LA LIBERTE DANS L'OEUVRE DE DOSTOÏEVSKI : ÊTRE LIBRE, CE N'EST PAS CHOISIR A TOUT VENT, C'EST ÊTRE SOI-MÊME. (343)
2) L’EGLISE ET LE ROLE QUE PEUVENT Y JOUER LES PEINES SPIRITUELLES
L’Eglise, peuple de Dieu, « Milieu » où vit l’image du Christ dans le temps présent a une tâche exemplaire radicalement différente de celle de l’Etat.
Sa mission, analogue à celle du Sauveur est de réaliser le plan divin sur l’humanité, mais dans le temps présent, elle n’a de compétence directe, pensait Dostoïevski, que sur le spirituel tandis que l’Etat assure, comme on l’a vu, le pouvoir temporel en tenant compte de la suprématie des intérêts religieux.
Ces deux pouvoirs doivent collaborer, chacun à s place et selon sa nature à la même œuvre : rendre efficace pour les hommes de chaque génération l’effet salvifique de la venue sur terre de l’Homme-Dieu, c’est-à-dire la libération plénière de l’homme dans la réalisation de la « Nature » qu’il a reçue de Dieu.
L’Etat a plutôt pour tâche de réaliser les conditions matérielles les plus aptes à cette libération en transformant les institutions pour les rendre plus respectueuses de la dignité de la personne humaine : suppression de l’esclavage, dignité et émancipation de la femme etc…
En revanche c’est positivement et directement que l’Eglise concourt à cette même mission.
Selon qu’il entend par Eglise le corps immaculé du Christ ou les autorités ecclésiastiques il y voit la puissance libératrice par excellence ou bien dans le second cas n’hésite pas à rappeler au clergé son devoir de conduire l’humanité à la vraie liberté. (1)
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(1) CF : Journal d’un écrivain, 18977, page 479 déjà cité en cette étude, page…
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L’Eglise ne doit pas aspirer à d’autres moyens de persuasion que ceux que le Maître lui a légués ; la contagion du bon exemple, l’émulation du bonheur (2), qui garantissent à l’image de Dieu sa pleine efficacité.
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(2) Khomiakov n’était pas moins exigent sur le chapitre de la tolérance ; « La foi qui connaît sa force est tolérante et douce. Elle sait qu’elle triomphe sur le bûcher du martyre et que la guerre sainte est son tombeau Elle ne s’obtient point par les démonstrations et le raisonnement d’autrui. » ( A. Gratieux, ouvrage cité, tome II, page110
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