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Publié par YVAN BALCHOY

 

 

 

« Après le coup d’Etat au Brésil, la poursuite de la persécution judiciaire de Lula est logique »

Les manifestants veulent le départ de Temer. Ils protestent contre les réformes du marché du travail et de la sécurité sociale (ici, à Sao Paulo). (Photo Paulo Pinto/Flickr)Les manifestants veulent le départ de Temer. Ils protestent contre les réformes du marché du travail et de la sécurité sociale (ici, à Sao Paulo). (Photo Paulo Pinto/Flickr)

Brésil

18 Avril 2018

 

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Cathy Dos Santos (L'Humanité)

Depuis le putsch de 2016, la démocratie brésilienne s'est tout à fait dégradée. C'est dans ce contexte que s'inscrit la condamnation à une peine de prison de l'ex-président progressiste Lula. Le journal L'Humanité a interrogé Maud Chirio, historienne et spécialiste du Brésil, sur la situation dans ce pays. Nous publions ici cette interview.

Le contexte

Luiz Inácio Lula da Silva, l'ancien président progressiste du Brésil, a été arrêté le 7 avril. Lors de sa présidence, il avait lancé de vastes programmes sociaux qui, entre autres, rendaient l'enseignement supérieur plus accessible, amélioraient le logement des Brésiliens les plus pauvres, procuraient des vaccins à des dizaines de millions de personnes et ont permis au Brésil de traverser la crise du crédit sans grands dégâts.

En octobre prochain, de nouvelles élections présidentielles auront lieu. Lula était en tête dans les sondages. Il est très populaire parmi la classe ouvrière brésilienne. D'autant que, pour l'instant, l'actuel président Temer prend toute une série de mesures qui ont pour but le démantèlement social de la société brésilienne, déjà très inégalitaire. L'establishment ne veut évidemment à aucun prix le retour au pouvoir d'un homme de gauche comme Lula, et il compte donc bien mettre celui-ci hors de combat.

En juillet 2017, Lula était condamné à 9 ans et demi de prison pour corruption. Il aurait accepté un pot-de-vin sous la forme d'un appartement, afin de favoriser une entreprise de construction dans des contrats avec la compagnie pétrolière Petrobras. En janvier dernier, trois juges confirmaient unanimement la condamnation en appel et la portaient même à douze ans. Pourtant, cette condamnation ne reposait que sur une seule déclaration de témoin, elle était décidée sans le procureur, et exprimée par un juge lié au président Temer (qui est lui-même soupçonné dans des affaires de corruption bien plus graves).

Le 26 mars, les contre-arguments de Lula étaient rejetés par la même cour d'appel. Quelques jours plus tard, il devait se rendre à la prison. Immédiatement, des protestations de soutien massives éclataient. Lula lui-même a utilisé toutes les possibilités d'appel.

Lula est devenu encore plus populaire que par le passé. Le procès montre en effet des manquements et manipulations évidentes, et la hâte avec laquelle on a condamné Lula contraste étonnamment avec la lenteur avec laquelle les juges traitent les procès en cours contre plusieurs parlementaires des partis de droite.

L'actuel président Temer est lui aussi impliqué dans des affaires de corruption, mais il parvient à chaque fois à s'en tirer. Au Brésil, la corruption du système est un très ancien fléau, et même la justice n'en est pas exempte. En août 2016, le présidente de l'époque, Dilma Rousseff, était destituée via une manœuvre parlementaire, sur base de prétendus scandales de corruption pour lesquels il n'y a jamais eu de preuve. Depuis lors, le président Temer est au pouvoir. Il n'a jamais été élu à cette présidence et sa popularité oscille entre 3 et 6 %. Mais cela importe peu à l'élite politique et économique brésilienne, tant qu'il y a moyen de conclure de lucratifs contrats de plusieurs milliards avec l'industrie...

Le 4 avril, le Tribunal suprême de justice a rejeté, par six voix contre cinq, l’habeas corpus présenté par la défense de l’ex-président de gauche, Lula Da Silva, afin de rester en liberté tant que tous les recours n’ont été épuisés. Comment interprétez-vous cette décision ?

Maud Chirio. Ce vote est sans grande surprise. Depuis longtemps, la perspective de laisser Lula jouer un rôle sur la scène politique était inacceptable pour une partie des acteurs politiques brésiliens, y compris pour le pouvoir judicaire.

 

Vous pourrez lire la suite de cet article à l'adresse suivante :

http://solidaire.org/articles/apres-le-coup-d-etat-au-bresil-la-poursuite-de-la-persecution-judiciaire-de-lula-est

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