04-12-23- NE PAS OUBLIER JULIAN ASSANGE (JOHN SHIPTON - LE GRAND SOIR)
Ne jamais oublier Julian Assange
John SHIPTON
On ne parle plus trop de lui, mais il continue de mourir à petit feu, détenu illégalement dans la prison la plus dure du Royaume-Uni. Au mépris de tout droit humain.
Un entretien repris du site LVSL.
Depuis la prison londonienne de Belmarsh (parfois qualifiée de « Guantanamo britannique »), Julian Assange attend le verdict des autorités judiciaires de Grande-Bretagne. Reclus depuis 2019, il vit sous le risque d’une extradition vers les États-Unis. Tandis que les Nations-Unies alertent sur la « torture » que constitue sa détention, un mouvement citoyen mondial plaide pour sa libération. Depuis plusieurs années, LVS analyse le cas de ce prisonnier politique occidental. Nous rencontrons John Shipton, le père de Julian Assange et un militant actif de la cessation des des poursuites engagées contre lui.
LVSL – Parlons en premier lieu de la situation judiciaire de Julian Assange : pourriez-vous la résumer ? Que pouvez-vous attendre de la justice britannique et des instances internationales.
John Shipton – Julian a requis une audience en appel. Cette demande est actuellement en cours d’examen par un panel composé de deux juges de la Haute Cour, qui devraient rendre leur décision sous peu. Reste à voir si l’appel sera autorisé ou non.
Ensuite, l’affaire sera portée devant la Cour européenne des droits de l’homme, qui examinera le dossier et rendra une décision. Il appartiendra ensuite au Royaume-Uni de prendre en considération cette décision, bien que rien ne l’y contraigne. Quant à l’extradition vers les États-Unis, le gouvernement britannique pourrait choisir de l’effectuer directement. Voilà où nous en sommes.
En ce qui concerne mon avis sur le système judiciaire britannique et l’application de la loi au Royaume-Uni, j’en suis très critique, et je m’attends à rien de moins qu’à de nouvelles distorsions de la procédure légale visant à faciliter la demande américaine [NDLR : l’affaire Assange a été caractérisée par la violation de plusieurs droits de la défense, et de multiples conflits d’intérêts du côté de la justice britannique].
LVSL – Comment expliquez-vous cette attitude de la part du système judiciaire britannique ?
JS – Il est souvent dit, parmi les partisans de Julian Assange, que le Royaume-Uni agit comme un satellite des États-Unis. À mon avis c’est inexact. Il a été établi lors du procès de Nuremberg que lorsque l’on commet un crime, on ne peut se défausser en plaidant l’action sous la contrainte extérieure. On est responsable de ses actes, quel que soit l’instigateur. Cette logique s’applique au Royaume-Uni.
Le pays est responsable des manœuvres visant à déformer la procédure légale, à manipuler les preuves et à collaborer avec l’autorité de poursuite suédoise et le Service de poursuites judiciaires de la Couronne pour maintenir Julian à l’ambassade aussi longtemps que possible, dans le but de permettre aux États-Unis de préparer leur acte d’accusation. [NDLR : avant d’être emprisonné à Belmarsh, Julian Assange, sous le coup d’une demande d’extradition vers la Suède, s’était réfugié dans l’ambassade d’Équateur à Londres. La Grande-Bretagne avait alors refusé de lui garantir une garantie de non-extradition vers un pays tiers, et avait fait pression sur l’Équateur pour qu’Assange soit expulsé de l’ambassade]
LVSL – Pensez-vous que la situation pourrait évoluer au sein du pouvoir britannique, notamment si les conservateurs perdent les élections dans quelques mois ? Attendez-vous quelque chose du Parti travailliste, ou estimez-vous qu’un consensus bipartisan prévaudra sur cette question ?
JS – À l’époque où le Service des poursuites de la Couronne conspirait avec les autorités suédoises pour empêcher Julian d’utiliser les accords d’entraide entre la Suède et le Royaume-Uni, le chef du Service des poursuites de la Couronne s’appelait…Keir Starmer. Aujourd’hui, il s’appelle Sir Keir Starmer et dirige le Parti travailliste. Il est tout à fait extraordinaire – persécution de Julian Assange mise à part – de voir un membre de la noblesse à la tête du Parti travailliste britannique.
Ces du Service des poursuites de la Couronne avaient intentionnellement été entreprises pour lui nuire. Ce qu’est devenu le Parti travailliste relève de la sinistre farce.
Vous pouvez lire l'article intégral sur l'excellent site du "Grand Soir".