08-01-24- PALESTINE. UN PEUPLE, UNE COLONISATION (FÉVRIER-MARS 2018)
La Palestine en cartes, citations, faits et chiffres
La Palestine en cartes, citations, faits et chiffres. En 1993, le premier ministre israélien Itzhak Rabin (1992-1995) se félicitait de l'accord (...)
Comprendre tous les aspects de la situation en Palestine : historique, social, économique, politique et humain. De la déclaration Balfour à l’échec du « processus de paix », ce numéro fait le point sur un conflit colonial qui dure. Inclus, une carte-affiche « Pour un Palestinien, 50 km en 5 h de route », « checkpoints » militaires compris.
Numéro spécial coordonné par Akram Belkaïd et Olivier Pironet.
Depuis plus d’un siècle, les relations entre Juifs et Arabes sont placées sous le sceau de la confrontation. Après la création de l’État d’Israël, l’antagonisme a tourné à l’avantage des premiers, vainqueurs de plusieurs affrontements militaires. Pour les Palestiniens, et malgré une résistance opiniâtre, l’histoire contemporaine se confond avec une longue liste de revers et de droits bafoués.
En 1993, le premier ministre israélien Itzhak Rabin (1992-1995) se félicitait de l’accord encadrant la « collaboration » entre l’armée israélienne et la police palestinienne dans les territoires occupés, conclu lors des négociations secrètes menées en Norvège. Selon lui, le transfert de certaines tâches sécuritaires aux Palestiniens permettrait de « dispenser — et c’est le plus important — l’armée israélienne de devoir les accomplir elle-même ». In Sean F. McMahon, The Discourse of Palestinian-Israeli Relations, Routledge, Londres, 2013.
6.154 Palestiniens sont incarcérés dans les prisons israéliennes. Parmi eux, 463 sont maintenus en détention administrative (emprisonnés sans procès, pour une durée de six mois reconductibles) et 250 sont des enfants. Addameer, novembre 2017.
« Depuis les années 1970, la position de la France [à l’égard de la Palestine], si ambivalente qu’elle soit, mérite grande attention. L’émergence de puissantes voix pro-israéliennes qui cherchent non seulement à étouffer toute parole palestinienne en France et au-dehors, mais aussi à distordre et à dissimuler les événements liés à la lutte, est un élément important de la politique intérieure française qui a transformé le discours public sur la question palestinienne (…) ». Joseph A. Massad, La Persistance de la question palestinienne, La Fabrique, Paris, 2009.
À l’issue de la guerre israélo-arabe de 1948-1949, les Israéliens ont conquis 6 000 km 2 de territoire palestinien supplémentaires par rapport à la superficie de l’État attribué aux Juifs lors du plan de partage de l’ONU (29 novembre 1947), qui s’élevait à 14 000 km2. Dès 1937, David Ben Gourion, futur premier ministre d’Israël, expliquait : « Après la formation d’une armée importante dans le cadre de l’établissement de l’État [juif], nous abolirons la partition et nous nous étendrons à l’ensemble de la Palestine. »> In Simha Flapan, The Birth of Israel, Pantheon, New York, 1988.
109 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes ou les colons au cours de l’année 2016. Leur moyenne d’âge était de 23 ans et 33 d’entre eux avaient moins de 17 ans. De leur côté, 15 Israéliens ont trouvé la mort. Ma’an News Agency, 1er janvier 2017.
En 1951 est créé le Comité israélien des noms de lieux, destiné à changer la toponymie de la Palestine. Dans un discours prononcé à l’université Technion (Haifa), le 19 mars 1969, le général Moshe Dayan (1915-1981) revient sur cette entreprise d’effacement de la mémoire palestinienne :
« Des villages juifs ont été construits à la place des villages arabes. Vous ne connaissez même pas les noms de ces villages arabes, et je ne vous blâme pas parce que ces livres de géographie n’existent plus. Non seulement les livres n’existent plus, mais les villages arabes ne sont plus là non plus. (...). Il n’y a pas un seul endroit construit dans ce pays qui n’ait eu auparavant une population arabe. » Cité par Haaretz, Tel-Aviv, 4 avril 1969.
1,5%. C’est la proportion des Palestiniens chrétiens en Cisjordanie, Gaza et Jérusalem-Est, estimés à environ 52 000 personnes. Avant 1948, ils constituaient environ 20 % de la population de Palestine. Institute for Middle East Understanding, 2013.
« Pour l’essentiel, les membres de l’Autorité [palestinienne] de Ramallah se satisfont de leur statut personnel, sur le plan du bien maigre prestige qui leur est accordé par le fait de diriger une entité sous occupation, et des salaires plus que suffisants (…). Ils sont, non pas forcément heureux, mais repus. » Roger Heacock, La Palestine. Un kaléidoscope disciplinaire, CNRS Éditions, Paris, 2011.
En 1923, Vladimir Jabotinsky (1880-1940), inspirateur du parti Irgoun (futur Likoud, droite), fondé en 1931, exposait en ces termes sa vision du projet sioniste en Palestine, qui irrigue aujourd’hui encore la stratégie des dirigeants israéliens :
« La colonisation sioniste, même la plus limitée, doit soit cesser, soit s’accomplir au mépris de la volonté de la population locale. C’est pourquoi cette colonisation ne peut se poursuivre et se développer que sous la protection d’une grande puissance indépendante de cette population, derrière un mur d’acier infranchissable. (...) Un accord avec les Palestiniens sur une base volontaire est impossible. » Vladimir Jabotinsky, Le mur d’acier : Nous et les Arabes, Rasswyet, Berlin, 4 novembre 1923.
Les accords intérimaires israélo-palestiniens du 28 septembre 1995, dits Oslo II, divisent la Cisjordanie en trois zones de souveraineté distinctes, qui se répartissent aujourd’hui comme suit :
• la zone A (18 % du territoire), où s’exerce l’« autonomie » palestinienne ;
• la zone B (21 %), où la responsabilité civile incombe aux Palestiniens et la sécurité aux Israéliens ;
• la zone C (61 %), contrôlée exclusivement par ces derniers.
Les colonies juives — hors Jérusalem-Est — sont pratiquement toutes situées en zone C, mais certaines s’étendent désormais en zone B. La grande majorité des Palestiniens vit dans les zones A et B.
800 000 Palestiniens, parmi lesquels 15 000 femmes et plusieurs dizaines de milliers de mineurs, sont passés par les geôles israéliennes depuis 1967, soit 40 % de la population masculine de Cisjordanie et de Gaza et 20 % de la population totale. Institute for Palestine Studies et International Middle East Media Center News, 2014.
20 ans. C’est l’âge médian de la population de Cisjordanie et de Gaza, dont 39,2 % a moins de 15 ans. La tranche d’âge des 15-29 ans représente 29,8 % de cette population. Palestinian Central Bureau of Statistics, 2016.
« La cause palestinienne n’est pas une cause pour les Palestiniens seulement, mais une cause pour chaque révolutionnaire, où qu’il se trouve, la cause des masses exploitées et opprimées de notre époque. » Ghassan Kanafani
Journaliste, auteur de plusieurs romans (dont Retour à Haïfa, Actes Sud, 1999), Ghassan Kanafani, né à Acre en 1936, fut également le porte-parole du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), dès sa création, en 1967. Le 8 juillet 1972, à Beyrouth, il est tué par une bombe placée dans sa voiture par les services secrets israéliens.
Le 29 octobre 2015, comme presque chaque nuit, l’armée israélienne envahit le camp de réfugiés d’Aïda, à Bethléem (Cisjordanie). Un habitant filme la scène : « Nous sommes l’armée d’occupation. Si vous jetez des pierres, nous vous gazerons jusqu’au dernier — les jeunes, les enfants, les vieux... vous mourrez tous. » « Israeli forces threaten Palestinian refugees over loudspeaker », Middle East Eye, 30 octobre 2015.
621. C’est le nombre d’enfants de moins de 17 ans tués par les forces israéliennes entre le déclenchement de la seconde Intifada, le 29 septembre 2000, et le 29 septembre 2004. Health, Development, Information and Policy Institute, 2004.
La bande de Gaza compte 5 154 personnes au km2, soit [une] densité de population [parmi les plus élevées] de la planète. Le territoire côtier, dont la superficie est de 365 km2, abrite 1,9 millions d’habitants. « Palestinian Central Bureau of Statistics, 2016 », Middle East Eye, 30 octobre 2015.
« Après avoir visité Israël en 2005, puis la Cisjordanie l’année suivante, j’ai été profondément ému et inquiet par ce que j’ai vu, et j’ai décidé d’ajouter ma voix à celles qui cherchent une solution équitable et légale au problème — pour les Juifs aussi bien que pour les Palestiniens. (…) Après plus de vingt ans de négociations, une population palestinienne sans défense vit toujours sous l’occupation, tandis qu’on lui prend plus de terres, qu’on y bâtit plus de colonies et qu’on emprisonne plus de Palestiniens, qu’on les blesse ou qu’on les tue, eux qui luttent pour le droit de vivre dignement et en paix, d’élever leurs enfants, de cultiver leur terre, d’aspirer à tous les rêves des êtres humains, comme nous autres. » Roger Waters, fondateur du groupe Pink Floyd, « Why I must speak out on Israel, Palestine and BDS » (« Pourquoi je dois m’exprimer à propos d’Israël, de la Palestine et de BDS »), Salon, 17 mars 2014.