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Publié par YVAN BALCHOY

LA LIBERTE DANS L'OEUVRE DE DOSTOÏEVSKI : ÊTRE LIBRE, CE N'EST PAS CHOISIR A TOUT VENT, C'EST ÊTRE SOI-MÊME. (360)

Sonia en est la première persuadée : ne s’écrie-t-elle pas à Raskolnikov qui se prosterne devant elle et lui avoue qu’il a défendu son honneur en public : « Que lui avez-vous dit là !??? S’assoir près de moi, un honneur : mais je suis une créature déshonorée » (1)

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(1) « Crime et châtiment », page 379

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Il n’est pas question de se justifier pour elle. Elle est persuadée d’être une grande pécheresse ; elle reconnaît que son genre de vie est un mal et ne cherche aucunement à expliquer sa conduite. En sa simplicité, elle ne voit pas la possibilité de renoncer à ce qu’elle condamne elle-même, ne pouvant se résoudre à abandonner ceux qu’elle nourrit ; malgré tout, elle se refuse à croire que Dieu l’a rejetée. (2)

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(2) « Que serait-elle sans Dieu . Il fait tout"

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. Le grand secret de Sonia réside dans son innocence intérieure.

En dépit des apparences, la vie, la honte n’ont sali que son corps, « sans qu’un goutte de vice n’en soit tombé sur le cœur. » grâce à la providence toute aimante du Père qui sait bien reconnaître les cœurs humbles et purs.

Si Sonia essayait tant soit peu de s’innocenter au plan des principes, tout s’écroulerait aussitôt ; en effet, dès l’instant où elle se mettrait den recherche d’une justification rationnelle ou morale, le principe même de la distinction du bien et du mal serait atteint, elle tomberait alors, selon Romano Guardini, dans le piège diabolique où a succombé Rodion Rakolnikov et d’où Yvan Karamazov tirera sa philosophie de la révolte.

Dostoïevski a-t-il réussi à éviter cette justification théorique qui compromet nettement l’ensemble de la solution qu’il propose au problème moral. A noter aussi le portrait de Sonia ou celui de Makar ne comporte pas la plus petite légitimation de la prostitution ou de l’adultère.

Bien au contraire, le caractère foncièrement immoral de ces deux situations est plus clairement dénoncé, tant le contraste est violent entre la sainteté vécue par tous deux et l’horrible existence que la dureté des hommes ou de l’organisation sociale les oblige à mener.

Dieu suggère le romancier sans approuver ni se faire le complice du mal ne parvient à communiquer son salut à ceux qui, sans jamais désespérer, continuent o compter sur lui malgré une situation irrégulière et pécheresse, au regard de la loi.

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