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Publié par JACQUES ALLARD

Publications de l'École française de Rome
Le marxisme au Concile (pp 690 À 702)
Monsieur Jean-Yves Calvez

En 1964, l'encyclique Ecclesiam suam, encyclique inaugurale du pontificat de Paul VI, entraîne la considération de l'athéisme dans le Schéma XIII qui ne le comportait pas jusque-là. À cette occasion, quelques Pères demandent qu'il soit question du communisme, et en termes de condamnation explicite. D'autres souhaitent, au contraire, exclure que le Concile prononce une nouvelle condamnation, craignant qu'elle nuise au dialogue avec les personnes que le Concile veut favoriser, dans l'esprit d'Ecclesiam suam. En 1965, finalement, aprèls un vif incident relatif à une pétition transmise tardivement à la Commission compétente, le Concile se décide à faire seulement référence dans une note aux condamnations répétées du communisme contenues dans les documents antérieurs du magistère. Il ne faut certes pas en conclure que le Concile n'a pas traité du marxisme. Il en a parlé en fait beaucoup, tout au long de Gaudium et spes. Il est déjà très identifiable dans plus d'une allusion de l'exposé préliminaire. Il est visé, d'autre part, expressément comme «la forme de l'athéisme contemporain. . . qui attend la libération de l'homme surtout de sa libération économique et sociale ». Puis, il est à nouveau question de marxisme sous la forme du collectivisme économique et d'un régime laissant le développement «à la seule puissance politique». Également dans l es propos sur le totalitarisme. Et il s'agit encore du marxisme, entre autres, quand l'Église revendique son droit à «enseigner sa doctrine sur la société. . ., et porter un jugement moral, même en des matières touchant le domaine politique, quand les droits fondamentaux de la personne et le salut des âmes l'exigent». Au total, le Concile n'a pas redouté de s'en prendre à des Gouvernements, cependant l'esprit du dialogue avec les personnes a orienté toute la manière dont le Concile a traité du marxisme. (Résumé)

C'est finalement l'esprit de dialogue d'Ecclesiam suam qui a continué de l'emporter : quoiqu'il en soit des différences, quoiqu'il en soit même des plaintes que l'Église est amenée à exprimer au sujet de l'injuste traitement infligé à des croyants en raison de leur foi, elle ne veut pas se contenter de faire front, mais, comme le dit le n.3 de Gaudium et spes, par amour pour toute la famille humaine, elle souhaite toujours dialoguer avec elle sur les problèmes essentiels pour l'homme. Le dialogue est parfois difficile, il est même impossible en certaines circonstances, Paul VI l'avait déjà clairement dit. Il n'en est pas moins au fond toujours souhaité par l'Église. Il est question aussi du monde marxiste quand le Concile écrit : «L'Église, tout en rejetant absolument l'athéisme, proclame toutefois, sans arrière-pensée, que tous les hommes, croyants et incroyants, doivent s'appliquer à la juste construction de ce monde dans lequel ils vivent ensemble : ce qui, assurément, n'est possible que par un dialogue loyal et prudent» (Gaudium et spes, n. 76, § 6). C'est tout ceci, je pense, qui doit être pris en considération pour présenter la manière dont le Concile a traité du marxisme.

Jean- Yves Calvez
, Jésuite.
- Directeur du Centre de recherche et d'action sociale (1984-1985).
- Directeur de la revue "Études" (1989-1995).
- Professeur à l'Institut d'études politiques de Paris (1962-)

https://www.persee.fr/doc/efr_0000-0000_1989_act_113_1_3397
 

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