26-03-24- LA RAYONNANTE SOEUR EMMANUELLE NOUS QUITTE MAIS LA MISERE DU MONDE EST TOUJOURS LA !(BLOG 20 OCTOBRE 2008)
Soeur Emmanuelle et l'Abbé Pierre
Je les aime bien,côte à côte et depuis longtemps ; quand je pense à mon Eglise, je ne me tourne plus vers Rome, non que je nie ou refuse la Papauté , mais il me semble que le centre de gravité de l'Eglise se trouve aujourd'hui du côté de cette religieuse qui fut pour ou plutôt par le Christ chiffonnière au Caire et de ce prêtre qui se mit , durant toute sa vie, en France et dans le monde du côté des pauvres et des méprisés de notre société de consommation
Tout à l'heure en l'écoutant s'élever avec force contre l'injustice d'une société mondiale où une petite minorité a tout, tandis que tant d'hommes vivent dans une misère incroyable, comme la banlieue du Caire où elle a vécu vingt ans avec les pauvres de là-bas, je me suis senti heureux de faire partie d'une communauté capable de faire naître des femmes et des hommes d'une telle qualité humaine..
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Tout à l'heure, un journaliste expliquait que l'admiration qu'il ressentait pour soeur Emmanuelle venait de l'extrême convergence qu'il y avait entre sa foi et son action.
Si elle fut fidèle à l'Eglise, elle n'hésita pas, comme son frère l'abbé Pierre, à ruer dans les brancards quand en conscience elle pensait que l'enseignement du Magistère romain nuisait concrètement au bien-être et à la dignité de l'homme.
On connaît aussi son attitude compréhensive vis à vis d'une politique de contraception responsable pour éviter par exemple à des fillette de douze des maternités répétées et mortifères. Elle n'hésita pas non plus à remettre en question cette institution ecclésiastique qu'est le célibat des prêtres.
Mais je n'entends aucunement résumer ainsi ses convictions et surtout son action : l'essentiel de sa vie c'est son amour convergeant de Jésus-Christ et des hommes les plus mis à mal par la civilisation matérialiste du XXème siècle. Là aussi, elle est parfaitement soeur de l'Abbé Pierre.
Comme lui dans ses mémoires, elle n'a pas eu peur de faire état de ses forces mais aussi de ses faiblesses.
J'ai eu la chance de la rencontrer de près, deux fois en ma vie, la dernière fois à la Basilique de Bonsecours en Belgique et sa simplicité pleine de convictions qu'elle voulait partager m'a séduit.
Avant de conclure, je voudrais vous confier qu'à mes yeux un homme, athée et révolutionnaire, généreux et efficace comme mon camarade Kris Merckx, qui peut-être ne serait pas d'accord avec ce rapprochement , appartient lui aussi à cette humanité solidaire qui est mon grand espoir pour le demain des hommes.
Oui, avec la mort de cette femme d'exception, une flamme s'est éteinte en notre humanité si injuste, si dure, si "en crise" (et je ne parle pas seulement de la crise sordide des banques) ; à chacun de nous à prendre un peu le relais. C'est la meilleure manière d'être fidèle à sa mémoire et de l'honorer comme elle le mérite.
Yvan Balchoy