LA LIBERTE DANS L'OEUVRE DE DOSTOÏEVSKI : ÊTRE LIBRE, CE N'EST PAS CHOISIR A TOUT VENT, C'EST ÊTRE SOI-MÊME. (373)
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Et Vladimir Szylkarsky continue en citant tout particulièrement parmi les éléments qui ont influencé le romancier, « l’application faite par Soloviev du récit des trois « tentations » du Christ à l’œuvre historique de l’Eglise romaine » lors d’une des dernières conférences théandriques.
Cette application métaphorique, continue-t-il, est le fait de deux amis, mais le plus jeune l’a tirée avant le plus âgé et c’est pourquoi on ne peut faire de Dostoïevski le maître de Soloviev.
C’est même le contraire qui est vrai, pense Szylkarsky.
Je ne suis pas de cet avis, je l’ai déjà dit lors de l’analyse de la « Légende ». (1)
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(1) CF. cette étude page …
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Szylkarsky néglige au minimum certains textes anciens de l’écrivain qui démontrent qu’il avait déjà relié la « tentation » à l’histoire du Christianisme occidental.
Est-ce dire que Fédor Mikhaïlovitch ne doit rien à son ami. Sûrement pas, mais pourquoi vouloir à tout prix envisager leurs relations sous le signe d’une dépendance unilatérale ?
Vladimir Soloviev se plaisait à s’intituler le disciple de Dostoïevski.
C’est peut-être un effet de sa modestie, mais de là à faire du jeune homme le maître, il y a un pas que je me refuse à franchir
. L’amitié qui a uni les deux hommes, comme toute vraie amitié, est née d’un apport réciproque. D’une façon générale, on peut sans doute attribuer au romancier un certain nombre d’intuitions générales, souvent répétées en ses œuvres, une certaine vision globale du Christianisme ressentie plutôt qu’expliquée, tandis que Vladimir Soloviev lui a fourni un cadre conceptuel, qui lui a permis de mettre un peu d’ordre dans la fermentation d’idées où il se débattait depuis si longtemps.
Il est très difficile de préciser dans le détail ce qui revient à l’un et à l’autre
. Notre étude de la « Légende » en fait foi.
On peut attribuer aux idées de Vladimir Soloviev certaines pages des « Frères Karamazov » concernant l’eschatologie sociale et la relation entre l’Eglise et l’Etat.
Mais il ne faudrait pas pourtant pas oublier que tous deux ont des admirations communes qui les ont, sans doute, influencé ensemble : les auteurs slavophiles, en particulier Yvan Kireeevesky dont la « Philosophie de l’histoire » les a marqués profondément.
Inutile de vouloir départager maître et disciple.
Laissons Vladimir Soloviev et Fédor Mikhaïlovitch à leur vraie et solide amitié qu’ils ont construit ensemble en u mettant le meilleur d’eux-mêmes, dans une admiration partagée de leurs richesses personnelles.