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Publié par YVAN BALCHOY

09-08-24- SUR LA CONDITION COLONIALE EN PALESTINE (SBEIH SBEIH8- INVESTIG'ACTION- MICHEL COLLON)

https://investigaction.net/sur-la-condition-coloniale-en-palestine/



Sbeih Sbeih8 août 2024
Dans les commentaires des médias mainstream sur la situation en Palestine, la domination coloniale exercée par l’Etat d’Israël – avec la complicité des puissances occidentales – est systématiquement congédiée. Dans cet article, le sociologue Sbeih Sbeih – chercheur associé à l’IREMAM – replace au centre de l’attention le fait colonial à travers l’analyse de différents mécanismes de domination qui lui sont associés : l’emprisonnement de masse, le checkpoint, le déracinement et bien entendu la violence (y compris sous des formes génocidaires).
Après des décennies d’invisibilisation, la question palestinienne revient sur le devant de la scène. Au moment où les Palestiniens comptaient (et comptent toujours) leurs morts et blessés en dizaines de milliers, la majorité de dirigeants politiques de l’Occident se sont déclarés favorables au droit d’Israël à « se défendre » après les attaques du 7 octobre et donc réticents en particulier au début de la guerre quant à une demande de cessez-le-feu. Si certains reproches vis-à-vis de l’État d’Israël sont de nos jours exprimés, les dirigeants comme la majorité des analystes peinent à nommer les mécanismes de domination à l’œuvre et se refusent à utiliser les termes juridiques – pourtant définis très clairement en droit international – et historiques adaptés pour qualifier les charniers trouvés, la destruction des hôpitaux, des universités ainsi que les massacres de dizaines de milliers de civils
.

Face à cette hypocrisie collective[1], certains spécialistes de la région et des voix militantes s’élèvent pour mieux contextualiser la réalité palestinienne. Toutefois, pour la saisir, l’échelle et le niveau de contextualisation[2] ne sont souvent pas les mêmes, et les sermons de « politiquement correct » se multiplient pour chercher la solution au pied du réverbère ou dans les sentiers battus. C’est dans ce cadre que domine l’historicisation qui s’arrête souvent aux frontières de 1967 avec pour objectif de plaider la solution à deux États. De même, le recours au paradigme colonial est marginalisé car présenté comme une simplification qui réduit, voire essentialise, l’analyse à deux catégories dichotomiques : dominants et dominés.

Autrement dit, il s’agit d’atténuer la place de la domination coloniale dans l’analyse et de négliger sa centralité sur le conditionnement de la vie des Palestiniens. Ceux-ci sont ainsi les premiers à être sacrifiés dans cette pratique de « bonne conscience collective ». Absents de l’Histoire, dès la déclaration Balfour en 1917 qui les réduisaient déjà à des « non-juifs », ils ont ensuite subi la négation de leur Nakba (catastrophe) en 1948, pourtant événement clé structurant toujours leur vie, et le silence voire la complicité de nos jours face aux images d’enfants déchiquetés. La guerre génocidaire qui les décime est ainsi réduite dans le discours dominant à une « guerre contre le Hamas ».

Cela dit, les Palestiniens subissent, depuis un siècle, les mécanismes de domination coloniale que le mouvement sioniste leur a infligés. Aujourd’hui, ces mécanismes invisibilisés, par différents acteurs et pour différentes raisons, et leur condition coloniale, nous sautent aux yeux depuis Gaza (surtout pour celles et ceux qui ne se contentent pas de s’informer en suivant les chaînes de télévision françaises). Il est temps d’accorder un peu d’attention à leurs récits et à leurs vécus, bref à leur condition (de vie) de colonisés. Cet article naviguera ainsi dans l’espace et dans le temps palestiniens pour mettre en avant la continuité géographique et historique de leur Nakba, une Nakba continue. Seront ainsi dressés certains dispositifs coloniaux instaurés en Palestine et quelques caractéristiques de leur condition coloniale.

Le monde parallèle de la prison et « l’empalement par l’intégration »
L’une des expériences vécues par des centaines de milliers de Palestiniens est la prison politique israélienne[3]. Personne, y compris les enfants, n’est à l’abri de ce dispositif de contrôle qui place un peuple entier dans une situation permanente d’incertitude et de menace. Héritée de la loi coloniale britannique, la « détention administrative », par exemple, permet à l’État d’Israël d’incarcérer toute personne sans inculpation pour des raisons de « sécurité ».

Si le nombre de ceux qui ont subi cette mesure arbitraire s’est multiplié depuis le 7 octobre (plusieurs milliers de Palestiniens dont environ deux cents médecins de Gaza), les témoignages que transmettent les prisonniers relâchés et leurs avocats sont horrifiants : amplification des pratiques de torture (occasionnant plusieurs dizaines de morts), d’isolement, de harcèlement sexuel et d’humiliation. Ces pratiques ont lieu principalement dans le « Guantanamo israélien » : une base militaire transformée en centre de détention et lieu de torture depuis le début de la guerre.

Le cas de Walid Daqqa, « Palestinien de 1948 » (ou selon le langage dominant « Arabe d’Israël » ayant une « citoyenneté israélienne ») nous intéresse tout particulièrement en tant que possible « modèle-type ». Arrêté en 1986 et condamné à la prison à vie, sa peine a été réduite à 37 ans pour une date de libération en 2023. Sa détention fut cependant prolongée de deux ans. Atteint d’un cancer pour lequel il n’a pas reçu de véritables soins, il est mort en prison le 7 avril 2024. Le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a publiquement regretté cette soi-disant « mort naturelle » et déclaré qu’il aurait préféré une « peine de mort ». La dépouille de Walid Daqqa est toujours retenue par les autorités israéliennes comme celles d’autres Palestiniens ayant connu le même sort.

Daqqa le résistant est aussi un écrivain qui a réussi à théoriser le dispositif colonial carcéral. Depuis son monde derrière les barreaux, il nous a parlé du temps parallèle, un temps conçu dans un mode immobile, figé dans le passé et qui n’inscrit pas les événements qui se déroulent à l’extérieur.

 Dans une lettre adressée à son frère lors de son vingtième anniversaire en 2005, il écrit :

« … ce qui m’intéressait plutôt c’étaient les minutes qui passaient rapidement au moment de la visite des parents…J’oublie alors d’observer les rides qui commencent à creuser le visage de ma mère…je ne lui demande jamais son âge réel…Je ne sais pas son âge… Elle en a deux, l’âge du temps que je ne connais pas et celui de la détention, disons que son âge parallèle est de 19 ans. Je vous écris du temps parallèle […] Comment expliquer notre relation profonde avec des choses précises dont la perte peut mener à la tristesse ou même aux larmes … Des choses, comme un briquet …peuvent prendre une importance affective démesurée parce qu’ils étaient les derniers objets possédés dans « le futur », comme s’ils étaient une affirmation de soi, qu’un jour nous serons hors de ce temps parallèle. Ils sont la preuve de notre appartenance à votre temps… »

Depuis son monde parallèle, il organise un mariage avec Sanaa Salameh. Ils sont privés de droit de « visite conjugale », pourtant garanti par leur « citoyenneté israélienne ». Si son rêve de serrer sa maman, ou son épouse n’a jamais été exaucé, il est toutefois parvenu à envoyer un « message à l’avenir ». Grâce à la contrebande d’un échantillon de sperme, son épouse donne la vie en 2020 à Milad, prénom en arabe qui signifie Naissance.

La rationalité (je m’inspire de Pierre Bourdieu qui ne réduit pas la rationalité à la raison) de la résistance prônée par Walid Daqqa, « citoyen d’Israël », permet de visibiliser le dispositif colonial qu’incarne la prison. C’est un rappel à l’ordre colonial qui regroupe l’ensemble des Palestiniens, quel que soit leur lieu de résidence ou statut juridique. Ce sont des lieux et statuts modifiables en permanence en fonction des frontières errantes et délimitées au fur et à mesure de la conquête sioniste continue de la Palestine (frontières proposées en 1947 par l’ONU rétrécies par la violence militaire de masse et le nettoyage ethnique en 1948 puis en 1967, Accords d’Oslo, Cisjordanie, Zone A, B, C, Jérusalem Est, Gaza, Palestiniens de 1948…)

L’invisibilité de la prison est le miroir de la Palestine « effacée » progressivement ; on peut par analogie généraliser ce « monde parallèle » et son temps à toute la Palestine. C’est le temps des dominés, un passé vivant et toujours présent. Et le présent comme l’avenir sont à leur tour confisqués. La vie d’un prisonnier s’assimile à la vie palestinienne dans laquelle toute projection dans l’avenir ou toute aspiration est occultée, à l’exception de celles et ceux qui piétinent cette loi coloniale par leur refus et leur résistance pour donner « naissance à la vie » à l’aide de la contrebande d’un échantillon de sperme…

Le modèle-type de résistance que symbolise Walid Daqqa s’inscrit dans la continuité de celui incarné dans un autre temps par le célèbre romancier Ghassan Kanafani. Chassé enfant avec sa famille de la Palestine en 1948, il devient réfugié au Liban avant d’être assassiné par les services de renseignement israéliens en 1972. Son roman Retour à Haïfa indique la stratégie qu’il défend : l’art engagé pour la cause dès lors que l’« Homme, c’est la cause », et le fait que la libération de la Palestine ne pourra advenir que par la lutte armée.

NOTE   D'YVAN BALCHOY

La perversité du système colonial est plus évidente encore dans le cas de la France et de la Sionie. En effet si la domination occidentale pèse lourdement sur ce territoire dans la réalité d'une domination de la mer au Jourdain (il ne s'agit pas ici d'un désir supposé du Hamas mais de la vérité, de la réalité de l'occupation illégale de Gaza occupé comme une prison a ciel ouvert et donc incapable de se défendre contre ses bourreaux en l'air et d'une Cisjordanie, illégalement et violemment asservie peu à peu,  palestinienne pourtant jusqu'au bout des ongles de Jérusalem EST.

Mais qui scrute un peu qui est aujourd'hui premier ministre (même démissionnaire) et par un subterfuge étrange qui est Présidente de l'assemble Nationale a Paris, quoi les réunit. Qui pensera à leur neutralité 

 

Ainsi une communauté qui ne représente pas un pour cent de la France est en un sens en communion avec  une contrée du Moyen Orient, même là où elle est illégale mais elle est  aussi surreprésentée en  France. Elle l'est en ce cas démocratiquement élue, j'en conviens, mais je suis moins sûr par ses actes de la neutralité qui devrait l'empêcher d'expulser des Imans parce qu'ils pensent que le Hamas est au delà de ses erreurs  et même de ses crimes aussi un mouvement de résistance contre une occupation injuste.(j'en ai connu une et je sais donc ce que cela signifie)  J'attends du premier Ministre et de la Présidente de l'Assemblée Nationale, français tous deux,  au nom de mes frères juifs et Palestiniens  certes qu'ils oeuvrent pour la paix et la justice et que ceux qui applaudissent à l'assassinat d'un  responsable Palestinien et en souhaitent d'autres sur CNEWS ou ailleurs soient autant punis que des imans qui réellement feraient du tort non aux bourgeois de droite mais au peuple français. (YB)

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