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Publié par YVAN BALCHOY

Drapeau de Cuba

Drapeau de Cuba

HIER SOIR, 18 H, GARE CENTRALE, RENCONTRE AVEC UN CANDIDAT REFUGIE CUBAIN DANS UN TRAIN DE LA SNCB EN RETARD DE QUINZE MINUTES ( !° SUIVI D’UN ECHANGE AMICAL ET SOUTENU SUR LES AVANTAGES ET INCONVENIENTS DE LA VIE AU PAYS DE FIDEL CASTRO !

 

A vrai dire, en m’introduisant, à la gare centrale, dans le wagon, je n’étais pas sûr d’être dans le train vers Courtrai.

Je découvre alors dans le compartiment, quatre place libres inoccupées à cause de deux énormes valises qui en interdisent l’accès. Je cherche à en déplacer une pour m’assoir et un jeune noir souriant, leur propriétaire manifestement, vient m’aider à les déplacer.

M’asseyant alors face à lui, je lui demande quelle est la direction de ce train. Manifestement, il n’en sait pas plus que moi et, me présentant un document, il me demande de vérifier moi-même s’il est lui aussi dans la bonne voiture.

Sur la feuille de papier qu’il me tend, je déchiffre de suite le mot « Courtrai » qui me rassure. En un français presque parfait, il m’explique qu’il est de Cuba et se rend à un centre d’asile.

Je commence à m’exprimer en espagnol, ce qui manifestement lui fait plaisir, il me demande comment j’ai appris.  - « A douze ans » avec Assimil »  -

Il me répond qu’il a utilisé d’abord la même méthode pour parler très bien notre langue.

Je lui explique ensuite , combien l’allusion à son pays, me ravit, en lui parlant de mon enthousiasme pour le pays de Fidel Castro. Très souriant, il m’explique alors que nous n’avons pas le même avis sur son île, puisque lui a quitté son pays suite à un désaccord politique.

Il me demande un peu plus tard de lui expliquer où il doit se rendre à Mouscron pour rejoindre un centre d’asile. Je lis sur un plan mal photocopié la rue du Christ qu’il devrait rejoindre par un bus P (roule-t-il encore à 20 H ?) puis aurait encore cinq minutes ( ?) de marche vers une adresse si petitement  écrite que je ne puis la déchiffrer.. Je n’hésite pas et lui propose de le conduire en voiture au moins jusque la rue du Christ car, sans bus peut-être, il lui faudrait un temps fou pour rejoindre, si chargé,  sa destination.

Souriant, il me demande si ses deux compagnons, un Burundien et un Somalien que je n’avais pas remarqués peuvent l’accompagner. Bien sûr que oui !

Je ne puis que le féliciter de la qualité de son français et lui parle de l’excellence de l’éducation et de la médecine Cubaine si active dans certains pays d’Amérique Latine et d’Afrique. Il en convient bien volontiers et me parle de son travail à Cuba : guide pour voyageurs francophones.

Est-il reconnaissant de la qualité de la Culture Cubaine gratuite. Gratuite, pas tout à fait, affirme-t-il, puisque durant les vacances, « nous devons travailler à la campagne en compensation des cours scolaires. »

Je ne trouve pas anormal cet échange, car je me rappelle comment mes enfants ont dû payer une partie substantielle de leurs études par toutes sortes de petits boulots pas toujours bien payés. En revanche, il me semble assez fier de la qualité des médecins Cubains actifs un peu partout dans le monde.

A propos de la culture de son pays, il ne peut s’empêcher de me détailler son amour de la musique, bien mise en valeur par le régime.

Quand je lui dis que je suis communiste et fier de l’être et que j’appartiens à un pays, qui risque de devenir le sien, où un parti, ami de Cuba, parti qui ne cache pas son orientation communiste, à singulariser certes pour chaque nation, et vient d’obtenir quarante-deux sièges de députés lors des dernières élections et que j’en suis très heureux ! manifestement, il s’étonne.

Je lui parle alors de mon blog « Poesie-action » et lui montre à partir de mon téléphone la place qu’y tient Cuba.

 Lui, qui aime la poésie et me demande comment le retrouver, tient à justifier son aversion pour le parti unique et surtout pour l’impossibilité qu’a le Cubain moyen de quitter son pays, s’il le désire.

Quand je lui explique que Cuba est sans doute le seul pays vraiment communiste dans la planète, il m’écoute avec attention et je vois bien qu’il est un peu partage entre tout ce qu’il ressent encore pour son « beau pays » et les raisons qui l’ont conduit, sur invitation d’ailleurs, en Belgique. Il m’avoue même que les autorité Cubaines, en le laissant accepter cette invitation, savaient bien qu’il ne reviendrait pas ce qui prouve qu’on peut, quand on le veut vraiment, quitter l’île communiste.

Lui parlant ensuite de ce qui se passe dans son pays depuis tant de lustres, en dépit de l’hostilité agissante de l’Oncle Sam, personnalisée aujourd’hui par le grossier Trump, dont la politique fait mal à tant de pays du monde, il en convient aisément.

Je tente de lui expliquer que la multiplicité des partis dans l’Europe, dite démocratique est souvent un leurre et n’est en en aucun cas garant de l’honnêteté de cette politique.

Laisser à Cuba naître une multiplicité de partis, souvent inspirés et dirigés de l’étranger, et c’en serait vite fini de la singularité de cet état communiste. Il y aurait simplement dans cette Amérique Latine, si chère, si malmenée une nation de plus qui tel la Colombie ou le Brésil connaîtrait la cohabitation violente entre une ultra minorité riche et exploiteuse et la grande masse du peuple des pauvres réduites à une portion plus que congrue

IL ne me pose ensuite pas mal de questions sur le PTB et je lui, parle entre d’autres, de la richesse de la fête de Manifiesta, où il pourrait même rencontrer des personnalités de son pays, comme la fille de Che Guevara, personnalité qu’il respecte manifestement, et qui est surtout fête des musiques du monde.

Je sens qu’il a envie de m’y accompagner par curiosité certes mais aussi en espérant y retrouver un peu du charme de cette musique qui compte manifestement tellement dans sa vie.

Tout cela l’étonne et remet en question son anti-communiste qui n’est pas si primaire que ça.

 

Il est très friand d’histoire et je l’invite à visiter Tournai, dont la belle cathédrale, nous salue face à la gare. de Tournai. Il est question aussi de la France qu’il ignorait si proche, de  Lille, Courtrai Bruges et de notre litoral.

A propos de son île, parlant d’un demain où il serait devenu Belge, la pensant toujours Castriste, il espère y retourner voir sa famille

Nous voici enfin à Mouscron et je prends dans ma Corsa les lourdes valises et nos trois réfugiés. Je vois bien qu’à la gare d’Herseaux certains me regardent d’un air soupçonneux d’embarquer trois jeunes Africains dans ma voiture si près de la frontière.

Grâce à Internet, j’ai vu que cinquante candidats réfugiés d’Afrique et du Moyen Orient sont attendus au Refuge, ancienne clinique catholique de la ville, et je les y laisse, au milieu de dizaine d’autres jeunes qui viennent chez nous eux aussi dans l’espoir de repartir à Zéro.

J’espère, que ce jeune Cubain, si sympa, malgré nos divergences d’idées, réussira sa nouvelle vie et je ne désespère pas de l’emmener à la fête du PTB où il pourra remettre quelque peu en question  ses « certitudes », ses critiques et interrogations sur une manière de vie, qui manifestement l’a enrichie plus qu’il ne le pense.

Yvan Balchoy

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