Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Archives

Publié par JACQUES ALLARD

Voulez-vous vraiment vivre la Troisième Guerre mondiale?

19 Décembre 2024 , Rédigé par Réveil CommunistePublié dans #Ukraine#Russie#Impérialisme#GQ#l'Europe impérialiste et capitaliste#États-Unis#Ce que dit la presse#Qu'est-ce que la "gauche"

Voulez-vous vraiment vivre la Troisième Guerre mondiale?

[Publiée sur RC en mars 2023 et mis à jour en décembre 2024, une mise en garde plus que jamais d'actualité, avec la chute de la Syrie qui donne à nouveau des ailes à l'impérialisme.]

Beaucoup de sympathisants de gauche veulent éviter de soutenir « Poutine » ce qui se comprend, par hostilité politique, et surtout par peur d'en retirer une mauvaise réputation.

Certains en sont venus à soutenir les sanctions économiques contre la Russie et les livraisons d’armes à l’armée ukrainienne. Ils n’imaginent même pas qu'on puisse se soustraire au narratif de l’OTAN. A moins qu'ils ne soient tout simplement achetés ou revendus en bloc par leurs dirigeants.

Il est clair que c’est la Russie qui a déclenché la guerre le 24 février contre le régime de Kiev. Il n’en est pas moins clair que la cause de cette guerre réside dans la volonté expansionniste de l’OTAN. Qu’il ne faut pas oublier que l’Ukraine est en guerre civile et en voie de nazification depuis le coup d’État de 2014. Dans ces conditions il faut réfléchir à deux fois avant de prendre parti "pour le camp du bien" tel qu'il est désigné par les médias.

Ensuite il est conseillé de ne pas marcher dans la personnalisation et la psychologisation du conflit. La personnalité de Vladimir Poutine n’a finalement que fort peu de chose à voir avec la question, sauf à adhérer à une conception de l’histoire à la Zemmour ou à la Lorant Deutsch. Il y a des constantes géopolitiques, et aucun gouvernement russe digne de ce nom n’aurait accepté l’intégration de l’Ukraine dans une alliance anti-russe.

De se dire aussi que s’attribuer à soi-même et de distribuer aux autres des certificats de bonne moralité idéologique ça ne sert pas à grand-chose à part à se couvrir de ridicule ; répéter qu’on est contre les « dictateurs » « pour la paix » etc. ce n’est qu’une manière de ne rien faire en proclamant son excellence morale.

Il est significatif que les seuls crimes des nazis ukrainiens qui ont fait bouger un peu les lignes et troublé l’unanimité dans l’union sacrée en jaune et bleu étaient les discriminations, effectivement scandaleuses, qui frappaient les réfugiés non européens qui tentaient de sortir du pays dans la panique généralisée de février 2022. Mais ils ont fait bien pire, ils ont fait le pire, depuis huit ans, dans l’indifférence générale, contre des Russes, des Ukrainiens russophones, des militants de gauche.

Que les militants de gauche français ne soient pas solidaires des militants de gauche ukrainiens ce n’est pas très étonnant vu le ton haineux qu’ils emploient pour polémiquer entre eux pour savoir quel est le meilleur candidat pour perdre les élections. Mais on les a connus plus sourcilleux sur le racisme et l’antisémitisme quand il est assumé sans filtre par des nostalgiques du Troisième Reich.

Retourner au réalisme : on ne peut pas vraiment utiliser le moralisme comme boussole pour dire quelque chose de sensé et d’utile dans cette situation où la folie collective de l’Occident - à laquelle participent au premier rang les forces de la gauche électorale - va bien plus loin que celle qu’on impute si facilement au président russe.

Il faut en revenir au bon sens matérialiste le plus radical : il s’agit de savoir si on veut vivre la troisième guerre mondiale ou non. Dans le déchainement hystérique entretenus par les médias de masse, beaucoup plein d’une excitation morbide qui est le fruit de deux générations d’éducation dans le monde des réalités virtuelles ont l’air de n’espérer que ça.

A toutes fins utiles on peut leur rappeler que contrairement à ce qui se passe dans leurs jeux favoris les participants ne se relèveront pas à la fin de la partie. Nombreux sont les volontaires ou mercenaires qui étaient partis la fleur au fusil pour tenter l’aventure qui ont découverts à leur dépens que la guerre, c’est un jeu moins drôle à jouer quand l’adversaire c'est la Russie qui a mis à terre le Troisième Reich avant eux.

Il s’agit de se lancer, ou non, dans une guerre ouverte de l’OTAN contre la Russie « pour l’Ukraine » qui aboutirait à l’anéantissement de ce pays - et peut être du nôtre.

Les amis des Ukrainiens (qui la plupart du temps ne savaient même pas où placer le pays sur la carte avant le mois de février 2022) feraient bien de s’intéresser à l’intérêt national de ce pays : est-il d’entrer dans une guerre inexpiable avec son puissant voisin en espérant être sauvé par le déclenchement d’une guerre nucléaire, ou de trouver un compromis avec lui sur la base de la démilitarisation, de la dénazification et du respect des minorités ?

Le bourrage de crâne persistant qui consiste à faire croire que l’Ukraine peut gagner la guerre contre la Russie est beaucoup plus bête qu’en 1914 et beaucoup plus pervers parce qu'il incite des Ukrainiens et des spectateurs crédules atteints de donquichottisme à se faire tuer pour rien dans l’attente d’une aide décisive qui n’arrivera jamais et qu'il peut même aboutir à la destruction pure et simple de l’État ukrainien, dessiné par les bolcheviks en 1922 et agrandit vers l’Ouest par Staline en 1945 .

Il ne faut pas oublier qu’avant que les nazis lancent l’épuration ethnique à grande échelle en 2014, la majorité des Ukrainiens étaient des Russes ethniques ou des Ukrainiens russophones. Que les habitants de Marioupol que les Ukrainiens ont pris en otage en 2022 étaient russes. Il y a de fortes chances que l’Ukraine soit démembrée si la guerre dure encore longtemps, d'autant que la diplomatie irréaliste de l'UE se donne quant à elle pour but officiel de démembrer la Russie, ni plus ni moins, ce qui ne lui laisse guère de choix.

Bien sûr on dira que les Russes peuvent aussi perdre la guerre - comme dans le cas syrien. C’est peu probable car elle aussi risque son existence dans l’affaire et elle a déjà montré sa détermination. Et cela ne se passerait pas sans conséquences très fâcheuses pour le monde entier.

Une parabole en forme de test pour finir

Quand tu trouves un nid de frelons à coté de ta maison :

tu dis qu'il n'y a pas de nid, que ce ne sont pas des frelons et qu’il n’y a d'ailleurs pas beaucoup de frelons dedans ?

tu attends que le voisin s’en occupe et tu le critiques quand il le fait parce qu’il n'est pas bio-friendly ?

tu déménages ?

ou tu le détruis ?

Les Russes ont choisi la dernière option, et peut se dire qu'ils ont attendu longtemps, et bien trop longtemps, pour s'y résoudre.

GQ 17 mars 2022, relu le 19 décembre 2024

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article