21-05-24- TIR MORTEL AU AULNAY-SOUS BOIS : LE PARQUET DEMANDE UN PROCES. (CAMILLE POLLONI- MEDIAPART)
Capture d’écran d’une vidéo de témoins, tournée après le tir, lorsque la camionnette de Jean-Paul s’encastre dans d’autres véhicules, le 26 mars 2022. © Document Mediapart
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Tir policier mortel à Aulnay-sous-Bois : le parquet demande un procès
Deux ans après la mort de Jean-Paul Benjamin, tué au volant d’une fourgonnette par un policier de la BAC, le parquet de Bobigny a requis, selon nos informations, le renvoi du policier tireur devant la cour criminelle de Seine-Saint-Denis. Le dernier mot revient désormais aux juges d’instruction.
Camille Polloni
21 mai 2024 à 16h33
MercrediMercredi 15 mai, le parquet de Bobigny a requis le renvoi du brigadier-chef Emmanuel N. devant la cour criminelle départementale de Seine-Saint-Denis pour des « violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner » (autrement appelées « coups mortels »), par personne dépositaire de l’autorité publique, avec arme.
Le 26 mars 2022, ce fonctionnaire de la brigade anticriminalité (BAC) d’Aulnay-sous-Bois avait tué Jean-Paul Benjamin, un habitant de Sevran âgé de 33 ans, d’une balle dans le foie.
Le jeune père de famille se trouvait alors au volant d’une camionnette, déclarée volée par son ancien employeur et signalée sur les ondes. Alors qu’un véhicule de police l’avait discrètement pris en filature, et que la camionnette était à l’arrêt, un équipage de la BAC arrivait brusquement sur les lieux. Emmanuel N. avait alors couru jusqu’à la vitre du conducteur et tiré sur lui à une reprise.
Capture d’écran d’une vidéo de témoins, tournée après le tir, lorsque la camionnette de Jean-Paul s’encastre dans d’autres véhicules, le 26 mars 2022. © Document Mediapart
Dans son réquisitoire définitif, que Mediapart a pu consulter, le parquet de Bobigny reproche au policier d’avoir « choisi de partir seul, à pied » pour « interpeller coûte que coûte le conducteur du fourgon volé », sans annoncer son intervention à ses collègues, puis d’avoir fait feu alors qu’« aucune menace immédiate » ne mettait en cause sa sécurité personnelle ni celle des « automobilistes et piétons » à proximité.
Pour l’accusation, le tir d’Emmanuel N. n’était « ni nécessaire ni proportionné ». L’enquête a démontré qu’il avait tiré depuis l’arrière gauche de la camionnette, en direction de l’avant, et ne se trouvait pas sur sa trajectoire. Si les deux juges d’instruction suivent ces réquisitions et ordonnent un procès, le policier risque jusqu’à vingt ans de prison.
Tout au long de l’enquête, le fonctionnaire a soutenu avoir agi en état de légitime défense, alors qu’il n’était pas parvenu à ouvrir la portière et que le conducteur du fourgon redémarrait, menaçant, selon lui, sa sécurité et celles des passants par sa « conduite dangereuse ». Sollicité par Mediapart, son avocat, Thibault de Montbrial, n’a pas souhaité s’exprimer.
Note d'Yvan Balchoy
Tout près de nous un policier vient de tuer un délinquant qui s'en prenait à une mosquée. Ce malandrin se précipitait vers plusieurs policiers bien armés et un d'en eux, s'estimant à juste titre en légitime défense a selon l'hypocrisie ambiante "neutralisé" soit réellement "tué" cet individu de 5 balles qui démontrent clairement l'intention mortifère.
Je suis d'accord avec la légitime défense devant un acte que certains propagandistes d'extrêm droite ont à juste titre proclamé acte de souillure ou de profanation, termes justes mais étonnant dans la bouche de personnes qui refusent le terme de blasphématoire. A mes yeux ce comportement était un blasphème !
Je persiste à penser qu'on pourrait mieux apprendre aux policiers aujourd'hui bien armés à blesser une personne menaçante chaque fois que c'est possible au lieu de la tuer parfois un peu légèrement.
Quant au Ministre qui, est-ce pour épater la galerie, par son autorité ? qui a décoré presqu'immédiatement cette mise à mort sans qu'une vraie enquête judiciaire l'ait justifié, il reste aussi maladroit que le fut par rapport à deux femmes en besoin le jeune homme chargé de les aider ce qu'il fit d'une façon très peu galante. C'est vrai que la justice en ce cas là fut plus que clémente. J'aimerais qu'il rappelle lors de cette distinction à un policier sans doute courageux que toute vie est précieuse même celles des malfaiteurs chaque fois qu'on peut éviter de tuer même légalement. La police n'a pas le monopole de l'ancien bourreau.