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Publié par YVAN BALCHOY

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce dimanche,  j’avoue que j’avais surtout envie d’une journée bien au chaud, partagée entre la lecture et ce merveilleux « far niente » auquel je me consacre bien trop rarement.

Mais mon épouse a eu l’imprudence ou la bonne idée de me demander si j’allais à la manifestation pour l’unité de la Belgique à Bruxelles ; j’avoue que je l’avais complètement oublié mais c e fut aussitôt un déclic, une bouffée de courage et à 10 H 15 je prenais le train à Herseaux vers la Capitale.

Dans le train rien ne laissait pressentir cette manifestation, on trouvait le genre de voyageurs d’un dimanche matin  en excursion touristique ou familiale. Connaissant vaguement l’itinéraire du cortège qui démarrait à 11H, arrivant à midi, je me suis arrêté à la gare centrale d’où j’ai pris le Métro vers Arts-Loi où j’espérais rejoindre les manifestants au Boulevard du Régent peu avant la rue Belliart. Je pourrais ainsi parcourir la deuxième moitié du cortège avant de terminer sans doute au Cinquantenaire. Dès ART-LOI voici les premiers drapeaux, et manifestants drapés de diverses façons dans nos couleurs nationales. Un long escalier roulant en panne débouche sur un boulevard où tel un ruban coloré une foule très longue noir jaune rouge à perte de vue me fait comprendre qu’en un sens la manifestation a réussi à mobiliser du monde.

Me voici en route, je longe l’immonde pour moi ambassade de l’impérialisme mais aujourd’hui je réprime mes envie de leur montrer combien je hais leur politique mortifère sur la terre, sur le pont qui enjambe la petite ceinture, la plupart des automobilistes participent à longs coups de klaxons à cette fête nationale. Les gens chantent en néerlandais parfois, en français le plus souvent la Brabançonne et quand j’entend le refrain « Le Roi, la Loi, la Liberté » résumé parfait de l’esprit bourgeois du siècle avant-dernier, je cherche c e que serait le mien  et… un drapeau me le rappelle « SOLIDARITE », oui solidarité entre les belges du nord et du sud et particulièrement ceux qui rament, qui peinent au chômage, mal payés , bien sûr je ne me sens aucune affinité avec ceux qui dans l’esprit de Lisbonne prêchent l’unité des exploiteurs et des exploités. Ce n’est pas mon choix. Au sein de cette foule somme toute bien pensante, je reste révolutionnaire et je rêve toujours à ce grand soir où il n’y a aura plus des flamingants et des wallingants, des fransquillons et des NVA mais des hommes et des femmes de toutes couleurs de toutes conditions s’attelant à créer une société nouvelle dont disparaîtront les super-richesses qui ternissent la notre et les super-pauvres qui en sont la honte.

Mais aujourd’hui il s’agit de rester au niveau du cri du jour : rester solidaire entre gens du Nord, du Sud et du Centre du pays  et c’est vraiment le commun dénominateur de cette foule que tout à la fois je dévisage et à laquelle j’appartiens. Un peu plus loin, je me retourne sur une butte pour mieux photographier et filmer ce long ruban national et je me retrouve au milieu d’une équipe de la RTBF qui m’accepte tout derrière les caméras. Interrogé par un manifestant un journaliste parle d’une foule de 25 000 à 30 000 mais on lui répond qu’à une TV flamande on a parlé de 70 000 personnes…. Les cameramen essayent de se fixer sur les calicots et messages en néerlandais, en français qui lentement passent devant eux. 

Je reprends la route, il faut se hisser par-dessus une barrière de béton et j’admire la souplesse de chacun pour un exercice qui n’est sûrement pas quotidien.

En partant j'espérais rencontrait ma responsable à "Solidaire", Nikol, j'avais même pensé l'appeler de mon gsm pour se rencontrer éventuellement mais ce ne fut pas nécessaire car soudain je le retrouve au sein de la foule ; je cherchais une Nikol et j'en trouve deux, deux camarades du PTB, de vrais flamandes, de vraies communistes et je suis heureux de notre présence commune.

 On y croit au message de ce jour, à la joie de se sentir unis contre ces politiciens qui n’arrêtent pas de mettre de l’huile sur le feu communautaire et imposent plutôt leurs idées nauséabondes au peuple plutôt qu’ils le représentent vraiment et je pense à ce mini parti du Nord avec son Gauleiter qui semble diriger la plupart des parti du Nord à l'exception des "groen"  auquel devait peut-être ressembler le parti de Monsieur le futur führer(comme on disait alors dans les années 20) à ses débuts. C’est vrai que l’orgueil dévastateurs de beaucoup de fransquillons – et je crois qu’en moi il y en a des traces aussi- est aussi nuisible à la Belgique que des marionnettes téléguidées comme Piet de Crem, grand amateur de Bush et des Usa  ou le président  bougon du parti pseudo-chrétien, authentiquement nationalissime qui, fort des 800 000 voix du pâle Leterme veut l’imposer à tout prix, même s’il ne réunit plus ni les flamands ni les francophones.

Ainsi je suis en cette manifestation car je tiens à la solidarité entre nous tous mais j’y suis aussi avec quelques  réserves.

Nous voici au Cinquantenaire. Je suis heureux d’entendre enfin de nombreux discours dans la langue de la grande majorité des Belges, le néerlandais ; en réfléchissant je déplore l’absence évidente d’émigrés et d’étrangers, je ne retrouve presqu’aucun de ces voiles qui remplissent quotidiennement nos rames de métro, c’est dommage, ont-ils peurs de se manifester, des belges d’origine ou se sont-ils déguisés en belges traditionnels, je ne sais mais de toute façon leur absence est un moins important dans l’unanimisme ambiant ; je trouve aussi que la proportions entre belges néerlandophones et francophones est cette fois tout à fait inversée et il m’étonnerait beaucoup que cette foule soit pour un tiers au moins flamande.

Nul doute que les politiciens du Nord tenteront de minimiser cette manifestation à partir de ce constat.

Ne faudrait-il pas tenter une manifestation de ce genre au sein d’une grande ville flamande comme Gent ou Antwerpen.  Je suis persuadé que ce serait un moment de vérité et peut-être de Salut pour l’avenir solidaire de notre pays.

En rentrant, je ne regrette rien, les questions embarrassantes subsistent mais chaque fois que les gens se manifestent, se déplacent pour se différencier de la politique qu’on veut leur imposer, je crois que c’est comme un carré de ciel bleu dans un ciel encore bien gris mais qui n’est pas condamné à le rester.

 

 

 

 

 

Yvan Balchoy

balchoy@belgacom.net

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