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Publié par YVAN BALCHOY

Photo: Biden  en novembre 2021.

Photo: Biden en novembre 2021.


  

Après avoir accusé la Russie du sabotage des gazoducs Nord Stream, des journaux étasuniens et allemands laissent entendre que le gouvernement ukrainien pourrait être impliqué. Pas de quoi remettre en doute le récit de Seymour Hers. Mais, comme l’explique Joe Lauria, ses fuites coordonnées pourraient annoncer un revirement politique majeur de Washington alors que Bakhmut semble sur le point de tomber aux mains des Russes et que des responsables occidentaux ne cachent plus leurs doutes sur les capacités de l’armée ukrainienne. (IGA)

 

Le New York Times a publié un article le 7 mars, « Intelligence Suggests Pro-Ukrainian Group Sabotaged Pipelines, U.S. Officials Say » (Selon des responsables US, les services de renseignement suggèrent qu’un groupe pro-ukrainien a saboté les gazoducs). À première vue, l’article semble destiné à exonérer les gouvernements étasunien et ukrainien de toute implication dans la destruction, en septembre dernier, des gazoducs Nord Stream reliant la Russie à l’Allemagne.

L’idée maîtresse de l’article du Times est que ce sont des Ukrainiens non affiliés au gouvernement de Kiev qui ont fait le coup. L’information vient de « responsables américains » anonymes, souvent cités par les journaux.

Mais un examen plus approfondi de l’article révèle des nuances qui n’excluent pas que le gouvernement ukrainien ait pu être impliqué dans le sabotage.

En effet, l’article cite des responsables européens anonymes qui affirment qu’un État a dû être impliqué dans cette opération sous-marine sophistiquée. Le Times s’évertue à souligner plus d’une fois que cet État n’est pas les États-Unis.  Et si le deuxième paragraphe de l’article affirme catégoriquement qu’il ne s’agit pas non plus de l’Ukraine, l’article laisse malgré tout la porte ouverte à une éventuelle implication du gouvernement ukrainien :

« Les responsables américains ont refusé de divulguer la nature des renseignements, la manière dont ils ont été obtenus ou des détails sur la solidité des preuves qu’ils contiennent. Ils ont déclaré qu’il n’y avait pas de conclusions fermes à ce sujet, ce qui laisse ouverte la possibilité que l’opération ait été menée de façon clandestine par une force mandataire ayant des liens avec le gouvernement ukrainien ou ses services de sécurité. (C’est moi qui souligne).

Pour la coalition pro-Ukraine mise en place par Washington, le Times explique clairement quelles seraient les conséquences pour l’ensemble de l’Occident si le gouvernement ukrainien était impliqué.

« Les responsables ont déclaré qu’il y avait encore d’énormes zones d’ombre dans ce que les agences d’espionnage américaines et leurs partenaires européens savaient des événements. Mais ils ont ajouté qu’il pourrait s’agir de la première piste significative à émerger de plusieurs enquêtes étroitement surveillées et dont les conclusions pourraient avoir de profondes implications pour la coalition soutenant l’Ukraine.

Toute suggestion d’implication ukrainienne, qu’elle soit directe ou indirecte, pourrait perturber les relations délicates entre l’Ukraine et l’Allemagne, et aigrir le soutien d’un public allemand qui a déjà digéré des prix de l’énergie élevés au nom de la solidarité ».

Le Times explique également que l’implication du gouvernement ukrainien pourrait détruire le soutien international que les États-Unis ont bâti pour Kiev. Tout comme l’immense soutien populaire en faveur de Kiev que la guerre de l’information menée par les États-Unis a permis de développer.

Le Washington Post a publié hier un article similaire. Il rapporte que le gouvernement ukrainien a nié toute implication dans l’attaque. « L’Ukraine n’a absolument pas participé à l’attaque contre Nord Stream 2 », a déclaré Mykhailo Podolyak, le principal conseiller de Zelensky, se demandant pourquoi son pays mènerait une opération qui « déstabilise la région et détourne l’attention de la guerre, ce qui n’est absolument pas bénéfique pour nous ».
Le début d’une prise de distance

En affirmant que Washington n’a qu’une influence limitée sur Kiev et bien que les dernières années prouvent le contraire, le New York Times permet aux responsables US de commencer à prendre leurs distances avec l’Ukraine. L’article semble préparer l’opinion occidentale à une brusque volte-face provoquée par une kyrielle d’opérations ukrainiennes auxquelles les États-Unis disent s’être opposés.  Cela vaut la peine de citer le Times en long et en large :

« Toute conclusion rejetant la responsabilité sur Kiev ou sur des mandataires ukrainiens pourrait provoquer une réaction brutale en Europe et rendre plus difficile pour l’Occident de maintenir un front uni dans son soutien à l’Ukraine.

Les responsables et les services de renseignement américains reconnaissent qu’ils n’ont qu’une visibilité limitée sur le processus décisionnel ukrainien.

Malgré la forte dépendance de l’Ukraine à l’égard des États-Unis en matière de soutien militaire, diplomatique et de renseignement, les responsables ukrainiens ne sont pas toujours transparents avec leurs homologues américains en ce qui concerne leurs opérations militaires, en particulier celles qui visent des cibles russes derrière les lignes ennemies. Ces opérations ont frustré les responsables américains, qui estiment qu’elles n’ont pas amélioré de manière significative la position de l’Ukraine sur le champ de bataille, mais qu’elles ont risqué d’aliéner les alliés européens et d’aggraver la guerre.

Parmi les opérations qui ont inquiété les États-Unis, citons une frappe début août sur la base aérienne russe de Saki, sur la côte ouest de la Crimée ; un attentat au camion piégé en octobre qui a détruit une partie du pont du détroit de Kertch, qui relie la Russie à la Crimée ; et des frappes de drones en décembre visant les bases militaires russes de Riazan et d’Engels, quelque 480 km au-delà de la frontière ukrainienne.

Mais il y a eu d’autres actes de sabotage et de violence d’origine plus ambiguë que les services de renseignement américains ont eu plus de mal à attribuer aux services de sécurité ukrainiens.

L’un d’entre eux est l’attentat à la voiture piégée près de Moscou en août, qui a tué Daria Dugina, la fille d’un éminent nationaliste russe.

Kiev a nié toute implication, mais les services de renseignement américains ont fini par croire que l’assassinat avait été autorisé par ce que les responsables ont appelé des « éléments » du gouvernement ukrainien. En réponse à cette découverte, l’administration Biden a réprimandé en privé les Ukrainiens et les a mis en garde contre des actions similaires.

Les explosions qui ont fait éclater les pipelines Nord Stream ont eu lieu cinq semaines après l’assassinat de Mme Dugina. Après l’opération Nord Stream, des spéculations étouffées – et des inquiétudes – ont été exprimées à Washington sur le fait que des membres du gouvernement ukrainien auraient également pu être impliqués dans cette opération. »

Bien entendu, tout cela ne signifie pas que les États-Unis n’ont pas mené le sabotage de Nord Stream, comme l’a rapporté Seymour Hersh. Mais ils continuent à blâmer cyniquement l’Ukraine.

En attirant l’attention sur la possible culpabilité du gouvernement ukrainien, les services de renseignement US font coup double : ils détournent la responsabilité des États-Unis et préparent l’opinion publique. Les États-Unis pourraient en effet justifier l’abandon de l’Ukraine après tout ce qu’ils ont investi dans leur aventure visant à affaiblir la Russie et à renverser son gouvernement par le biais d’une guerre économique, d’une guerre de l’information et d’une guerre par procuration, qui ont toutes échoué.

Un consensus est en train de se former parmi les dirigeants occidentaux sur le fait que la guerre contre la Russie en Ukraine est perdue. Washington devrait donc sauver la face pour opérer un tel revirement politique. Insinuer que l’Ukraine a fait sauter les gazoducs de son allié allemand pourrait aider les États-Unis à revenir sur leur soutien à l’Ukraine.
Les médias allemands accusent également l’Ukraine le même jour

LISEZ LA SUITE DE CET ARTICLE SUR LE SITE INVESTIG'ACTION DE MICHEL COLLON

 

https://www.investigaction.net/fr/les-etats-unis-prets-a-un-coup-fourre-pour-lacher-lukraine-des-indice

Source: Consortium News

Traduit de l’anglais par GL pour Investig’Action

 

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