milieu » qui, arguant de la mauvaise organisation sociale en déduit qu’on ne peut y vivre sans protestation et sans crime. <rien n’est plus opposé à l’esprit chrétien.
Celui qui délibérément a commis un délit s’est par cela même séparé de la communauté humaine.
Il ne pourra la réintégrer qu’en se reconnaissant ouvertement coupable de son délit et en acceptant de la réparer, mieux en exigeant cette réparation, condition de son salut.
Le pouvoir judiciaire n’est donc pas intrinsèquement mauvais ; on ne pourrait même s’en passer concrètement et l’important n’est pas de l’accepter ou de le rejeter en bloc, mais de l’aménager pour le rendre plus humain en rejetant toute idée de haine ou de vengeance.
Toute l’humanité porte en effet une responsabilité collective vis-à-vis de tout le mal commis sur terre.
Si le coupable a enfreint la loi que la terre lui avait prescrite, tous les hommes sont responsables en un sens de cette mise en jugement. (1)
(1) « Journal d’un écrivain », 1873, page 113 ; CF. Khomiakov : « Dans tout crime la société a une part plus ou moins grande de responsabilité…Le châtiment, suite de la faute a pour but de la corriger. (A.S. Gratieux, ouvrage cité, tome II, page 193.
Certaines conditions sont requises de celui qui veut exercer la profession de juge :
« Souviens-toi que tu ne peux être le juge de personne. Car, avant de juger un criminel, le juge doit savoir qu’il est lui aussi criminel que l’accusé et peut-être plus que tous coupable de son crime. Quand il l’aura compris, il pourra être juge. (2)
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« Les Frères Karamazov », page 346 ; dans le jugement, écrit Khomiakov, soyons miséricordieux ; souvenons-nous que dans chaque délit particulier, il y a plus ou moins faute de la société qui défend trop peu ses membres contre les premières tentations, qui ne s’inquiète pas de leur formation chrétienne dès les premières années .
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Ne punissez pas de mort le criminel ; il ne peut plus se défendre.
Il est honteux pour un peuple viril de tuer un homme sans défense et pour le chrétien, c’est un péché d’ôter à un homme la possibilité de se repentir. CF. A.S. Gratieux, ouvrage cité, page 204.