24-02-23- "ETRE LIBRE CE N'EST PAS CHOISIR A TOUT VENT, C'EST ETRE SOI-MEME" (LA LIBERTE DANS L'OEUVRE DE DOSTOÏEVSKI) - 196
Le Christ aurait pu « choisir » les moyens de succès que lui proposait Satan, note la « Légende du Grand Inquisiteur » ; ne lui appartenaient ils pas en droit ?
-« Cependant tu aurais pu prendre alors le glaive de César ? Pourquoi as-tu repoussé ce dernier don ? En acceptant l’empire de César, tu aurais fondé l’empire universel et donné la paix au monde. » (1)
(1) « Les Frères Karamazov » page 279. Cf. cette lettre qui rejoint les conceptions de l’Inquisiteur : « par ailleurs, Jésus « aurait pu » sans le conseil du diable se procurer du pain autant qu’il en voulait. » Lettre 550 du tome III de l’édition russe.
Mais le Maître n’a pas voulu priver l’homme de sa liberté ; il a repoussé l’obéissance achetée au prix des pains ; l’inquisiteur lui reproche même d’avoir « choisi » pour se railler les hommes des « notions vagues », énigmatiques, bref tout ce qui dépasse leurs forces. (2)
(2) « Les Frères Karamazov », page 273 et 276
Dans le commentaire de la tentation du Christ adressé en 1876 à V.A. Alexiev, l’écrivain explicite le pourquoi du choix que, selon lui, effectue le Christ.
« Comme le Christ portait en Lui-même et en sa Parole l’idéal de la beauté, il décida : il vaut mieux implanter dans les âmes l’idéal de la Beauté… Si on leur donne le pain, ils risquent de devenir ennemis par ennui. (3)
(3) « Correspondance de Dostoïevski » tome III de l’édition russe, lettre 550.
Mais, comme le suggère le vieux Cardinal de Séville (4) Jésus était plus armé que quiconque pour résister personnellement aux séductions du Prince de ce monde et reste fidèle à sa mission ici-bas ; N’est-il pas le seul homme à la vocation totalement accomplie ?
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(4) Cf. « Les frères Karamazov », page 273 et 276 ; notons ici que selon la « Légende », Jésus a voulu repousser le miracle et, dans les moments graves de la vie… dans les questions capitales, s’en tenir à la libre décision du cœur, sachant que grâce à l’Ecriture, sa fermeté atteindrait les différentes générations humaines et espérant que l’homme, suivant son exemple, se contenterait de Dieu sans exiger de merveilleux. « Si notre liberté et notre amour sont à l’image du Maître, celui-ci a connu lui-aussi le moment du choix. »
Yvan Balchoy
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