10-06-24- CONTE D'ARBORIGENES
Un sage prit la parole et dit: “Ecoutez cette histoire véridique. Un groupe d'aborigènes australiens s'avançait un jour dans un paysage aride, en compagnie d'un ethnologue. Celui-ci, qui notait soigneusement tous leurs faits et gestes, remarqua que de temps en temps le groupe, composé d'hommes et de femmes, s'arrêtait un moment plus ou moins long. Ils ne s'arrêtaient ni pour manger, ni pour regarder quelque chose, ni pour s'asseoir ou se reposer. Simplement ils s'arrêtaient. L'ethnologue, après deux ou trois arrêts, leur en demanda les raisons. “C'est très simple, répondirent-ils, nous attendons nos âmes”. L'ethnologue demanda quelques explications supplémentaires. Il comprit ainsi que, de temps à autre, les âmes s'arrêtaient en chemin pour regarder, ou sentir, ou écouter quelque chose qui échappait aux corps. C'est pourquoi, alors que les corps continuaient à marcher, les âmes s'arrêtaient quelque une heure. Il fallait les attendre. “Nos âmes ont des besoins invisibles pour les yeux du corps. Elles se nourrissent de la beauté du monde, du chant d'un oiseau,de quelques notes de musique, d'un rayon de soleil sur la neige. Elles se nourrissent de connaissance, d'études, de savoir. Elles se nourrissent de relations aimantes,d'échanges désintéressées, de communion avec tout être vivant, de don de soi. Elles se nourrissent de partage, de justice, de fraternité. C'est pourquoi l'être humain doit reconnaître, nourrir, utiliser et faire grandir les deux organes spirituels qui lui sont propres: le coeur et l'intellligence”.(L'âme du Monde, Fréderic Lenoir)