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Publié par YVAN BALCHOY

29-03-23- URANIUM ET PACIFISME APPAUVRIS (Grégoire Laleu-INVESTIG'ACTION DE MICHEL COLLON)

 

 

Les Britanniques comptent livrer en Ukraine des obus à l’uranium appauvri. Contre l’avis de nombreux scientifiques, Londres en minimise l’impact et accuse Moscou de jouer les « drama queens ». Pourtant, ce type de munition marque bel et bien un nouveau cap dans l’escalade militaire. De quoi interroger les convictions des « pacifistes » qui, jusqu’à présent, ont applaudi les livraisons d’armes par solidarité envers les Ukrainiens ?

 

Le lundi 20 mars, le site Internet du Parlement britannique nous apprenait que le Royaume-Uni allait envoyer à Kiev des munitions à l’uranium appauvri. Interrogée par un député, c’est la vice-ministre de la Défense, Annabel Goldie, qui a vendu la mèche au détour d’une réponse écrite : « Parallèlement à l’octroi d’un escadron de chars de combat Challenger 2 à l’Ukraine, nous fournirons des munitions, notamment des obus perforants contenant de l’uranium appauvri. Ces munitions sont très efficaces pour détruire les chars et les véhicules blindés modernes ».

L’annonce de cette périlleuse escalade dans le conflit ukrainien n’a pas défrayé la chronique. En revanche, la réaction russe a mis la presse occidentale en émoi. Vladimir Poutine a en effet déclaré que « si tout cela devait se produire, la Russie devra réagir en conséquence ». Aussitôt, des titres nous apprenaient que « Poutine menace le Royaume-Uni ». Elle est pas belle, la propagande de guerre ? D’aucuns pourraient s’inquiéter que la perfide Albion introduise un nouveau type de munition particulièrement dangereux sur le théâtre ukrainien. Ce sont d’ailleurs les mêmes Britanniques qui veulent refourguer des sous-marins nucléaires à l’Australie en vue d’une possible guerre contre la Chine. Pourtant, la girouette médiatique nous indique que le danger souffle depuis Moscou. Pas depuis Londres.

À défaut d’être brillants, les rouages de la machine à rincer les cerveaux nous apparaissent ici de manière éclatante. L’ennemi – russe en l’occurrence – est l’incarnation du mal absolu. Par conséquent, qu’il puisse s’inquiéter d’une escalade nucléaire, cela ne compte pas. Pas plus que les perches lancées au cours des dernières décennies pour négocier la sécurité collective de l’Europe. Ni même les questions soulevées sur l’expansion de la plus grande alliance militaire de l’Histoire à ses frontières. L’ennemi est mauvais. Point barre. En revanche, comme le rappelle l’historienne Anne Morelli à travers ses Principes élémentaires de la propagande de guerre[1], « nos » leaders sont toujours « sains d’esprit et pétris d’humanité ». Même lorsqu’ils rapprochent un peu plus l’humanité de l’hiver nucléaire.

Surfant sur cette logique aussi binaire qu’implacable, Londres peut sans sourciller accuser Moscou  de « désinformation sur l’uranium appauvri ». Désinformation ? Cette histoire d’obus ne serait donc qu’une vulgaire fake news propagée par le Kremlin ? On l’a pourtant lue, la réponse écrite de la vice-ministre Goldie. Aurait-elle été publiée sur un faux site du Parlement britannique, mis en ligne par un obscur hacker russe tapi dans la banlieue moscovite ? En réalité, tout est vrai. Et les autorités britanniques ne nient pas la livraison de ces obus. C’est déjà ça. Interrogée sur le même sujet fin janvier, la Maison-Blanche a sournoisement botté en touche. En France, la grande muette a grommelé qu’elle disposait toujours d’un petit stock de ces obus polémiques. Outre-Manche, les fiers-à-bras de l’uranium ne prennent pas de pincettes et assument pleinement le cap franchi. Mais ils en minimisent l’impact. « L’armée britannique utilise de l’uranium appauvri dans ses obus perforants depuis des décennies », a relativisé le porte-parole du ministère de la Défense. « Il s’agit d’un composant standard qui n’a rien à voir avec les armes ou les capacités nucléaires. La Russie le sait, mais elle tente délibérément de désinformer. » Traduisez : « L’uranium appauvri, c’est du pipi de chat. On en utilise tout le temps. Les Russes essaient juste de faire monter la sauce. Méchants Russes. » Notez au passage que des agences de communication sont grassement rémunérées pour pondre de si solides argumentaires.

Du pipi de chat, vraiment ? « L’uranium appauvri (UA) est un sous-produit de la production de combustible enrichi pour les réacteurs nucléaires et les armes », précise William Blum dans L’État voyou. « L’UA étant plus dense que l’acier, les obus le contenant permettent de percer les blindages de chars les plus résistants. Mais l’UA a un inconvénient : il est radioactif. Et comme tous les métaux lourds, l’uranium est une substance chimique toxique. Au moment de l’impact sur la cible, l’UA se disperse en une fine brume de particules qui peuvent être inhalées ou ingérées, puis stockées dans les poumons, les reins ou partout ailleurs dans le corps. »

Ce type de munition est prisé pour sa capacité à percer les blindages. La langue de Shakespeare évoque ainsi des « tanks killers ». Toutefois, leur utilisation ne serait pas sans dangers. Le ministère britannique de la Défense invoque bien la Royal Society pour affirmer que les munitions à l’uranium appauvri n’auraient « probablement » qu’un faible impact sur la santé et l’environnement. Mais d’autres scientifiques tirent la sonnette d’alarme et militent pour leur interdiction.

Les effets des munitions à l’uranium appauvri reviennent régulièrement sur la table des Nations unies et font l’objet d’âpres débats. C’est que derrière, de puissantes industries font leur beurre du métal lourd. Or, bien souvent, les lobbies n’hésitent pas à influencer des études pour dédouaner leur juteux business. On apprendra ainsi qu’il n’y a pas de corrélation entre les boissons sucrées et la prise de poids. Ou encore que la nicotine protège du covid-19. En 2021, une étude publiée dans la revue scientifique BMJ Global Health indiquait tout de même que « les preuves disponibles suggèrent des associations possibles entre l’exposition à l’uranium appauvri et les effets néfastes sur la santé de la population irakienne. » Au pays des deux fleuves, l’Oncle Sam a balancé ces obus maléfiques comme s’il en pleuvait. Vingt ans après l’opération « Liberté irakienne », des bébés malformés naissent encore à Falloujah. Et les cas de cancer ont explosé. La liberté à la sauce américaine laisse un goût amer.

Aujourd’hui, si certains affirments encore que ces munitions sont sans danger, le Programme des Nations unies pour l’Environnement préconise « le principe de précaution ». On notera d’ailleurs que la Belgique a été le premier pays à interdire ces armes et leur financement. C’était en 2009. D’autres États plaident dans le même sens. Le principe de précaution semble toutefois s’être perdu dans le brouillard londonien. Et l’uranium appauvri devrait donc faire une entrée fracassante sur le champ de bataille ukrainien.

De quoi défriser les « pacifistes » d’Europe qui encouragent les livraisons d’armes à Kiev ? Que les habituels faucons se délectent du tintamarre des canons, rien d’étonnant. De la Yougoslavie à la Libye en passant par l’Irak et l’Afghanistan, ils sont de toutes les guerres. La chose est plus étonnante pour celles et ceux qui d’ordinaire tiennent plutôt de la colombe. Aurait-elle pris du plomb dans l’aile ? En Ukraine, il y a un agresseur et un agressé, nous expliquent ces drôles d’oiseaux[2]. Face à l’ogre russe, on ne peut tout de même pas abandonner les Ukrainiens à leur triste sort. Il faut donc les armer jusqu’aux gencives. Ce raisonnement mérite qu’on lui vole dans les plumes.

Tout d’abord, en se focalisant uniquement sur le rapport entre agresseur et agressé, nos pacifistes belliqueux oublient que l’invasion russe n’a pas déboulé sur la ligne du temps, hors de tout contexte. L’Ukraine est en guerre depuis dix ans ; depuis que les États-Unis y ont fomenté un putsch et offert un marchepied aux nationalistes....

Si Michel Collon s’intéresse aux risques minimisés bien sûr, par les militaristes agressifs, c'est que journaliste lors de la scandaleuse agression de l'OTAN contre la Serbie, entité résiduelle de la grande Yougoslavie dont l'éclatement a été du en grande partie par l'Allemagne y trouvant l'occasion de se venger, à travers les Oustachis Croates,  de la raclée subie  par eux sous Tito.

Michel Collon fut donc en contact avec ces munitions, prétendues sans danger et en revint souffrant.

Y-a-t-il un lien de cause à effet entre son séjour là-bas et ses ennuis de santé ? Il a le droit et nous aussi d'y réfléchir.

La décision de la Grande Bretagne me semble donc potentiellement criminelle. D'ailleurs depuis quelques jours les libéraux occidentaux accusent la Russie d'intégrer des armes atomiques en Biélorussie sans plus mentionner l'intention britannique qui en fut la cause.

 

Pour lire l'article intégral d'Investig'action, n'hésitez pas à vous contacter à cet intéressant média de Michel Collon.

Yvan Balchoy

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