11-12-23- MON EXODE EN 1940 RACONTE PAR MON GRAND PERE (58)
Dans ces manquements complets de compréhension que je trouvai dans ce village on devait excepter les deux prêtres. Là vraiment, les militaires m'avaient montré combien l'armée Française était mal préparée à la guerre.
La retraite militaire devait achever de me désillusionner et tout cela cadrait fort bien avec l'esprit fort superficiel de la population au milieu de laquelle je me trouvais. Que l'on y ajoute les mauvais procédés dont nous fûmes l'objet de la part des autorités et cela permettra de juger combien je fus heureux de quitter pareil milieu.
Pour juger du régime, il suffirait d'ailleurs de demander comment un être aussi peu recommandable que le Sieur R. fut non seulement maire de cette commune, mais député de l'arrondissement.
Quant aux sentiments religieux, ils se réduisaient à quelques marques extérieures car il n'y avait personne aux offices habituels, et le doyen m'affirma qu'il était bien rarement appelé au chevet des mourants, mais qu'il n'y avait presque pas d'enterrements civils. On venait l'avertir du décès et demander le jour des funérailles.
Le baptême se faisait quelquefois six mois après la naissance et quand le Doyen faisait observer que c'était bien tard, on lui répondait qu'on n'avait pas le temps.
Bref, population sans culture et sans idéal, s'amusant de mille riens, car je vis rarement peuple plus bavard. C'étaient parlottes et parlottes.
Ces gens aimaient mieux converser que travailler et toutes ces parlottes se faisaient dans un patois qui tenait singulièrement du latin et de l'espagnol.
Pas méchant, mais superficiel, pas cultivé, mais pas travailleur.
Ceci me rappelle que dans le domaine de la Richardière régnait le même désordre, absence d'entretien à l'immeuble, pas de peinture, pas de portes ou en décomposition, prairies jamais roulées ; on y négligeait même de couper les foins dans les massifs ou à proximité des massifs, là où ne pouvait pas passer la machine. Du bois sec traînaillait partout. Il y avait en face de la villa un magnifique noyer mort depuis des années et l'on avait jamais songé à l'abattre. Il n'y avait de beau que la charmille, encore mal entretenue.
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Sur ce blog, vous pourrez trouver un extrait du récit de l'exode de ma famille en mai 40 par mon Grand Père Léon Legrand, texte enrichi par son arrière petit fils Jean Michel Claeys et numéroté pour pouvoir le suivre chronologiquement. Je fis partie de cet exode qui dura plusieurs moi et traversa de nombreuses régions de France jusqu'à Bordeaux dont Oradour qui sera plus tard le lieu d'un carnage nazi (Yvan Balchoy- J'avais 4 ans))