LA LIBERTE DANS L'OEUVRE DE DOSTOÏEVSKI : ÊTRE LIBRE, CE N'EST PAS CHOISIR A TOUT VENT, C'EST ÊTRE SOI-MÊME. (362)
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Il peut être séduisant pour le théologien de réserver la parfait amour désintéressé aux croyants, par exemple
. En revanche la rencontre d’un athée gratuit dans son dévouement nous oblige à réviser ce manichéisme absurde.
Tout dépend en fait de la vision qu’on se fait de la Morale.
S’il s’agit d’étiqueter chaque action humaine sous la rubrique du licite ou du défendu, les romans de Dostoïevski sont plus que déconcertants.
Une morale soucieuse de scruter les reins et les cœurs en fonction de l’Amour qui « résulte les lois et les prophètes » sera nécessairement moins rigide et plus respectueux d’une pluralité de cheminements éthiques
. L’œuvre de Fédor Mikhaïlovitch est très riche en cette perspective plus proche des réalités vécues (1)
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(1) Voilà pourquoi je ne me sens pas tout à fait d’accord avec l’idée de Karl Barth qui écrit qu’on peut trouver une éthique chrétienne plus ou moins heureuse dans les œuvres romanesques, mais de nature non théologique parce que non scientifique. (Dogmatique, tome 9, page 35)
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L’essence même de la théologie n’est pas d’abord la systématisation, si importante soit-elle, mais la relation à Dieu qui peut être le sujet essentiel d’un roman.
Une autre objection, plus fondée, est souvent adressée à l’encontre des idées de notre auteur : le désaccord flagrant entre l’homme et les convictions développées en son œuvre.
On a peine à imaginer que le Dostoïevski, prophète de la fraternité universelle des peuples, du primat de l’amour et de l’humilité soit le même que le nationaliste exacerbé du « Journal d’un écrivain ».
En présence de cette inquiétante dualité, on ne peut éviter de se demander où se situe le vrai Dostoïevski ?
Au plan de l’expression, il ne fait aucun doute que l’écrivain n’avait rien d’un homme modéré ; polémiste fougueux et agressif, il ne se contente pas d’égratigne au passage ses adversaires, il les ridiculise, les salit souvent même injustement.
Son attitude réactionnaire vis-à-vis de la Pologne choque les mieux disposés tant il y apparaît aveuglé par une passion chauviniste. « La vieille Pologne jamais ne sera plus, parce qu’elle ne peut pas proposer son idéal propre à la place de celui de la Russie dans le monde slave. (2)
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(2) « Journal d’un écrivain », oct. 1877, page 390-391 -----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------