26-05-24- VOUS (YVAN BALCHOY)
Ce matin d’une voix guillerette
vous m’avez recommandé
de ne pas trop m’arrêter
devant les jolies filles en goguette,
mais la première dont la beauté me séduisit
en me laissant tout saisi
ce fut votre fille qui charmante
m’ouvrit votre porte si accueillante.
Vous m’avez offert en toute simplicité
la chaleur de votre foyer
où les joies d’aujourd’hui
transfigurent tant de blessures enfouies.
La soirée fut parfaite,
un vrai jour de fête,
où le vin chatoyant,
le jambon succulent
ressuscitait sous notre ciel un peu triste
aussi bien qu’une main guitariste
l’Espagne joyeuse
et sa cuisine généreuse
Quand les enfants s’éclipsèrent
pour retrouver leur sphère
le passé se fit envahissant
et nous avons partagé
bien des souvenirs engrangés
larmes et joies mélangées
Je m’en voulus aussitôt
de faire resurgir en vous celui qui trop tôt
vous a quittée
en rejoignant l’éternité
et que je recherchais,
à travers les traits de celui et celle qui les portaient
mêlées aux vôtres dans leur chair
Dans vos yeux que de lumière
quand avec autant de gentillesse
que de délicatesse,
vous avez tenté d’exprimer cette souffrance
toujours si présente
à supporter qu’elle en est devenue indicible
et presque inaccessible.
Voilà pourquoi même vos éclats de rire
sont empreints d’un certaine mélancolie.
Puis vous avez bien voulu m’écouter
vous narrer mon itinéraire tourmenté
de la recherche si absorbante de la Divinité
à la découverte de cette altérité
si riche du masculin
et du féminin
don extrême de la vie
que je tente en termes parfois sibyllins de célébrer dans ma poésie
où le moment pour moi est venu
de vous introduire, un peu ému.
Au fil de ce partage,
sans ambages ni dérapages
votre charme de femme
se fit un instant flamme
mais le poids des ans,
le respect dû au présent absent
eurent le dernier mot
qui fut néanmoins un allégro.
Quand vint bien tard
le moment d’un départ
quelque peu prématuré
à mon gré si
je vous ai redit “ vous ”,
il faut que je vous l’avoue,
désormais en mon cœur à nu,
vous serez “ tu ”.
Yvan Balchoy