LA LIBERTE DANS L'OEUVRE DE DOSTOÏEVSKI : ÊTRE LIBRE, CE N'EST PAS CHOISIR A TOUT VENT, C'EST ÊTRE SOI-MÊME. (400)
Depuis le départ de Jésus, qui reste pourtant le « Vivant » par excellence, l’Eglise est le lieu où souffle d’une façon privilégiée l’esprit de la vraie liberté. Ses membres sont liés organiquement par l’image du Christ à laquelle la Foi les a greffés.
Ils forment tous ensemble le peuple de Dieu dont la mission est d’incarner pour le temps présent le Salut du Christ.
C’est donc un devoir pour tout chrétien de rechercher une libération toujours plus authentique et effective de l’homme dans tous les domaines de la vie individuelle et sociale.
Il doit éviter par-dessus tout de succomber à la fascinante et fallacieuse tentation de l’efficience à tout prix, surtout au détriment de la liberté.
Qu’il se contente de présenter l’image du Christ en sa pureté originelle ; elle les sauvera aujourd’hui comme hier et demain, car, toujours agissante et vivante, elle ne cesse de révéler aux hommes qu’ils n’ont rien d’autre à devenir par eux-mêmes que ce que Dieu leur a donné d’être et qui explique l’aspect le plus profond ainsi que le plus vrai de leur nature transfigurée par le Christ.
En fin de compte, l’actualité de Dostoïevski est liée au caractère prophétique de ses idées qui ont devancé son époque et trouvent aujourd’hui leur pleine application.
Il nous semble intéressant de confronter sa pensée à certaines idéologies actuelles dont il a connu les premiers développements.
Partant de principes « à priori » ou de l’analyse d’une société sociale donnée, Feuerbach puis Marx et Engels ont rejeté le Christianisme et même tout fait religieux comme tels, y voyant une aliénation mutilatrice>.
Les marxistes dans leur grande majorité persévèrent dans ce refus résolu de la conception chrétienne du monde.
Le Christianisme, religion de l’au-delà, ne peut selon eux que détourner les hommes des vrais problèmes qui sont terrestres et matériels.
Ils ne nient pas que la prédication évangélique a été longtemps considérée par des millions de fidèles comme le sommet de la morale humaine.
Ils reconnaissent même « qu’il existe encore des contingents assez importants de croyants qui lient leur lutte pour la paix, la liberté et la démocratie aux aspirations évangéliques. » (1)
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(1)J. Lenzman : l’origine du Christianisme, édition des langues étrangères, Moscou s.d. page 234-235.
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Mais ajoutent ces mêmes marxistes, combien de chrétiens n’ont pas hésité à proposer une religion de miséricorde et d’amour du prochain par le fer et par le feu. (2)
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I Kryvelev : Du sens des évangiles, édition des langues étrangères, Moscou page 126
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