13-03-25- Aux États-Unis, Bernie Sanders en tournée pour organiser la résistance (PATRICIA NEVES- MEDIAPART)
Le sénateur arpente les États-Unis pour lutter contre « l’oligarchie » et présenter une alternative crédible à Donald Trump. Face aux milliardaires qui se sont emparés du pouvoir outre-Atlantique, l’icône de la gauche a pour ambition de monter une armée de gens ordinaires.
(Wisconsin, États-Unis).– Aux abords de l’université publique Wisconsin-Parkside, des vaches broutent devant un ballet incessant de voitures. Plus loin, en ce vendredi 7 mars, des grappes de gens marchent sous des températures glaciales. Tous convergent vers le grand complexe sportif de l’établissement comme si l’enceinte s’apprêtait à accueillir l’immense concert d’une rockstar. Seulement, la tête d’affiche invitée à monter sur scène ce soir-là approche tranquillement des 84 ans. Elle porte des mitaines et dit la même chose depuis plus de quarante ans. Et pourtant, elle continue à attirer les foules.
Bernie Sanders a rassemblée 3 500 personnes vendredi à Kenosha, une petite ville du Midwest. « Je ne savais pas que Kenosha comptait autant de gens », a ironisé le sénateur du Vermont, lorsqu’il a pris le micro peu après 19 heures.
Depuis quelques semaines, l’icône de la gauche progressiste américaine a entamé une grande tournée pour lutter contre ce qu’il appelle « l’oligarchie », contre ces milliardaires qui se sont emparés du pouvoir outre-Atlantique. Dans un contexte politique morose, où l’apathie semble souvent prendre le dessus à gauche face à la frénésie de mesures prises par Donald Trump, Bernie Sanders arpente le pays pour organiser la résistance.

À son âge, il le confie lui-même, il n’est plus candidat à rien. Sa carrière politique peut même sembler, paradoxalement, derrière lui. Il siège au Congrès (à la Chambre des représentants et désormais au Sénat) depuis plus de trente ans. Il vient d’ailleurs d’être réélu pour un quatrième mandat consécutif de sénateur ; son dernier, sans doute.
Mais pour l’instant, pas question de « se cacher sous les couvertures même si nous en avons bien envie. Les enjeux sont tout simplement trop élevés », résume-t-il sous les applaudissements, à Kenosha, avec son franc-parler et son fort accent de Brooklyn.
Des lieux stratégiques
Dans Politico, un ancien conseiller de Bernie Sanders, resté anonyme, décrypte la nature de l’enjeu : Bernie Sanders « tente de paver la voie » pour un successeur et de faire des « questions » qui lui tiennent à cœur « le problème central » pour 2028 lors de la prochaine présidentielle et dès 2026 à l’occasion des élections de mi-mandat. Autrement dit, il cherche à peser non seulement auprès de l’électorat qu’il rencontre sur la route, et qui afflue par milliers, mais aussi auprès des ténors du parti démocrate américain, qui peinent aujourd’hui à trouver leur voix et un message efficace face à Donald Trump.
Dans cette tentative de réorganisation à gauche, et dans sa volonté de voir l’aile gauche progressiste représenter une alternative crédible, Bernie Sanders opère donc méthodiquement. Il ne choisit pas ses déplacements au hasard. Fin février, il s’est rendu dans l’Iowa et le Nebraska, sur des terres conservatrices modérées, y compris des terres en partie remportées en 2020 par Biden et en 2024 par Harris, à l’instar d’Omaha, dans le Nebraska. Le but ? faire pression sur les élus locaux républicains.
Dans quelques semaines, ces mêmes élu·es à la Chambre des représentants auront à voter le budget de Donald Trump, un budget visant à réduire les impôts des plus riches et à diminuer les prestations sociales des plus pauvres. Or, la marge des républicains lors du vote sera très serrée.
L’argent d’Elon Musk
Dans le Wisconsin, un État clé qui bascule tantôt à gauche, tantôt à droite, l’offensive de « Bernie » à Kenosha ce vendredi était beaucoup plus ciblée.
Sur place, depuis plusieurs semaines, Elon Musk investit des millions de dollars à travers son « America PAC », son comité d’action politique qui permet de réunir et distribuer des financements électoraux. Il veut absolument faire élire un juge conservateur à la Cour suprême locale. Le super PAC de Musk a dépensé dans cette seule élection presque 2,5 millions en une semaine seulement, en février, en publicités et opérations de porte-à-porte.
Jusqu’à présent, dans le Wisconsin, les progressistes disposaient d’une courte majorité à la Cour suprême (quatre juges contre trois). Leur vote apparaît d’autant plus important qu’ils auront bientôt à trancher des questions sensibles : les prochaines lois locales encadrant l’accès à l’IVG mais aussi le découpage électoral, crucial dans cet État clé qui votait démocrate depuis 1988 aux présidentielles avant de basculer de justesse à droite, avec Donald Trump, en 2016 et de nouveau en 2024.
Bernie sait tendre la main aux communautés qui hésitent entre démocrates et républicains.
« Notre système de financement des campagnes électorales est corrompu », a ainsi dénoncé Bernie Sanders à Kenosha. Aujourd’hui, les milliardaires « de gauche comme de droite peuvent acheter les élections ». En premier lieu, donc, Elon Musk, l’homme le plus riche du monde qu’il a vilipendé à plusieurs reprises. À lui seul, Musk a financé la dernière campagne de Donald Trump en 2024 (et la campagne d’autres républicains) à hauteur de quasiment 300 millions de dollars.
« Pensez à ce que Musk a payé pour faire élire Trump, a insisté Bernie Sanders à Kenosha. La situation est si absurde qu’il est même intervenu dans une élection ici [l’élection à la Cour suprême du Wisconsin – ndlr]. Si Musk peut intervenir dans une élection dans un État, qu’est-ce qu’il ne peut pas acheter ? » Sanders milite pour que les États-Unis instaurent un financement public des élections.
Dans le complexe sportif de l’université, la simple évocation du nom d’Elon Musk et la question de l’accès à l’IVG a soudain galvanisé la foule, qui a répondu par une standing ovation. « J’espère que vous irez voter lors de l’élection à la Cour suprême », a rappelé Bernie.
La popularité de « Bernie »
« L’attrait de Bernie Sanders est assez simple : les gens lui font confiance. Son message central n’a pas changé en cinquante ans. Dans les années 1970, il se levait contre les millionnaires. Aujourd’hui, il se plaint des milliardaires, explique à Mediapart le journaliste américain Chris Graff, qui suit Bernie Sanders depuis des décennies depuis son fief du Vermont. Il est perçu comme authentique et honnête et il parle dans un langage que tout le monde comprend. »
« Bernie sait tendre la main aux communautés qui hésitent entre démocrates et républicains, ajoute Matthew McManus qui enseigne au département de sciences politiques de l’université du Michigan. Il sait s’adresser directement aux gens, leur parler individuellement, et le faire d’une manière qui n’est pas condescendante. » Il voit les problèmes auxquels les gens ordinaires sont confrontés, les fins de mois difficiles qu’il a lui-même connues enfant, et n’hésite pas à les dénoncer.
À écouter Bernie Sanders à Kenosha, à l’écouter lister les mensonges de Donald Trump et faire un état des lieux critique sur la situation du pays, à l’écouter parler de l’abandon de la classe ouvrière auquel son programme est censé répondre, certain·es dans le public se sont peut-être secrètement interrogé·es sur la responsabilité de Bernie Sanders lui-même dans la crise actuelle.
Sur le fait notamment qu’il s’est récemment allié à la classe politique qu’il dénonce en défendant Joe Biden jusqu’au bout, lors de la campagne présidentielle de 2024, alors que l’administration Biden malgré « quelques gestes timides en direction d’un programme plus populiste sur le plan économique […] est restée très clairement alignée sur les intérêts du grand capital », résume Matthew McManus.
Difficile néanmoins, à Kenosha, de trouver des déçu·es.
Des jeunes s’engagent
À la sortie du meeting de Bernie, Liam, un étudiant de 26 ans, s’inscrit auprès de volontaires pour aller faire du porte-à-porte. « Je peux conduire », précise-t-il. Le discours de Bernie Sanders l’a convaincu de s’engager. Il est disponible les deux prochains week-ends, avant l’élection du 1er avril à la Cour suprême du Wisconsin. « Je ne suis pas déçu par Bernie. Il a parié sur le jeu politique à long terme », confie encore un ami, Alan, âgé de 28 ans, étudiant en psychologie. Lui aussi a décidé de s’engager récemment.
Il a fait du porte-à-porte il y a quelques jours et a rapidement constaté que l’intervention d’Elon Musk à Washington, et dorénavant dans les élections locales, était un point de tension. Même à l’église. « Je vais à l’église avec un gars qui adore Trump, mais qui déteste Musk. Personne n’aime Musk à l’église, explique Alan à Mediapart, c’est bien la seule chose d’ailleurs sur laquelle on est d’accord. »
Plus loin, trois femmes, de trois générations différentes, discutent. « Ce [meeting] était excellent ! », s’exclame l’une d’elles. Toutes sont (ou ont été) des militantes de gauche engagées. La plus jeune, Sarah, professeure de 35 ans, s’est investie pour la première fois en 2015. À l’époque, « Bernie était venu en déplacement à l’université ici, de l’autre côté de la rue, se souvient-elle. J’avais commencé à appeler des électeurs au téléphone pour les inciter à voter. Je continue aujourd’hui. J’aime la façon dont Bernie défend les gens qui sont le plus dans le besoin. J’aime que son message soit resté le même. »
« Moi, je suis très vieille », ironise June, 75 ans. Des trois femmes, c’est celle qui parle le moins. Comme son amie, elle a passé des coups de fil lors de précédentes campagnes : « Pour Kamala Harris, sans beaucoup de succès vraisemblablement. »
« Écouter Bernie est très motivant », s’enthousiasme la troisième, Linda, 64 ans. Elle aussi, par le passé, a participé à ces opérations téléphoniques. « Pendant vingt ans, j’ai travaillé à l’entrepôt d’un distributeur de fournitures médicales. Je jonglais avec les petits boulots, je travaillais aussi au supermarché, je remplissais les rayons. En 2008, entre mes trois mariages et mes trois divorces, je me disais : “Quelle facture je vais pouvoir payer ce mois-ci?” » Alors Linda n’exclut pas aujourd'hui de se réengager : « Quand Bernie a commencé, il lui a fallu plusieurs tentatives avant d’être élu. Bernie n’abandonne pas. »
Le vieux sénateur est déjà reparti. Après le Wisconsin, il a rendez-vous dans un autre État clé, le Michigan.
NOTE D'YVAN BALCHOY
En 1944, c'est vrai l'arrivée d'un militaire autrement habillé que les vert de gris et le Kaki des Belges fut pour moi une grande joie dans cette cloture d'un monastère de dominicaines qui abritait ma familles menacée par les sinistres rexistes qui traîtres à leur pays portaient très mal le titre de leur parti.
Oui ces premiers soldats américains qui risquaient leur vie pour notre liberté restent à mes yeux des héros. Hélas A partir de Truman, en tout cas, les Etats Unis d'Amérique du Nord par leur tête politique m'ont non seulement déçu mais scandalisé au point que je me suis engagé à ne jamais mettre un pied dans ce pays volé aux indiens comme la Palestine a été volée par un peuple qui a beaucoup souffert injustement certes mais qui aurait pu partager avec ses habitants légitimes son lien si ancien à cette même terre. Je sais combien les USA sont un beau pays mais j'ai tenu jusqu'à aujourd'hui ma résolution de dix ans et refusant jusqu'à une escale technique à Chicago et je ne le regrette ni d'avoir boudé l'Espagne dont j'avais appris la langue, encore enfant via ASSIMIL, tant que Franco serait à sa tête; Heureusement j'ai pu bien plus tard apprécier le pays de Cervantes et le passé prestigieux de ceux qu'on appelait des Maures dans la belle Andalousie.
A quand des USA qui tournent la page de l'impérialisme ??