07-10-24- LE DIRECTEUR DU CABINET DE MICHEL BARNIER EST MIS EN CAUSE DANS L'AFFAIRE DARMANIN/PSG
Le ministre des comptes publics Gérald Darmanin (aujourd'hui à l’intérieur) dans son bureau à Bercy avec son directeur de cabinet, Jérôme Fournel (aujourd'hui patron de la DGFIP), le 17 novembre 2017. © Elodie Grégoire / REA
https://www.mediapart.fr/journal/france/070924/le-directeur-de-cabinet-de-michel-barnier-est-
Le directeur de cabinet de Michel Barnier est mis en cause dans l’affaire Darmanin/PSG
Il y a quelques mois, Mediapart révélait qu’en 2017, Gérald Darmanin et son directeur de cabinet Jérôme Fournel avaient aidé le PSG à ne pas payer des dizaines de millions d’euros de taxes contre la jurisprudence de l’administration fiscale. Ce même Jérôme Fournel vient d’être promu auprès du nouveau premier ministre.
Yann Philippin
7 septembre 2024 à 13h38
BienBien que mis en cause dans l’affaire Darmanin-PSG, Jérôme Fournel vient d’être recruté au poste hautement stratégique de directeur de cabinet du premier ministre Michel Barnier. Mais ce « bien que » introductif n’est-il pas de trop ? Faut-il encore s’étonner de voir promues au sommet de l’État, à l’initiative ou avec le soutien de l’Élysée, des personnalités auxquelles la justice s’intéresse de près ? Emmanuel Macron n’avait par exemple pas hésité à nommer Rachida Dati au ministère de la culture, malgré sa mise en examen dans l’affaire Renault.
Jérôme Fournel est pour sa part soupçonné d’avoir privilégié des intérêts privés, ceux du PSG et de leur propriétaire qatari, au détriment de l’intérêt général et du Trésor public, comme l’a révélé Mediapart en début d’année. Les soupçons sont si sérieux que le 15 janvier dernier, quelques jours seulement après la parution de notre article, des policiers se rendaient dans les locaux de la Direction générale des finances publiques (DGFIP), l’administration fiscale de Bercy, dans le cadre de l’affaire dite des « barbouzeries du PSG ».
Le bureau de Jérôme Fournel a été perquisitionné à cette occasion. Mais c’est comme directeur de cabinet du ministre des finances publiques Gérald Darmanin – poste qu’il occupait en 2017 – que le haut fonctionnaire est mis en cause. En février 2024, face aux éléments accumulés, la justice a même ouvert une information judiciaire distincte, visant spécifiquement cette affaire Darmanin-PSG. Jérôme Fournel est présumé innocent à ce jour et a toujours refusé de répondre à nos questions sur ce sujet.
Souvenez-vous : en juillet 2017, le club redoute d’avoir à payer des impôts et des cotisations sociales sur le montant de l’énorme clause libératoire de 222 millions, qui doit être payée par le PSG à Neymar pour casser son contrat avec le FC Barcelone. Les fiscalistes du club estiment alors que le risque de taxation est « fort » et que la facture pourrait s’établir entre 67 et 224 millions d’euros. Cela commence à faire très très cher pour le transfert d’un seul joueur.
Mais le PSG a des relations. Le soir du 24 juillet 2017, Jean-Martial Ribes, qui est alors directeur de la communication du club, appelle l’ancien député macroniste Hugues Renson, à l’époque vice-président de l’Assemblée nationale, et qui a été mis en examen jeudi pour trafic d’influence dans cette vaste affaire PSG, comme l’a révélé l’AFP.
Un avis contraire à celui de son administration
À l’époque, Hughes Renson intervient auprès de Gérald Darmanin, qui a alors la tutelle de la DGFIP (impôts) et la cotutelle des Urssaf (chargées des cotisations sociales) – le député macroniste recevra peu après des invitations à des matchs du PSG et une photo dédicacée de Neymar avec son fils.
Le même 24 juillet, Jérôme Fournel, alors directeur de cabinet de Gérald Darmanin, reçoit Jean-Martial Ribes et rédige une note au PSG dans la foulée, dans laquelle il indique que l’Urssaf a récemment décidé de taxer des opérations similaires dans le rugby. Dès lors, il donne des conseils au club pour contourner la jurisprudence de sa propre administration.
Trois jours plus tard, c’est gagné pour le PSG : la DGFIP et l’Urssaf Île-de-France délivrent des « rescrits » – engagements écrits – indiquant au club qu’il n’aura ni impôts ni cotisations sociales à payer sur le transfert de Neymar. Un message de l’ex-député Hugues Renson suggère que le ministre des comptes publics était à la manœuvre : « J’étais avec Gérald. On a parlé. Il considère que c’est bon. »
Interrogé sur cette fleur qui a potentiellement coûté des dizaines de millions à la France, Gérald Darmanin avait répondu à Mediapart : « Je suis très heureux que des joueurs de football, de rugby, viennent sur notre territoire et justement payent beaucoup d’impôts. Si Neymar n’était pas venu, aucun impôt n’aurait été payé, aucun maillot n’aurait été vendu en son nom et aucune cotisation sociale ne serait rentrée. »
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Une habile façon de décaler le sujet. Car d’une part, le PSG aurait pu payer lui-même les taxes. D’autre part, cette intervention secrète pose le lourd problème de l’égalité devant l’impôt : combien d’autres clubs, combien d’autres entreprises aimeraient, elles aussi, être aidées de la sorte ? Pourquoi ces choix discrétionnaires ?
Cet enjeu a d’ailleurs été souligné par le syndicat Solidaires Finances publiques, premier syndicat des agent·es de la DGFIP, dans une lettre envoyée le 11 janvier dernier au patron de cette administration, Jérôme Fournel, la veille de sa nomination comme directeur de cabinet du ministre de l’économie… Bruno Le Maire, dont il est également proche.
L’opposition politique s’est, elle aussi, saisie de l’affaire. Le député La France insoumise (LFI) Éric Coquerel, qui disposait en tant que président de la commission des finances de l’Assemblée nationale d’un pouvoir de contrôle sur Bercy, a écrit en janvier à Bruno Le Maire pour lui réclamer des documents sur l’affaire Neymar.
Ces soupçons n’ont cependant pas suffi à dissuader l’Élysée – Jérôme Fournel est un proche du secrétaire général Alexis Kohler – et Michel Barnier de placer le haut fonctionnaire au centre du jeu politique. Comme de coutume.
Yann Philippin
NOTE D'YVAN BALCHOY
La nomination d'un premier Ministre grand Papa du passé pour résoudre le résultat catastrophiques d'une élection législative qui loin d'apaiser la France l'a rendue ingouvernable est semble t-il une bonne affaire pour le RN et offre la quasi certitude de voir continuée la politique Macronienne pourtant désavouée par le peuple. Qui perd à coup sûr , la France d'en bas malgré les propos "rassurants" de Mr Barnier.