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Publié par YVAN BALCHOY

04-07-18- QUAND ON REPROCHAIT A JAURES D'AVOIR LAISSE SA FILLE FAIRE SA COMMUNION DANS L'ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE

Oui, j’ai combattu l’Église lorsqu’elle prétendait réveiller les haines de race, et imposer à notre pays la domination combinée du mensonge jésuitique et de la brutalité militaire.

Oui, j’ai combattu et je combattrai la puissance politique de l’Église, sa mainmise sur des institutions et des services qui doivent être des services sociaux : l’assistance et l’enseignement. J’ai conformé mes actes et mes paroles. Ma fille est au lycée Molière.

Oui, j’essaie, quand j’aborde devant les citoyens rassemblés les problèmes généraux du monde et de la vie, de substituer l’idée de loi et d’évolution à l’idée de miracle et d’arbitraire. Mes enfants ont le droit de savoir, et ils sauront à mesure que leur raison se posera ces inévitables problèmes, pourquoi je ne crois pas, pourquoi je ne pratique pas, et quelle est ma conception du monde. Si les cérémonies traditionnelles avaient suffi à lier l’esprit, le nôtre serait lié à jamais.

Oui, je suis convaincu que pour réduire les prises de l’Église sur notre société, il ne faut pas attendre l’entière émancipation économique du peuple. Et je maintiendrai, pour ma part, au programme socialiste, la lutte directe contre la puissance politique de l’Église. Si je n’avais point mené ce combat, elle n’aurait pas préparé aussi savamment la campagne de presse dirigée contre moi.

Mais jamais je n’ai dit (là est la ruse cléricale et l’abominable mensonge) que c’est par la violence, dans la famille ou dans l’Etat, qu’il fallait abolir les antiques croyances, jamais je n’ai dit que les individus socialistes devaient, dans la famille, user de violence contre la conscience de la femme, de la mère, et ne lui faire aucune part. Jamais je n’ai dit que le Parti socialiste, maître de l’Etat, userait de violence dans l’Etat, pour abolir le culte traditionnel. Je n’ai jamais fait appel qu’à l’organisation graduelle de la liberté, qu’à la force intime de la science et de la raison. 

[...] Pour moi, non seulement je n’ai jamais fait appel à la violence contre des croyances, quelles qu’elles soient, mais je me suis toujours abstenu, envers les croyances religieuses, de cette forme de violence qui s’appelle l’insulte. Je ne crois pas que ce soit par les procédés hébertistes que nous viendrons à bout de la religion. 

D’autres socialistes, d’autres militants, ont une autre méthode : je n’ai pas le droit de les blâmer. L’Eglise a façonné si savamment le joug qui pèse sur les nations, elle a si bien multiplié les prises sur l’esprit et sur la vie, que peut-être bien des hommes ont besoin d’aller jusqu’à l’outrage pour se convaincre eux-mêmes qu’ils sont affranchis. J’aime mieux pour nous tous d’autres voies de libération. Le grossier couplet de la Carmagnole : « Le Christ à l’écurie, La Vierge à la voirie », m’a toujours choqué, non pas seulement par sa grossièreté même, mais parce qu’il me semble exprimer la révolte débile et convulsive plus que la liberté de la raison.

[...]

Je n’ajouterai plus qu’un mot. Je demande parfois : « Mais comment se fait-il qu’on m’accable, et que les militants me laissent accabler, quand plus des neuf dixièmes des militants sont dans le même cas que moi, quand ils ont cédé aux mêmes scrupules, quand ils ont fait exactement ce qu’ils me reprochent ? » Et on me répond : « Le peuple attend davantage de ceux dont la voix a porté plus loin. »

C’est là une conception mystique, et quand les journaux bourgeois me traitent en « apôtre » pour m’imposer des devoirs privilégiés, ils se méprennent à fond sur le mouvement socialiste. Il n’y a pas parmi nous des « apôtres » ; il n’y a pas parmi nous des prédicants ou des prophètes investis d’une mission supérieure et chargés de devoirs plus lourds. Il n’y a que des hommes luttant parmi d’autres hommes, portant comme eux le poids de la vie, liés comme eux par des liens de chair et de sang qui font de tous les problèmes de conscience des problèmes poignants. Je n’ai jamais invoqué un droit supérieur, je n’ai point tenté de prolonger sur les foules le rayon des révélations saint-simoniennes. Je suis un combattant avec d’autres combattants, un homme avec d’autres hommes. Je ne peux pas plus qu’un autre trancher avec le glaive les problèmes compliqués qu’impose la vie. Je n’ai pas prétendu à plus de droits que les autres. Je n’ai pas assumé plus de devoirs. J’ai droit à la commune humanité, et je n’ai pas le monstrueux orgueil d’accepter contre moi seul des sentences qui devraient être portées presque contre tous.

 

 

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