2 2-09-25- RECONNAISSANCE ENFIN DE L'ETAT PALESTINIEN PAR LA FRANCE ET D'AUTRES ETATS (ILYES RAMDANI - MEDIAPART)
Pour la France, c’est enfin l’heure de l’État palestinien
Après avoir promis durant des années de franchir le pas « le moment venu », la France va reconnaître l’État de Palestine, lundi à New York. L’aboutissement d’une longue hésitation d’Emmanuel Macron et une victoire au goût amer pour la cause palestinienne.
que sur les quinze dernières années, Anne Tuaillon ne compte plus « les campagnes, les tractages, les valises de cartes postales portées à l’Élysée, les pétitions »… Forcément, pour la présidente de l’Association France Palestine Solidarité (AFPS) comme pour toutes celles et ceux qui militent en ce sens depuis des décennies, la reconnaissance de l’État de Palestine par la France, que doit annoncer Emmanuel Macron lundi 22 septembre à New York (États-Unis), représente « quelque chose de très important ».
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À l’Élysée, on insiste sur le caractère « historique » du discours que prononcera le président de la République devant l’Assemblée générale des Nations unies, peu après 21 heures (heure française). « C’est l’aboutissement de quarante ans de diplomatie française durant lesquels on a revendiqué le droit pour les Palestiniens d’avoir un État », souligne le chercheur Thomas Maineult, auteur d’une thèse sur l’histoire de la cause palestinienne en France.
Tout cela nourrit, ces jours-ci, un sentiment de fierté au sommet de l’État. Les conseillers d’Emmanuel Macron appellent à voir dans la liste des cent-quarante-deux pays qui se sont associés à la « déclaration de New York » cet été, la « performance impressionnante » de la diplomatie française. Un conseiller de l’exécutif tente même un parallèle avec le discours de Dominique de Villepin condamnant en 2003, sous la présidence de Jacques Chirac, l’intervention américaine en Irak.

À l’évocation de ce parallèle, l’ancien premier ministre soupire. « Le premier devoir d’une diplomatie, c’est le devoir de lucidité, tance Dominique de Villepin. On ne peut pas vouloir mettre en scène ou orchestrer un moment diplomatique en oubliant qu’un génocide est en train de se dérouler à Gaza. » C’est là que le bât de la « séquence » new-yorkaise, comme disent les stratèges en communication, blesse.
Même chez les hérauts de la cause palestinienne en France, la reconnaissance du 22 septembre a un arrière-goût d’amertume. Une victoire, certes, mais trop tardive pour être célébrée, disent en substance celles et ceux qui poussent depuis des années pour que l’Élysée franchisse le pas. « Pour l’instant, ça n’est que du domaine du symbole, note Anne Tuaillon. Si ça en reste là, s’il ne s’agit que de reconnaître un État colonisé et un peuple qui vit sous apartheid, ça revient à ne rien reconnaître du tout. Ça sera même une entrave à l’autodétermination des Palestiniens. »
Un succès diplomatique
Un scepticisme qui hérisse l’exécutif, déçu que le geste du chef de l’État ne recueille pas plus de soutien au sein des franges propalestiniennes du monde politique, associatif ou culturel. Les images des massacres à Gaza « obsèdent » Emmanuel Macron, assurent ses proches. « Il n’en dort plus », a récemment confié Brigitte Macron à deux de ses interlocuteurs. Un conseiller élyséen du premier cercle nous implore presque de le croire : « Ce qu’il fait sur la reconnaissance, c’est très sincère. Il n’y a pas d’arrière-pensées politiques. Il a même plus de coups à prendre qu’autre chose. »
Sur le plan diplomatique aussi, le pouvoir estime avoir relancé une solution à deux États plus « enlisée » que jamais, après le double échec du processus né des accords d’Oslo en 1993 et de la tentative amorcée par Donald Trump lors de son premier mandat à la tête des États-Unis, matérialisée par les accords d’Abraham, à partir de 2020. Lundi, la France devrait faire partie de dix pays ayant reconnu l’État de Palestine en l’espace de quarante-huit heures. Le Royaume-Uni, le Canada et l’Australie ont franchi le pas dimanche après-midi – cent-cinquante pays dans le monde l’ont déjà fait.
L’ancien ambassadeur Michel Duclos, pourtant sévère sur la portée de la décision française, n’en salue pas moins « une forme d’exploit diplomatique ». « Tous ceux qui disaient que la France n’a plus de capacité d’entraînement se sont trompés », pointe l’ancien diplomate, désormais expert à l’Institut Montaigne et auteur de Diplomatie française (Alpha, 2024). L’exécutif y voit le résultat de l’implication personnelle d’Emmanuel Macron et de Jean-Noël Barrot, son ministre des affaires étrangères.
« Le président y passe désormais une grande partie de son temps, note son entourage. Derrière la reconnaissance, il y a des dizaines d’appels aux chefs d’État du monde entier pour que cette décision ait un vrai impact. » Au cœur de l’été, alors que le débat agitait la majorité travailliste à Londres, les échanges directs entre Jean-Noël Barrot et son homologue, David Lammy, ont contribué à convaincre l’exécutif britannique et le premier ministre, Keir Starmer. « Le fait d’accélérer a mis les autres acteurs dos au mur, décrypte une source diplomatique. Par rapport à leurs opinions publiques, les choses devenaient intenables pour eux. »
Plus récemment, ce sont les tergiversations de la Belgique qui ont cristallisé l’attention du pouvoir. Face aux hésitations de Bart De Wever, le premier ministre, le Quai d’Orsay a abreuvé la diplomatie belge de notes et d’argumentaires pour venir à bout des réticences du Mouvement réformateur (MR), composante libérale et droitière de la coalition au pouvoir. Bruxelles a fini par annoncer son ralliement à la dynamique française début septembre, tout en conditionnant la formalisation de la reconnaissance à la libération des otages.
L’exécutif peut donc, à juste titre, se targuer d’avoir évité le piège de l’isolement que lui tendaient Israël et les États-Unis, inlassables pourfendeurs de la reconnaissance de la Palestine. Même l’administration Trump, qui avait mitraillé ses partenaires de télégrammes diplomatiques pour tuer dans l’œuf la conférence franco-saoudienne prévue en juin, semble s’être résignée. Paris a noté avec soulagement que Donald Trump s’est contenté de dire son « désaccord » à son allié britannique Keir Starmer, jeudi en marge d’un entretien bilatéral, tout en semblant le minimiser. « Ils ont compris qu’on était déterminés », sourit une source officielle à Paris.
Pressions israéliennes et divisions internes
Une première tentative, en juin, est annulée à la dernière minute. La décision de Benyamin Nétanyahou, le premier ministre d’Israël, de bombarder l’Iran quelques jours auparavant conduit la France et l’Arabie saoudite à reporter leur raout. Paris et Riyad finissent par s’accorder sur une nouvelle date fin septembre ; un délai qui paraît une éternité vu de Paris, alors que les pressions s’accentuent pour saboter la dynamique enclenchée.
Le gouvernement israélien multiplie les menaces de représailles, évoquant même de parachever l’annexion de la Cisjordanie si la France allait au bout de sa démarche. Pendant que Benyamin Nétanyahou met en scène sa rupture avec le président français, la décision d’Emmanuel Macron suscite son lot de critiques en France. Les représentants de la communauté juive, en tête desquels les dirigeants du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), font passer à l’Élysée un message simple : ce n’est pas le moment de reconnaître la Palestine.

« Depuis les années 70 ou 80, un clivage profond persiste sur le sujet, soulève l’historien Thomas Maineult. Déjà lorsque Yasser Arafat visitait la France, le Crif s’exprimait de manière très hostile. Dans les années 2010, ces critiques redoublent d’intensité lorsque se télescopent la cause palestinienne et des expressions d’antisémitisme. »
Fait inédit en matière diplomatique : la reconnaissance de la Palestine suscite peu d’enthousiasme au sein même de la coalition au pouvoir. La droite Les Républicains (LR) est contre et plusieurs figures issues du parti présidentiel, comme la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, ou le secrétaire général Gabriel Attal, ont exprimé de vives réserves sur le sujet. À la tête du parti Horizons, Édouard Philippe a fini par se rallier à la décision présidentielle, après avoir publiquement exprimé ses doutes.
La promesse oubliée de François Hollande
Autant d’entraves qui expliquent pourquoi la France a si longtemps repoussé le moment de la reconnaissance. François Hollande n’a jamais franchi le pas entre 2012 et 2017, malgré une promesse de campagne présidentielle. Sous la pression de Manuel Valls, son premier ministre de 2014 à 2016 farouchement opposé à un tel geste, le dirigeant socialiste avait fini par jeter son engagement aux oubliettes.
À l’époque, pourtant, le PS avait la majorité à l’Assemblée nationale et au Sénat ; les deux chambres avaient voté des résolutions exhortant l’Élysée à franchir le pas ; des poids lourds de la majorité, comme la députée Élisabeth Guigou ou le ministre de la défense Jean-Yves Le Drian, s’activaient en ce sens. Ni François Hollande ni son ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, n’ont jugé opportun de tenir leur promesse. « Ils ont manqué de courage, en considérant que ça n’était jamais le bon moment », souffle aujourd’hui un des protagonistes des discussions de l’époque.
Persuadé de l’inflammabilité du sujet, Emmanuel Macron consacre une grande partie de son temps depuis trois mois à baliser la piste. Le président du Crif, Yonathan Arfi, et le grand rabbin de France, Haïm Korsia, ont plusieurs fois été reçus à l’Élysée et au Quai d’Orsay. Un dîner a récemment été organisé en présence de personnalités juives, dont Alain Finkielkraut, Bernard-Henri Lévy ou Pascal Bruckner, pour « expliquer sa décision », selon l’entourage présidentiel.
NOTE D'YVAN BALCHOY
Aucune "neutralité" n'est légitime, Madame Marechal, ce matin sur la malfaisante Europe 1, face à un génocide qui ne cache pas sa volonté d'éteindre un peuple de son territoire.
Je trouve cet article de Mediapart bien charpenté mais trop modéré à mes yeux, quant aux enjeux en cours.
J'irai même plus loin que la position de ce très intéressant média en prenant une position qui certainement ne sera pas celle de Monsieur Macron.
Devant les propos extrémistes de l'auteur et exécuteur responsable du Génocide de Gaza, il n'y a plus place dans la communauté internationale pour un état "sioniste" au nouveau sens du mot, état qui non seulement est en guerres successives avec tous ses voisins depuis 1948 mais provoque un massacre-génocide qui ne lui donne pas plus de représentativité internationale que ne l'avait l'Afrique du Sud de l'apartheid.
Le 7 octobre fut un crime ignoble anti israélien que je condamne comme les les dizaines de massacres ou plus venant de l'état dit "sioniste" contre ses voisins de tout horizon.
Reconnaître une Palestine acceptant le droit International c'est en même temps cesser de reconnaitre provisoirement un régime liant l'existence d'Israël à l'expulsion d'un peuple de son territoire et de sa souvaineté.
Je ne dis nullement qu'un état refuge et autoprotecteur de juifs devient impossible à l'ouest du Jourdain, il a toujours sa place mais le criminel qui en fait un état voyou devra tôt ou tard être démis par le peuple israélien ou une démarche internationale et remplacé par une autre autorité reconnue humaniste reconnue aussi internationalement y compris par le peuple Palestinien.
Quant au criminel Nétanyahu, fidèle à l'enseignement du plus grand Juif de l'Histoire, je ne souhaite nullement sa mort mais que justice soit faite face à son rôle dans le martyr d'un peuple ainsi que pour tous ceux sur terre qui comme lui massacrent des populatjons civiles.
En terminant cet article j'entends sur le même média les aboiements d'un "zéro" qui déshonore ceux qui lui se font porte-parole de sa voix haineuse.