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Publié par YVAN BALCHOY

LA LIBERTE DANS L'OEUVRE DE DOSTOÏEVSKI : ÊTRE LIBRE, CE N'EST PAS CHOISIR A TOUT VENT, C'EST ÊTRE SOI-MÊME. (367)

Fédor Mikhaïlovitch est dans cette perspective resté paralysé entre le refus de la réalité environnement et l’idéalisation « slavophile » de l’autocratie russe et des relation existant en Russie entre le peuple et le tsar, les moujiks et les seigneurs terriens.

Douloureusement impressionné par contre par la solitude de l’intelligentsia aux idées progressistes au bagne, le romancier se serait convaincu que le peuple haïssait l’athéisme et l’esprit rebelle des aristocraties occidentalistes et aurait pensé que, pour se rapprocher du peuple, il fallait renoncer aux « orgueilleuses idées avancées, contraires à la psychologie du peuple russe ».

Il aurait dès lors tenté de résoudre au plan mystique le problème social en projetant l’harmonie correspondante future dans un autre monde.

Telle fut, selon Ermilov, l’origine de sa propagande slavophile de « la voie spécifique » de la Russie, qui donne au monde l’exemple de la résignation chrétienne et qui la sauvera des horreurs du capitalisme occidental

Vis-à-vis de ce dernier, la position de l’écrivain était différente d’ailleurs de celle des marxistes. (1)

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(1) Dans ses poèmes sur la liberté, Nekrassov disait à propos de l’abolition du servage : « Je sais que les filets du servage ont été remplacés par bien d’autres. Mais, pour les briser, il faut moins d’efforts. Muse ! Salue avec espoir la liberté ! »

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Dostoïevski semble avoir été par contre incapable de telles nuances et il n’a vu dans le capitalisme naissant qu’une nouvelle incarnation des forces du mal qui cherchait une fois de plus à asservir la Russie éternelle et chrétienne.

En bref, pour certains critiques soviétiques, il apparaît comme celui qui a peut-être analysé le plus impitoyablement la société ancienne, mais en même temps comme un utopiste contaminé par son subjectivisme congénital et ses attirances concernant les doctrines slavophiles.

Pour toutes ces raisons, beaucoup de marxistes reprochent à leurs adversaires de ne retenir du grand écrivain russe que ses aspects « réactionnaires ».

Il est évident que K. Leontiev, entre autres, a davantage noté le conservatisme de Fédor Mikhaïlovitch.

Ainsi le même Léontiev semble tout heureux de trouver dans ‘l’Adolescent » une certaine apologie de l’aristocratie, en oubliant les nombreuses critiques de cette même classe qui fourmillent dans le roman. (2)

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(2 CF. V. Ermilov, ouvrage cité, page 16

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Mais la légende du Dostoïevski socialiste et athée est aussi insoutenable que celle de l’écrivain conservateur et bourgeois.

Si on se fie à ses propres dires, en particulier dans le dernier numéro du « Journal d’un écrivain, .Il aurait même aimé à la fin de sa vie être incorporé au sein des socialistes chrétiens. (3)

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(3) « Journal d’un écrivain, éd. Russe, tome III, janvier 1881, page 585

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