30-01-22- EUROPE 1 DÉNATURE MESQUINEMENT ROUBAIX : J'Y AI TRAVAILLE TRENTE ANS SANS SOUFFRIR DE SA DIVERSITÉ. (YVAN BALCHOY)
Oui, j'ai travaillé à la Redoute à Roubaix de 1971 à 2001 au quartier de l'Alma, dont j'ai entendu un jour à la Radio qu'il était un des plus dangereux de France et je veux témoigner ici de la malveillance de cette opinion radicale reprise par Europe 1... radio de plus en plus extrémisée à droite avec la complicité de journalistes accrédités peut-être par Monsieur Bolloré qui se pare parfois d'esprit chrétien alors ses actions ne proclament que « Bienheureux les riches » en opposition totale avec l'Evangile de Jésus de Nazareth
Pendant ces trente ans, j'ai eu deux ou trois points de friction avec des musulmans mais aussi beaucoup de sourires de la part de ces gosses quelque peu basanés qui me considéraient avec un certain respect, me prenant à tort comme un « docteur »
Je pense ce matin au support scolaire, car la Redoute nous encourageait à aider les devoirs des enfants d'une école locale. J'y ai mesuré la difficulté d'ajuster la vétusté de mes souvenirs scolaires aux nouveautés pédagogiques.
Je me souviens qu'un soir, quittant « l'aide aux devoirs », j'ai retrouvé ma voiture à deux pas, sur un parking-Redoute, forcée avec le vol d'une radio ainsi que de quelques livres dont un ouvrage de philosophie que je piochais régulièrement.
Le lendemain, une des petites filles, quand je la quittai après l'avoir aidée, vaille que vaille, à vérifier ses réponses en math, m'invita à venir le dimanche matin participer à une vente organisée en partie par sa famille et j'acceptai ce que je considérais comme un prolongement de l'aide scolaire.
Quelle ne fit pas ma surprise de retrouver sur une toile cirée deux trois livres qui m'avaient été subtilisés dont le traité de philo.
Pour être franc, je fus d'abord étonné mesurant l'écart déjà important entre les grands frères adolescents et la petite élève si gentille.
Bien vite, ce fut le sourire qui gagna en moi et « généreusement » je rachetai mes biens au prix de quelques francs en « solde de tout compte » et quand je quittai Roubaix, j'étais plus amusé que fâche par ce qui m’était arrivé.
Des années plus tôt, je me rappelle ma colère en découvrant au retour de la Pharmacie Talleux, vrai havre de paix et de rencontres dans la diversité du quartier de l'Alma, ma portière ouverte (l'avais-je vraiment fermée ?) et mon autoradio arrachée.
A ce moment-là, j'aperçus un jeune que je connaissais seulement de vue, qui me regardait avec curiosité et je ne pus m'empêcher de me plaindre, en lui proposant même de racheter mon appareil.
Sa réponse me stupéfia :" Impossible monsieur, elle est déjà vendue, on ne savait pas que c'était à vous". »
Enfin une dernière anecdote qui montre bien que dans ce quartier ultra-dangereux, selon l'opinion de ceux que Brassens appelaient les bien-pensants, je n'avais pas peur de ces jeunes adolescents.
Rentrant seul le soir dans un parking un peu délaissé car périphérique, je vis, deux jeunes d'une quinzaine d'années qui tenaient en main un portefeuille. Sans réfléchir, ces mots sortirent de ma bouche ."Ce portefeuille n'est pas à vous, donnez-le moi, je le rapporterai en lieu sûr".
Là-dessus, ils me regardèrent comme si j'étais un extra-terrestre, plus scandalisés que furieux et celui qui tenait le document le jeta par terre dans la boue avant de pisser dessus, puis ils s'éclipsèrent.
Avec un mouchoir je saisis le portefeuille et le ramenai à la succursale de la « Société générale » de la Redoute en expliquant ce qui s'était passé.
Un employé saisit l'objet où j’avais trouvé un chèque de mille francs français de l'époque. Quant dans mon récit, j'en arrivai à la réaction urinaire d'un des deux jeunes, je me rappelle avec quel dégoût il jeta sur un bureau ce qu'il tenait en main ce qui, à vrai dire, m'amusa.
Oui, une fois ce fut le drame !
En arrivant le matin à mon travail, je trouvai toutes les rues adjacentes à mon entreprise remplies de voitures officielles et de policiers armées de mitrailleuses. J'appris à ce moment-là qu'un conflit violent avait surgi entre des islamistes violents et la police qui les avait refoulés dans une maison de quartier, rue Archimède, y mettant volontairement ou non le feu ce qui finalement provoqua la mort de toutes ces personnes.
N'y avait-il pas un autre moyen de venir a bout de ces islamistes en les arrêtant plutôt que de les abattre ou de les laisser mourir du feu.
Tel fut le seul vrai acte de violence auquel j'assistai durant trente ans, alors qu’à Bruxelles,où je fus beaucoup moins présent, devant les bureaux de "Solidaire" où je travaillais comme bénévole, deux personnes m'ont, un matin, pris à la gorge pour me faire perdre connaissance et me priver de mon téléphone et de mon argent, risquant ainsi de me tuer.
Je ne les ai pas vus et donc je me refuse à accuser d’office, ceux qu'une certaine presse appelle des « bicots ». Mais c'est sûr, Bruxelles me semble bien plus dangereux que Roubaix, ville mi-nordique mi-méditerranéenne culturellement parlant mais ville où j'ai bien agréablement vécu ma vie professionnelle.
Revenons à présent à l'émission d'Europe 1 que j'ai trouvé négative et passablement islamophobe.
Le sieur Bigo, « la voix de son maître », à un moment donné, voulant exprimer son refus de voir une culture pour lui islamique, c'est sûr, triompher dans la ville nordique, commença à prononcer le mot « supplanter » mais conscient du caractère nettement "zemmourien" du mot, il se reprit et utilisa un autre terme plus convenu..
Je ne vous détaillerai pas toutes les bêtises pérorées par ces deux journalistes qui additionnaient leur non-amour de cette ville, hier capitale du textile mondiale, aujourd'hui petite métropole désindustrialisée peuplée à une forte proportion d'immigrés, qui à mes yeux personnalise bien mieux que d'autres villes touristiques cette humanité de demain où, je l'espère, musulmans, chrétiens et non chrétiens etc...ne vivront ni « côte à côte », ni « face à face » mais cœur à cœur en ne considérant plus leur différences comme des déficiences.
A vrai dire, nous voilà à des années lumière d'une idéologie mortifère, scandalisée par le fait qu'on trouve même en vitrine à Roubaix et sans doute ailleurs des poupées « sans visage », à cause du refus des musulmans de reproduire l'image de Dieu pour des raisons attachées à leur Foi.
A écouter ces journalistes bornés accusant gratuitement, je pense la gauche qu'ils appellent de ce terme haineux et sans vraie justification d'islamo-gauchisme, accusation qui va de pair chez eux avec celle aussi gratuite souvent d'antisémitisme qui nous rappelle sûrement le plus ignoble génocide de l'histoire, mais qui leur sert parfois d'alibi pour tolérer en les occultant des crimes bien actuels d'une autre portée certes que la Shoah, mais aussi racistes et porteurs d'apartheid que l'était l'Afrique du Sud des Boers.
Au nom de « Lumières » anciennes parfois contestables, qui, entre beaucoup d'autres, rejettent du social l'image et le message du Christ, est-on certain que chez nous la dignité humaine grandit ainsi que le respect et la tolérance, valeurs sûrement universelles.
Dans ma jeunesse, les plus pauvres, quand ils avaient des poupées (mon épouse me disait tout à l'heure qu'elle n'en n'a jamais eue en son enfance) leur visage n'était parfois qu'une boule de son quasi informe. Elles ne les serraient pas moins contre leur coeur que les demoiselles des beaux quartiers caressant d'autres poupées en porcelaine au visage très élaboré.
Ce qui oppose ces poupées, c'est la différence sociale qui donne à certains accès au luxe et à l'inutile et prive les autres de l'essentiel.
Le vrai fossé entre les hommes qui devrait nous scandaliser ce ne sont pas les poupées avec ou sans visage, qui témoignent d'une approche plus complémentaire que différente de l'humain et du divin, mais le blasphème certain qu'est la pauvreté sociale qui ne trouble guère nos bourgeois bien pensants d’aujourd’hui qui font le choix républicain ou celui de Zemmour.
A leur yeux laïcs, souvent aujourd'hui laïcards et intolérants, il n'est pas permis en cette France déchristianisée avec leur appui, d'affirmer son respect du Créateur en gommant la tête d'une poupée comme si cette absence de visage était pire que la misère si présente en certains quartiers de Roubaix ni les violences quotidiennes dans certaines régions du Moyen-Orient.
A ce propos je me rappelle avec émotion de la belle chanson du Père Duval qui imaginait le Christ cheminant avec les ouvriers exploités dans la « rue disparue des "longues haies. »
Bien sûr, ceux qui menacent de mort ces journalistes à cause de leur reportage sur Roubaix, prouvent seulement leur criminalité et le vide de leur foi. Je les condamne.
L'extrémiste islamiste existe et il faut le combattre, mais l'extrémisme qui trahit le vrai esprit laïque vicie aussi nos Medias.
S'ils sont scandalisés par mes propos, je le suis moi par leur critique injuste de ce qu'ils appellent l'extrémisme de gauche qui recouvre en réalité cet appel extrême à la justice qui nous a valu dans les années trente l'ébauche de notre remarquable législation sociale. C'est tout le contraire du "médiocre social" qui se dégage des années Macron, malgré un "Quoi qu'il en coûte" que chaque gouvernant aurait du pratiquer durant la crise COVID.
J'espère par dessus tout que demain, les poupées sans visage ou avec visage se côtoieront pacifiquement sur le même étalage et que les extrémistes de tout bord, ceux qui hier terrorisaient souvent des peuples colonisés de force, ceux qui veulent imposer par la violence leur conception de dieu à d'autres croyants ou incroyants , remplaceront leur haine réciproque par une émulation fraternelle.
Yvan Balchoy