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Publié par JACQUES ALLARD

Guy Agneessens, décédé ce lundi 15 mars 2021 à 18h, est un ami.  Je le rencontrai pour la première fois dans le courant des années 80, en compagnie de quelques uns de ses amis, avec qui il fut au séminaire durant sa préparation à la prêtrise.  L'un de ses amis fut Jean Huart, ex-évêque de Tournai, dont la modestie était aussi connue que sa fine intelligence (notamment dans les matières théologiques, mais aussi en botanique, comme amateur).  L'autre de ses amis fut Emmanuel Hubert, un autre de mes amis, également décédé (dans les années 90), et dont le sens de l'humour permit à son ami Guy de tenir le coup moralement jusqu'à la fin des études au séminaire, tant ils avaient ri ensemble !

Il y a quelques années, Guy m'avait téléphoné pour me demander si je pouvais le conduire environ une fois par trimestre chez sa soeur Gaby, atteinte de la maladie d'Alzheimer et installée pour cette raison dans une maison de repos à Boutersem (entre Leuven et Tienen),  C'est avec plaisir que je lui rendis ce service durant quelques années.  A partir d'un certain moment, sa soeur ne le reconnut plus, et elle décéda peu de temps après.  Je gardai encore le contact avec Dominicus, le fils de Gaby et le filleul de Guy, qui nous accueillait chaque fois lors de notre visite pour un "koffiekoek".

Un beau jour, Guy quitta le presbytère de la paroisse d'Esplechin (diocèse et commune de Tournai), pour s'installer dans la résidence-services La Providence à Tournai, où il retrouva plusieurs de ses anciens collègues chanoines retraités.  Ainsi, je lui rendis visite dans son nouvel appartement-services, où nous trinquions ensemble à l'amitié (!), et où nous échangions sur de nombreux sujets de conversation.  Il écoutait toujours davantage qu'il ne parlait et s'encquiérait toujours de ce que je faisais, comment allaient mes proches,...  La conversation se terminait toujours sur des thèmes de l'Evangile.  Il avait d'ailleurs déjà dit que toute sa vie avait tourné autour de la proclamation de l'Evangile, dont il connaissait les textes par coeur, tant en français qu'en grec ancien.  Sa prière du matin (à 5 heures) consistait en la récitation de la salutation à Marie en grec sur le balcon de la résidence-services : non pas le "Ave" impérial, mais le "réjouis-toi, Marie".

Il me raconta aussi ce qui lui arriva un jour lors d'un pélerinage à Lourdes.
Ayant demandé à Dieu dans sa prière s'il était content de lui, il fit l'expérience suivante.  Installé dans sa chaise roulante au bord de l'esplanade (à la grotte),muni de son étole (pour des confessions), il accueillit à intervalle espacé deux personnes dont il entendit la confession.  Ces deux personnes revinrent ensuite vers lui pour lui exprimer leur reconnaissance d'avoir éprouvé une paix intérieure qu'elle n'avaient jamais connue auparavant... Plus tard, lors de sa semaine de pélerinage, une jeune personne s'approcha de Guy, lui disant qu'elle l'avait reconnu (ce qui n'était pas réciproque).  En effet, Guy avait rendu visite à la grand-mère de cette jeune personne, en présence d'une partie de la famille. suite à cette visite, il entendit le même message de la bouche la jeune fille : une paix inhabituelle avait envahi la grand-mère et la famille qui l'entourait au terme de la visite de Guy...  Il fut le premier émerveillé de la réponse qu'il reçu à sa demande.

Ces derniers mois, il fit plusieurs chutes à quelques semaines d'intervalle, ce qui le conduisit de son appartement à une chambre individuelle de la maison de repos connexe, et de la chambre individuelle à l'hôpital (pour cause de fractures), et enfin dans une chambre individuelle d'une autre maison de repos (la sainte Union à Froyennes).  Il décéda ce lundi 15 mars à 18h, sans que ses amis aient pu lui rendre visite depuis le moment où il quitta son appartement de la résidence-services, COVID oblige !  Lui ne se sentait jamais seul, de par la présence de Dieu, en laquelle il vivait constamment, mais nous, ses amis, nous étions affligés de ne pouvoir lui témoigner encore nos marques d'amitié.  

Guy pensait fermement qu'à la mort, du fait que l'on sort du temps et de l'espace, la résurrection devient instantanément notre nouvelle condition, à l'instar de la chenille qui devient papillon, et ce, sans attendre des centaines de milliers d'années dans une salle d'attente.

A la perspective de chacune de mes visites (et il en allait sans doute également pour ses autres amis visiteurs), il disait au téléphone ; "à la joie de te revoir".  Le face à face avec Dieu le comble désormais au-delà de tout ce que l'être humain peut rêver.  "Seigneur, quand te verrai-je face-à-face ?", interroge le psalmiste. Puis, il s'exclame : "Au réveil, je me rassasierai de ton image".

Le chanoine Guy Agneessens est décédé à l'âge de 89 ans

Le chanoine Guy Agneessens est décédé à l'âge de 89 ans

Une figure bien connue de la communauté religieuse tournaisienne s’est éteinte ce lundi 15 mars.

Né à Kain en 1931, Guy Agneessens avait fêté récemment ses 60 ans de prêtrise. Après sa formation théologique au séminaire de Tournai, l’abbé avait été nommé par Monseigneur Himmer au Collège Saint-Vincent de Soignies où il fait une longue carrière dans l’enseignement avant d’être rappelé à Tournai. Il se voit alors confier la paroisse de Saint-Paul par Monseigneur Huard, une paroisse où il a pu insuffler son dynamisme et son esprit d’ouverture.

Nommé chanoine au chapitre de la cathédrale de Tournai, il s’installe ensuite dans la cure d’Esplechin, un village qu’il va également marquer par sa personnalité.

Guy Agneessens est décédé ce lundi 15 mars à l’âge de 89 ans. En raison de la crise sanitaire, ses funérailles auront lieu dans l’intimité ce samedi 20 mars en l’église Saint-Martin à Esplechin.

Laurence Journé

https://www.notele.be/it18-media94018-deces-du-chanoine-guy-agneessens-a-l-age-de-89-ans.html

Ci-dessous, le compte-rendu dans la presse diocésaine des 60 ans de prêtrise de Guy Agneessens, il y a cinq ans (en 2016)

https://www.diocese-tournai.be/promos/1681-guy-agneessens-60-ans-de-pretrise.html

Guy Agneessens, 60 ans de prêtrise

 
De Kain, Soignies, Tournai, Jurbise, Esplechin et ailleurs, les amis seront nombreux dimanche, autour de Guy Agneessens

Abbe Guy AgneessensIls seront nombreux… «s’ils peuvent venir» note Guy Agneessens. «Parce que l’âge est là. J’aurai 85 ans en décembre. Et des amis, j’en ai déjà perdu pas mal. On avait été vingt-deux à être ordonnés en même temps. On est encore trois en vie… Moi-même, quand je dois me déplacer, ça devient compliqué. C’est pour ça que je fête mes 60 ans de prêtrise quelques mois à l’avance, à la fin de l’été, quand il fait encore beau. C’est toujours ça de gagné. Tu imagines, en février, avec un pied de neige ou du verglas…» Chez Guy Agneessens, l’humour n’est jamais loin.

À Kain, le fils d’Alphonse

Le futur prêtre naît à Kain, à l’école communale le 2 décembre 1931, après une sœur de deux ans son aînée. Il perd sa mère alors qu’il n’a que dix ans. Son père, Alphonse, est «l’instituteur». Celui qui, vers la fin de sa vie, publiera «Vivre à Kain», livre-référence du village.

Après des humanités (en partie durant la guerre) au collège Notre-Dame de la Tombe, le jeune Guy a la vocation. «Je fais 2 ans de philosophie à Bonne Espérance, 4 de théologie à Tournai entrecoupés d’un service militaire de 18 mois. Et je suis ordonné à Saint-Brice en février 1957.»

À Soignies, pion, prof, boss…

Reste à caser le tout nouvel abbé. On lui a vaguement demandé son avis… «Comme j’en avais soupé de l’école avec un père instit, j’ai répondu «tout sauf l’enseignement»… Je vois encore Mgr Himmer me dire: «je sais bien… mais tu vois, tu fais partie de ceux que je peux mettre n’importe où et…» J’avais compris.Je me retrouve pion à Saint-Vincent, à Soignies.

Je ne sais pas si j’en étais fâché, mais au premier repas des externes que je dois surveiller, j’entends les gamins muser: mmmh, mmmh… La colère me prend. Je fracasse ma chaise et je les fous tous dehors, sous la pluie. Je n’ai plus jamais dû élever la voix auprès d’eux!»

Quelques mois après ce haut fait, il devient titulaire de «syntaxe» (la 4e ). Pour 10 ans.

«Puis, un jour que je suis de passage à Tournai, l’évêque m’appelle, l’air de rien. Il était dans le hall, assis sur un appui de fenêtre, juste à côté d’un pot de géraniums. Et sans la moindre solennité, il m’annonce: «Guy, tu deviens principal…» J’ai fait ça 12 ans.

Je lance alors, – sans prétention, à Soignies, on a été des pionniers-, les humanités sportives. Ça a été un vrai succès, parce que dans notre esprit, l’éducation sportive permettait à des jeunes de traverser l’adolescence sans trop de fracas. Ils obtenaient des résultats dans les autres branches qu’ils n’auraient pas eus sans la pratique physique… C’était bien le but!

Les années passent, et tu sais quoi, au bout d’un moment, ça fait 12 ans que je suis le patron de Saint-Vincent. Je deviens tout-puissant. «Le pouvoir gâte l’homme» je le sais, mais là je le vis… Je veux changer d’air. Je demande à Mgr Huard de me faire curé quelque part.»

Curé-doyen à Saint-Paul, le rêve

Son souhait est exaucé au-delà de ce qu’il imaginait, même s’il est un peu surpris au départ. L’évêque lui confie «Saint-Paul», à Tournai. Guy Agneessens, vivant depuis une vingtaine d’années à Soignies, n’avait pas vu grandir la jeune paroisse tournaisienne. «Saint-Paul, je savais que ça existait, mais pas plus. C’est le vicaire général Debevere qui m’a montré le chemin de l’église, c’est te dire!

Là j’ai été heureux. Vraiment heureux. C’était une paroisse pleine de dynamisme, de ressources. Des plus jeunes aux plus âgés. Tout ce qu’on entreprenait se faisait dans l’enthousiasme. Il y avait de l’initiative, on a fait beaucoup de bonnes choses. Saint-Paul, ça doit être le rêve de tout curé.»

Il cite des noms de famille en pagaille. Sur les pêle-mêle de sa pièce de vie à Esplechin, beaucoup de visages connus à Tournai. Rapidement aussi, il devient doyen de la ville.

«Un beau jour, j’ai eu 65 ans. J’étais convaincu qu’une paroisse comme Saint-Paul devait bénéficier d’un curé dans la force de l’âge. C’est vrai que comme doyen je voulais aussi un peu montrer l’exemple. Je savais que la relève n’était plus autant assurée que par le passé, mais laisser les vieux curés s’encroûter dans leur paroisse, ou les user jusqu’à la corde…, ça n’était pas une solution.»

Le chanoine et le baptiste

Jean Huard l’envoie alors à Jurbise (note: juste à côté de Soignies) comme desservant. Il y reste deux ans, le temps de prendre ses marques… avant de revenir à Tournai comme chanoine au chapitre de la cathédrale. «Je me suis alors installé un temps à la rue du Casino, puis j’ai appris que la cure d’Esplechin allait être libre. C’était une belle bâtisse, avec un grand jardin, au pied de l’église…

Je ne connaissais personne, mais je me suis plu très vite. Je donne un coup de main au curé de Tournai-Ouest, Jean-Claude Carlier, qui se trouve être mon petit-cousin. Je célèbre la messe à Esplechin, Froidmont, Lamain, Marquain. En termes d’enterrements, je fais ce qu’il me demande, mais il n’abuse pas. Il sait que j’ai bientôt 85 ans, hein…

Sinon, je fais encore pas mal de baptêmes, mais ça, c’est parce que comme j’ai du temps, je peux les faire un par un, alors que les curés en activité, eux, ils sont surchargés et doivent les grouper.»

Pour la suite, tout est prévu. «J’ai déjà mon lopin de terre, en face» (la maison donne sur le cimetière…) Cela dit le chanoine émérite n’est pas pressé de rejoindre le très-Haut.

Il reçoit ses amis ici-bas avec plaisir. Il adore converser en patois et ne dédaigne pas un petit juron de satisfaction de temps à autre. Pour compléter ce bien-vivre, il a adopté un régime qui n’est pas sans rappeler celui qu’avait jadis vanté Winston Churchill… «Ne mets pas ça dans le journal, sot !»

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