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Publié par YVAN BALCHOY

22-06-23- SOULEVEMENT DE LA TERRE : LA DISSOLUTION ATTERRE (MATHIEU DEJEAN- MEDIAPART)

Soulèvements de la Terre : la dissolution atterre

Après la dissolution mercredi du mouvement écologiste prononcée par le gouvernement, et une vague d’arrestations de militants la veille, la gauche fustige une atteinte grave aux libertés publiques, symbole du déni du gouvernement en matière climatique.

Mathieu Dejean

21 juin 2023 à 19h20

UnUn mélange de colère et d’inquiétude. C’est avec ces sentiments que les partis de gauche ont reçu l’annonce de la dissolution des Soulèvements de la Terre (SLT) par le gouvernement, le 21 juin. Pour rappel, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin avait engagé cette procédure le 29 mars, quelques jours après les violents affrontements entre gendarmes et opposants aux mégabassines à Sainte-Soline (Deux-Sèvres).
© Mediapart

« Le recours à la violence n’est pas légitime en État de droit et c’est bien cela qui est sanctionné », a déclaré le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, à la sortie du Conseil des ministres. « Sous couvert de défendre la préservation de l’environnement », SLT « incite à la commission de sabotages et dégradations matérielles, y compris par la violence », justifie aussi le gouvernement dans le décret de dissolution.

Mercredi après-midi, devant le Conseil d’État, une trentaine de responsables associatifs, élu·es, chercheur·es et militant·es entouraient Marcelle, Léna Lazare et Basile Dutertre, des Soulèvements de la Terre, pour une conférence de presse pensée comme une démonstration de soutien au mouvement.

Parmi cette assemblée coincée entre le trafic des voitures et les nuées de touristes, se trouvait la célèbre activiste suédoise Greta Thunberg, venue déclarer sa solidarité aux militant·es en garde à vue : « Ils punissent ceux qui appuient trop fort sur le signal d’alarme », a-t-elle dénoncé. Disha Ravi, activiste indienne pour le climat, arrêtée dans son pays il y a deux ans en raison de son soutien aux manifestations massives de paysan·nes qui s’y tenaient alors, a aussi pris la parole pour dénoncer la répression contre les mouvements du climat.
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Un militant avec le symbole des Soulèvements de la Terre dans le dos lors d’une mobilisation contre les projets de carrières en Loire-Atlantique, à Nantes, le 11 juin 2023. © Photo Jérémie Lusseau / Hans Lucas via AFP

La députée du Val-de-Marne Clémence Guetté (La France insoumise, LFI), qui était à Sainte-Soline le 25 mars, rappelle surtout « la violence des dispositifs policiers » : « On a raconté Sainte-Soline, et j’ai demandé une commission d’enquête parlementaire sur le maintien de l’ordre dans cette opération : les donneurs d’ordres, donc les politiques, créent des dispositifs dangereux pour les gardiens de la paix et pour les manifestants », explique-t-elle.

Jointe par Mediapart, la secrétaire nationale d’Europe Écologie-Les Verts (EELV), Marine Tondelier, est aussi plus que sceptique sur l’argument de la violence : « Je me suis toujours dit qu’il y avait peut-être des choses que je ne savais pas, mais quand on lit le décret, il n’y a rien. Ils parlent de violence, je ne vois pas le rapport avec les SLT. Quand une manifestation du 1er-Mai ne se termine pas bien, on ne dit pas que c’est de la faute de Philippe Martinez. »
Une dissolution très politique

Sur la même ligne, la porte-parole du Parti socialiste (PS) Chloé Ridel dénonce une dissolution « idéologique » : « Le gouvernement se base sur des violences condamnables commises par quelques personnes à Sainte-Soline, et s’en sert comme alibi dans une dérive autoritaire. Il assimile ainsi les 100 000 personnes qui revendiquent leur appartenance aux SLT, essentiellement des pacifistes, à des terroristes. » En octobre 2022 déjà, face à la tournure massive que prenait la mobilisation contre les mégabassines dans les Deux-Sèvres, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin avait fustigé « l’écoterrorisme ».

    L’écoterrorisme n’existe pas, il ne sert qu’à justifier d’utiliser des moyens antiterroristes contre des militants.

Mathilde Panot, députée LFI

Une criminalisation du mouvement social à laquelle Mathilde Panot, la présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, a dit son opposition lors d’une conférence de presse : « L’écoterrorisme n’existe pas, il ne sert qu’à justifier d’utiliser des moyens antiterroristes contre des militants qui ont pour seul tort d’être plus raisonnables que celles et ceux qui gouvernent, c’est-à-dire d’écouter les scientifiques et de prendre en compte la catastrophe qui s’avance. »

La députée insoumise a rappelé au passage qu’une des actions reprochées aux SLT dans la procédure judiciaire est l’intrusion dans la cimenterie Lafarge à Bouc-Bel-Air, dans les Bouches-du-Rhône, le 10 décembre 2022. « Les terroristes aujourd’hui, pour la Macronie, ce n’est pas Lafarge, qui a été condamné pour avoir financé du terrorisme, c’est-à-dire Daech, mais des militants écologistes qui vont remplacer du muguet par du sarrasin, […] bref ce sont ceux qui sont des lanceurs d’alerte », a-t-elle déclaré.

Si l’inquiétude est aussi prégnante, après la colère, c’est que les écologistes font face à une vague répressive inédite. La veille de la dissolution, le 20 juin, quinze personnes, parmi lesquelles l’un des porte-parole des SLT, Benoît Feuillu, ont été arrêtées sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes et dans d’autres lieux. Ils sont encore pour beaucoup en garde à vue au moment où nous écrivons ces lignes.

« C’est un moyen de donner une couleur sulfureuse avant la dissolution, de montrer que c’est un enjeu de sécurité nationale, de donner corps à des propos ineptes sur l’“écoterrorisme”. Ça va se déballonner assez vite comme Tarnac », dénonce le sénateur écologiste Thomas Dossus.

Celui-ci a rendu visite à sept gardé·es à vue dans les locaux de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), le 20 juin à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), avec la députée écologiste Sandrine Rousseau.

 

Pour lire l'articl:e intégral, référez-vous au site MEDIAPART

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