UNE JOURNEE D'YVAN BALCHOY (REEDITION)
Ce matin, à l'invitation de mes camarades j'ai pris le train à 8h 30 direction Bruxelles midi. Un trajet sans histoire si ce n'est que j'ai récupéré par terre le dernier Métro, quotidien gratuit dont ce soir je ne me rappelle pour ainsi dire rien ce qui n'est pas bon signe pour cette feuille de chou ou pour moi.
Au métro Lemonnier, je retroue N... et un couple ami originaire d'une petite ville flamande d'où est originaire une grande partie de ma famille. Et nous voici dans le métro baraguinant en franco-flamand de la tâche qui nous attend au marché de Molenbeek, bastion socialiste au sein d'un quartier très immigré, très mullticulturel.
Nous voici déjà arrivés, un camarade à la sortie du métro se promène avec un grand calicot invitant les électeurs à choisir la liste 15 celle qui "préfère les gens et pas le profit".
Notre tâche est un peu différente de ce que je pensais, il s'agit de distribuer des prospectus sur le programme du PTB-PVDA dans quelques rues voisines.
On nous donne deux types de prospectus un à 4 pages avec photos couleurs qui détaille nos projets et des sortes de cartes de visites qui rappellent seulement le numéro du parti et sa devise générale "Les gens d'abord".
Distribuer des toutes boîtes me fait une fois de plus penser avec sympathie aux facteurs car je découvre à chaque maison un acceuil sympa ou antipathique rien qu'en s'efforçant de glisser une feille dans sa boîte.
Certaines sont franches et facilement ouvertes, elles acceuillent sans problème mon papier. Mais pour d'autres, OUILLE ! Mon doigt est violemment pincé par un ressort puissant et j'ai toutes les peines du monde à le retirer pour introduire mon document qui se chiffonne.
Dans d'autres boîtes l'ouverture à 10 cm du sol doit peser lourd pour les reins du facteur chaque jour et je comprend les efforts de l'administration pour réglementer la hauteur et le type d'ouverture des boîtes.
Je découvre vite que je n'aurai pas assez de documents pour le nombre de boîtes aux lettres souvent mulltiples en chaque maison. En même temps je rencontre pas mal de piétons faisant leur courses ou revenant chargés du marché et je me dis "Les gens d'abord, les boîte ensuite".
Je crois que c'est une bonne démarche car je découvre que personne ne refuse mon prospectus, que le niveau de "pénétration" ou de "compréhension" du mot "PTB" ou "Médecine pour le peuple" ou "Médecine gratuite" est très élevé dans la population locale.
Un jeune africain me retient quelques minutes en me posant des questions intéressantes ou pour lui "gênante". Pourquoi voter PTB, me dit-il, beaucoup me disent que c'est un vote "extrémiste".
J'essaye alors de lui expliquer que ça ne me dérange nullement d'être taxé d'extrémiste lorsqu'il s'agit de valeurs comme la solidarité, le refus du racisme, la solidarité avec les travailleurs en juste grève. Je lui rappelle que "moyen" signifie souvent "médiocre" et qu'être un moyen antiraciste, c'est bien une manière de l'être.
Nous dépassons ensuite les dimensions du quartier pour parler de la justice entre les nations du nord et du sud et qu'au-delà des mots ronflants nos gouvernements retirent bien plus d'avantages de l'exploitation des pays du Tiers-monde et de leurs dette que des petits budget d'aide et de coopération qui sont souvent plus un alibi qu'une aide réelle et efficace.
Au terme de notre entretien, il semble acquis au programme du parti et je lui fais remarquer que je vois bien plus en lui qu'un électeur de notre parti, mais plutôt un potentiel membre du Comac, notre organisation pour jeunes où me semble-t-il il pourrait avoir sa place.
Un peu plus loin un monsieur d'un certain âge me dit qu'il n'est pas de Molenbeek mais qu'il a ici une nombreuse famille qu'il va visiter. Je lui propose alors quatre encarts à remettre à ses parents et le voilà reparti devenu en quelque sorte militant occasionnel pour notre parti.
Midi, nous n'avons plus de prospectus et nous regagnons le métro et nos occupations propres.
La suite de ma journée est aussi joyeuse. Je m'en vais chez une amie devenue presque subitement aveugle il y a trois ou quatre ans. Ce fut une épreuve terrible pour elle; heureusement quelques amis se sont unis pour l'aider et adoucir sa solitude.
Depuis quelques mois la mise en vente de son appartement, qu'elle est incapable de racheter, la plongeait dans une angoisse bien compréhensible. Nous la préparions tout doucement à un déménagement pour elle bien pénible.
Or, une de ses amies, ayant appris son infortune a décidé d'y mettre fin en rachetant l'appartement, certes pour mettre de l'argent de côté mais d'abord et surtout pour permettre à cette amie aveugle de rester chez elle. Elle l'a fait sans publicité se contentant de l'avertir quand tout était réglé.
J'avoue qu'une telle générosité exceptionnelle me réconcilie avec le genre humain et fait contrepoid aux tristes signaux que nous renvoie souvent l'actualité.
A deux heures avec son assistance sociale et cette amie nous fêtons ça en buvant joyeusement un "pot" pour célébrer ce non-déménagement si heureux.
Puis je retourne reprendre le train de Mouscron, faire mes courses et puis raconter cette belle journée sur mon blog.
J'espère que dimanche notre Parti receuillera le fruit de la générosité et de l'opiniatreté de ses militants qui méritent une présence accrue de conseillers communaux, militants ptb, dans nos conseils communaux ou provinciaux.
Yvan Balchoy - 2006