LA LIBERTE DANS L'OEUVRE DE DOSTOÏEVSKI : ÊTRE LIBRE, CE N'EST PAS CHOISIR A TOUT VENT, C'EST ÊTRE SOI-MÊME. (348)
L’Eglise ne disposant pas actuellement de pouvoir judiciaire ne peut faire siennes les décisions de la justice terrestre. Etant seule, en effet, à posséder la Vérité, elle ne peut se compromettre ni s’allier à aucune autre justice sous peine de trahir sa nature comme en Occident. (1)
- »Les Frères Karamazov », page 67
Aussi n’excommunie-t-elle pas le criminel ; mais bien plus elle l’entoure de son édification paternelle, elle s’efforce de conserver avec lui toutes les relations de chrétien à l’Eglise. (2)
- « Les Frères Karamazov », page 68
Le jour plus ou moins lointain, voire même transhistorique où l’Etat se transformera d’association presque païenne en Eglise unique, universelle et régnante, la justice humaine disparaîtra, rendue inutile car l’excommunication deviendra alors l’exclusion de la communauté humaine à tous les plans, situation à ce point intolérable, pense l’écrivain, que le criminel s’imposera lui-même son châtiment, l’exigera même pour se faire réadmettre dans la société humaine.
La communauté eschatologique, toute sacralisée se caractérisera par un haut niveau généralisé de liberté, bien que les défections y demeureront encore concrètement possibles. (3)
(3)Observation qui semble situer cet état dans une ambiance plus ou moins temporelle. CF. cette étude, page … Il faudrait rapprocher ces conceptions eschatologiques de la doctrine dostoïevskienne du « millénium » (CF cette étude, page…) Il est intéressant de comparer la pensée de Fédor Mikhaïlovitch à celle de Soloviev qui sans doute l’a influencé : selon Soloviev, l’intervention du Christ met fin à l’histoire et inaugure un nouveau règne, une nouvelle ère, le MILLENIUM dont parle l’Apocalypse.
Mais la régénération des contrevenants ne sera plus assurée par la coercition mutilatrice ; en effet la protection la plus efficace qui soit, la Loi du Christ qui se manifeste par la voix de la conscience pourra alors remplir pleinement son rôle salvifique.