17-07-23- MON EXODE EN 1940 RACONTE PAR MON GRAND PERE (40) - EXTRAIT DE MON BLOG

C'était une ruse, et une ruse que ne pouvait pas employer toute la colonne. La journée du lundi se passa dans l'attente de l'arrivée du capitaine de gendarmerie qui avait déjà promis de venir le dimanche.
A un moment donné, vers quatre heures, courut le bruit que nous allions partir ?
Je n'en croyais rien, mais c'était vrai.
On se précipita pour remettre tout en ordre et ne pas perdre son rang. De fait, dix minutes plus tard, on démarrait, mais arrivé à un carrefour, on nous dirigea non plus vers Saint-Aignan, mais vers Bourges ou sur Vierzon, toujours sous le prétexte que la route était encombrée par Le Blanc et Saint-Aignan.
Dès le premier village, dans cette localité à quatre kilomètres où le bon gendarme m'avait dit qu'il n'y avait pas de poste, j'étais furieusement tenté de faire ce que j'avais fait à Oradour, mais nous étions dans une file interminable, et il est évident que les autres allaient me suivre ce qui allait peut-être compliquer la situation. J'étais convaincu en effet que l'on nous avait menti, et j'en eus la preuve par la suite.
Voici comment : dans la nuit de samedi à dimanche, les automobiles de tête (gens du peuple de Charleroi, qui avaient fait rater notre départ de samedi à quatre heures) avaient profité d'un gros orage qui avait sévi dans la nuit pour s'évader. Or le vingt-huit ou le vingt-neuf juillet, me trouvant à Meaux où je dus séjourner quelques jours comme je le dirai plus loin, alors que j'essayais de me procurer de l'essence, je fus abordé précisément par une des dames qui occupaient l'une des autos en question. Elle me reconnut parce que je m'étais beaucoup occupé de la colonne, et me dit donc qu'elle était dans l'une des voitures qui s'étaient évadées.
J'étais content de savoir ce qui avait pu se passer et sur ma demande, elle me confirma que ces voitures avaient directement gagné Le Blanc et Saint-Aignan sans être inquiétées et avaient pu passer la ligne de démarcation immédiatement.
On nous avait donc menti effrontément, comme on l'avait déjà fait à Oradour, et comme on allait continuer à la faire par la suite.
Bref, ayant quitté Le Dorat, et suivant la file, nous arrivâmes après bien des kilomètres à Chateauroux où malgré la pluie battante, nous nous arrêtâmes pour nous munir de tabac et d'allumettes dont nous étions dépourvus.
(à suivre)
Yvan Balchoy
balchoyyvan13@hotmail.com

C'était une ruse, et une ruse que ne pouvait pas employer toute la colonne. La journée du lundi se passa dans l'attente de l'arrivée du capitaine de gendarmerie qui avait déjà promis de venir le dimanche.
A un moment donné, vers quatre heures, courut le bruit que nous allions partir ?
Je n'en croyais rien, mais c'était vrai.
On se précipita pour remettre tout en ordre et ne pas perdre son rang. De fait, dix minutes plus tard, on démarrait, mais arrivé à un carrefour, on nous dirigea non plus vers Saint-Aignan, mais vers Bourges ou sur Vierzon, toujours sous le prétexte que la route était encombrée par Le Blanc et Saint-Aignan.
Dès le premier village, dans cette localité à quatre kilomètres où le bon gendarme m'avait dit qu'il n'y avait pas de poste, j'étais furieusement tenté de faire ce que j'avais fait à Oradour, mais nous étions dans une file interminable, et il est évident que les autres allaient me suivre ce qui allait peut-être compliquer la situation. J'étais convaincu en effet que l'on nous avait menti, et j'en eus la preuve par la suite.
Voici comment : dans la nuit de samedi à dimanche, les automobiles de tête (gens du peuple de Charleroi, qui avaient fait rater notre départ de samedi à quatre heures) avaient profité d'un gros orage qui avait sévi dans la nuit pour s'évader. Or le vingt-huit ou le vingt-neuf juillet, me trouvant à Meaux où je dus séjourner quelques jours comme je le dirai plus loin, alors que j'essayais de me procurer de l'essence, je fus abordé précisément par une des dames qui occupaient l'une des autos en question. Elle me reconnut parce que je m'étais beaucoup occupé de la colonne, et me dit donc qu'elle était dans l'une des voitures qui s'étaient évadées.
J'étais content de savoir ce qui avait pu se passer et sur ma demande, elle me confirma que ces voitures avaient directement gagné Le Blanc et Saint-Aignan sans être inquiétées et avaient pu passer la ligne de démarcation immédiatement.
On nous avait donc menti effrontément, comme on l'avait déjà fait à Oradour, et comme on allait continuer à la faire par la suite.
Bref, ayant quitté Le Dorat, et suivant la file, nous arrivâmes après bien des kilomètres à Chateauroux où malgré la pluie battante, nous nous arrêtâmes pour nous munir de tabac et d'allumettes dont nous étions dépourvus.
(à suivre)
Yvan Balchoy
balchoyyvan13@hotmail.com