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Publié par BALCHOY

Ce jeudi cinq avril 2007, je suis à Simonis dans le bus 87 direction Basilix, il fait un peu frais mais le soleil brille généreusement. A une quinzaine de mètres à travers les vitres du véhicules les mimiques comiques d'un "noir" assis au bord de la piscine centrale de la place retiennent mon attention; il est heureux, manifestement un peu trop et pas tout seul car il ressort régulièrement de l'eau fraîche une bouteille apéritive et il s'en sert de longues rasades en exprimant son contentement un peu orgiaque avec de grands gestes en direction des passants et du bus qui le contemplent tantôt amusés, tantôt consternés ou désapprobateurs.  A côté de lui, un vieux sdf profite lui aussi paisiblement de la fontaine et du soleil. C'est bien le printemps et j'envie quelque peu sa joie de vivre.
 Arrive une voiture de police avec deux flics à bord. Le jeune homme sans cesser ses ablutions les salue de loin gentillement. Prennent-ils ces "familiarités" pour un manque d'égard ?  En tout cas avec leur voiture ils montent  dans l'herbe et s'approchent du jeune homme de couleur et de son voisin sdf manifestement pas pour les féliciter. Le jeune homme semble tout heureux de la rencontre et tend la main aux deux membres de l'ordre qui écartent leur main au maximum pour bien montrer leur mépris. Je me demande si le jeune manifestement ivre va être retenu, nenni, après une brève conversation, non plutôt admonestation où il tente manifestement une approche de séduction, il lui est fermement imposé de quitter le lieux ce qu'il fait non sans à nouveau tendre les mains pour dire au-revoir aux policiet qui d'un air encore plus dégoûté qu'avant rejettent avec mépris son invitation. Ils s'en prennent alors au sdf  qui manifestement n'est pas d'accord , leur explique qu'il ne dérange personne.Mais rien à faire avec ces fanatiques de l'ordre, fût-il absurde. Il lui faut bien quitter les lieux non sans des gestes qui expriment clairement le dégoût que lui inspire à lui aussi l'attitude des deux policiers.
Le temps de le regarder regagner le trottoir et le jeune noir fait irruption dans le bus, il s'assied juste derrière moi à côté d'une jeune femme qui se lève manifestement pour l'éviter au maximum. C'est plus fort que moi, je me retourne, je lui tends la main  et lui dis combien je regrette l'attitude méprisante des deux flics. Manifestement ma démarche le touche et il commence à tenir à voix hautes des propos sur les femmes un peu délirants du genre de Dieu m'a donné le pouvoir d'aimer toutes les femmes, elles comptent beaucoup dans ma vie mais je les respect énormément. Puis il parle des bijoutiers de l'avenue Louise qu'il semlble connaître assez bien. A travers ces propos qui fusent dans tous les sens, je découvre en lui une réelle culture livresque, sociale et politique bien entendue noyée elle aussi dans l'alcool. A jeun ce serait serait sûrement passionnant de discuter avec ce jeune homme ; mais pour l'instant parmi les passagers du bus, même si quelques uns sont plutôt hilares ou légèrement sympathisants, la majorité est contre et à mon avis désapprouvre ma poignée de main.  Quand j'arrive à destination, je me lève et tente de m'éclipser discrètement mais lui d'une voix forte et chaude me salue une dernière fois "Au revoir, mon frère, sois et heureux et à bientôt peut-être."
 En continuant ma route, je savoure cette fraternité un peu anarchique mais si joyeuse et je repense aux forces de l'ordre qui, une fois de plus dans leur attitude face aux deux marginaux, prouvent le divorce important qu'il y a entre la société des petits des sans grades et un corps de l'état qui a perdu de vue sa mission de défenseur  et protecteur des faibles étant devenu le plus souvent une sorte de milice privée pour les riches et puissants de ce pays.



Yvan Balchoy
yvanbalchoy13@gmail.com

http://poete-action.ultim-blog.com

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