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Publié par YVAN BALCHOY

ET ON RÊVAIT D´HUMANITÉ
Gwendoline Taffin


Nous habitions un quartier HLM et Béatrice vivait en face, dans une grande maison
Elle était noire comme l´ébène c´est d´ailleurs la première noire que je voyais
Les gens " de couleurs" étant soigneusement planqués dans les ghettos appelés Etouvie ou Pigeonnier ( quel nom merveilleux pour ces cages à oiseaux!!!)
Mais voilà Béatrice était une petite fille noire dans un quartier de blancs
Non ce n était pas en Afrique du Sud, sinon en France des années 60
Ses grands parents , sa mère et son frère , tous blancs
Partageaient avec elle cette maison cossue de notre quartier
Pas de papa à l´horizon, ni pour elle , ni pour son frère
Son père avait fait ses études de médecine
Et, diplôme en poche, était reparti dans son pays d´origine
Elle s´appelait Béatrice et dans notre quartier
Elle n´était pas maltraitée ni injuriée
Non , elle était ignorée,
Inconsciemment gommée, invisible
Passèrent les années et nous devinrent amies
Pas de grandes amies car dans son chemin de détresses
Nous ne partagions pas les mêmes spleens
Elle me racontait ses mésaventures
Alors que moi j´avais mes aventures
Monde injuste, monde hipocrite
Elle connut enfin l´amour
Un jeune homme que je connaissais bien
Il était beau, il en était fou
Mais voilà il n avait pas le courage de son amour
Et la voyant tous les jours, `à chaque cour
Devant le monde, il lui niait même le bonjour
Alors un beau jour, elle me dit qu elle voulait mourir
Qu ´elle allait se suicider. je ne l´ai pas cru
L ´après midi , face à la maison cossue
Stationnait une ambulance
Et courant comme un fou tout autour
Un petit garçon blanc qui hurlait
" ma soeur est morte , ma soeur est morte"
Elle est partie sans un regard , sans un regret
Et c´est seulement à ce moment là
Que pour beaucoup ....elle a commencé d´exister
C´est horrible, c´est atroce mais c´est la vérité
Malgré qu´elle ce soit suicidé
Une messe fut dite l´église
Je m´en sauvais en pleurant
Tous ses ennemis étaient présents
Venus pour eux, pas pour elle
Venus se repentir de leur cruauté
De leur indifférence
Elle est partie mais elle est toujours là
Plantée comme une épine dans notre coeur
Pour nous rappeler au souvenir
de ceux qui par notre faute, sont bannis
GTaffin 06 Octobre 2014

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