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Publié par JACQUES ALLARD

Article de Gilles Questiaux (né en 1958 à Neuilly sur Seine, professeur d'histoire de l'enseignement secondaire en Seine Saint-Denis de 1990 à 2020, membre du PCF et du SNES)

Le communisme est une idée simple et vraie à la portée de tous.

Le projet communiste moderne naît avec le Manifeste du Parti Communiste de Marx et d'Engels, publié en 1848 à Londres, quatre jours avant le déclenchement de la Révolution à Paris.

C'est l'idée de donner un but au progrès qui s'accélère vertigineusement au milieu du XIXème siècle, au progrès des forces productives et du savoir humain, et ce but est une société sans classes, où règne l'abondance et où cesse l'obligation du travail.

Une société où chacun apporte selon ses moyens et emporte selon ses besoins, ce qui est rendu possible par l'abolition des classes sociales et de l'exploitation des travailleurs et des pays colonisés.

Le communisme vise à remplacer le travail contraint dont la forme moderne est le salariat par l'activité libre et l'ordre politique par l'auto-organisation consciente de l'humanité. Choisir d'assigner à l'histoire ce but à long terme, bien différent du but actuel du progrès qui est d'accumuler les aliénations et de détruire la planète, nécessite le renversement de la bourgeoisie par le prolétariat.

La situation révolutionnaire qui peut porter le prolétariat au pouvoir et lui donner la possibilité de supprimer les classes résulte du développement des contradictions internes du capitalisme. Lorsque les contradictions du capitalisme deviennent antagoniques, dans un mouvement irrépressible, c'est la révolution sociale, dont l'issue est le socialisme - ou le retour à la barbarie.

Le socialisme est la période de transition vers le communisme, où subsiste le travail et l'État répressif. Se passer de cette étape pour sauter à pieds joints dans le communisme est tout simplement impossible car cela supposerait que les capitalistes adhéreraient à ce projet.

Si on n'est pas d'accord pour donner un tel but au progrès, si par exemple on pense que la domination de classe est indépassable, qu'elle est à jamais nécessaire pour motiver l'être humain à produire, si on pense que le travail et la guerre sont éternels, on n'est pas communiste.

Et si on ne croit pas au progrès, on ne peut pas être communiste non plus. Ce qui ne signifie pas qu'il faille se prosterner devant toutes les nouveautés techniques produites au service de l'exploitation et de l'aliénation.

La victoire ultime du communisme est bien inscrite à l'horizon de l'humanité, et c'est le seul qu'elle ait. Reste à savoir si le capitalisme ne l'aura pas détruite auparavant.

La première tentative de construire une société orientée dans ce but et dirigée par le prolétariat, la Commune de Paris de 1871, a duré 72 jours. La deuxième, le socialisme réellement existant de L'Union Soviétique, a duré 74 ans. De telles tentatives sont toujours en cours aujourd'hui à Cuba et en RPD de Corée, malgré l'hostilité implacable des États-Unis, qui sont la principale base mondiale du capitalisme et du système médiatique global qui est aligné sur eux. Il en subsiste en héritage important, qui se renforce depuis quelques années en Chine et au Viet-Nam. Il ne faut pas se fier aux idées reçues qui dominent sur tous ces pays, car n'est diffusé dans le grand public en guise de savoir scientifique et d'information objective sur toutes ces expériences qu'une mauvaise propagande de guerre.

Le communisme n'est pas qu'un projet, c'est aussi le matérialisme historique, la science réelle de l'histoire, de la société et de l'économie, dont les jalons ont été posés par Marx dans Le Capital, chef d'œuvre de la pensée théorique, dont le premier volume, le seul qu'il ait achevé, a été publié en 1867. Cette science n'est pas enseignée dans les universités, même si on y parle de Marx, et on ne peut l'apprendre que dans les luttes, à l'aide des classiques de la révolution, et au premier chef dans l'œuvre de Lénine, à condition de n'y voir pas un dogme, mais un guide pour l'action.

Et qu'est ce que le communisme n'est pas ?

Il n'est pas "l'amour", "le partage", la "citoyenneté", "l'en commun", 

il n'est pas le retour au troc, ou la mise en commun de la misère. Le communisme n'est pas un lot de consolation pour les affligés. Pour paraphraser Nietzsche, pourtant l'un de ses principaux ennemis, il est par delà le bien et le mal.

Car le communisme c'est aussi selon les mots de Marx : "la lutte réelle qui supprime les conditions existantes".


GQ septembre 2007 - décembre 2022, relu le 11 février 2025

 

Note sur la bourgeoisie, le prolétariat et les colonies :

La bourgeoisie, c'est la classe des exploiteurs, qui contient les détenteurs des moyens de production et les intellectuels qui servent ou qui justifient l'exploitation. La bourgeoisie a joué un rôle positif dans le passé lorsqu'elle a supplanté les féodaux, mais elle empêche maintenant le progrès de l'humanité vers un stade supérieur parce qu'elle accapare la plus-value produite par les travailleurs, et parce qu'elle impose aux masses, en dominant la culture et l'information, la perception que le monde capitaliste est le meilleur des mondes possible et qu'il est indépassable, au moment où il épuise ses potentialités historiques et envisage un avenir de décroissance, ou de transhumanité.

Le prolétariat, c'est la classe des exploités qui produisent tout : paysans, ouvriers manuels et intellectuels, simples travailleurs, techniciens ou cadres techniques, agents du service public.

Les colonies au sens large sont les pays exploités économiquement et dominés militairement et idéologiquement par L'Empire occidental, dirigé par les États-Unis qui sont devenues la métropole historique du capitalisme.

Le communisme, qui fait entrevoir le "grand soir", n'est pas non plus l'anticipation du Royaume des Cieux sur la terre.  Il fait partie du domaine de la politique terre à terre. 

Le pape Pie XI avait condamné sans appel le communisme et le socialisme dans les encycliques Divini Redemptoris et Quadragesimo Anno. Pie IX avait déjà dénoncé le communisme dès 1864 dans Quanta Cura. En juillet 1949, le Saint-Office excommunie globalement les communistes. D'autres condamnations et mises en gardes furent émises.

Cela veut-il dire que le chrétien n'est pas tout-à-fait libre de choisir son orientation politique en âme et conscience ?  Des chrétiens communistes et même des prêtres communistes existent et ont pu témoigner concrètement de leur attachement aux valeurs de l'Evangile par leur façon de vivre.  Ont-ils pour autant participer à la lutte et parfois à la lutte armée contre les forces de l'injustice ? Certains y ont participé, par exemple dans la Résistance durant la période de l'occupation allemande. 

Aujourd'hui, beaucoup de causes ne pourraient pas être défendues sans un engagement corps et âmes.  Ne dit-on pas "Aide-toi et le Ciel t'aidera ?"

La liberté de conscience est parfois au prix d'une certaine désobéissance par rapport à l'autorité.  Et, chacun lutte pour la Justice, la paix et la fraternité selon ses capacités et ses possibilités.

JA

C'est finalement l'esprit de dialogue d'Ecclesiam suam qui a continué de l'emporter : quoiqu'il en soit des différences, quoiqu'il en soit même des plaintes que l'Église est amenée à exprimer au sujet de l'injuste traitement infligé à des croyants en raison de leur foi, elle ne veut pas se contenter de faire front, mais, comme le dit le n. 3 de Gaudium et spes, par amour pour toute la famille humaine, elle souhaite toujours dialoguer avec elle sur les problèmes essentiels pour l'homme. Le dialogue est parfois difficile, il est même impossible en certaines circonstances, Paul VI l'avait déjà clairement dit. Il n'en est pas moins au fond toujours souhaité par l'Église. Il est question aussi du monde marxiste quand le Concile écrit : «L'Église, tout en rejetant absolument l'athéisme, proclame toutefois, sans arrière-pensée, que tous les hommes, croyants et incroyants, doivent s'appliquer à la juste construction de ce monde dans lequel ils vivent ensemble : ce qui, assurément, n'est possible que par un dialogue loyal et prudent». C'est tout ceci, je pense, qui doit être pris en considération pour présenter la manière dont le Concile a traité du marxisme. Jean- Yves Calvez

https://www.persee.fr/doc/efr_0000-0000_1989_act_113_1_3397

Le marxisme au Concile
Actes du colloque organisé par l'École française de Rome en collaboration avec l'Université de Lille III, l'Istituto per le scienze religiose de Bologne et le Dipartimento di studi storici del Medioevo e dell'età contemporanea de l'Università di Roma-La Sapienza (Rome 28-30 mai 1986)

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