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Publié par YVAN BALCHOY

Au Cabaret Vert, cinq heures du soir

Depuis huit jours, j’avais déchiré mes bottines

Aux cailloux des chemins. J’entrais à Charleroi.

- Au Cabaret-Vert : je demandai des tartines

De beurre et du jambon qui fût à moitié froid.

Bienheureux, j’allongeai les jambes sous la table

Verte : je contemplai les sujets très naïfs

De la tapisserie.

- Et ce fut adorable,

Quand la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs,

- Celle-là, ce n’est pas un baiser qui l’épeure !

- Rieuse, m’apporta des tartines de beurre,

Du jambon tiède, dans un plat colorié,

Du jambon rose et blanc parfumé d’une gousse

D’ail, - et m’emplit la chope immense, avec sa mousse

Que dorait un rayon de soleil arriéré.

Arthur Rimbaud,

de Douai http://www.poetica.fr/poeme-136/arthur-rimbaud-au-cabaret-vert/

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